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Célébrer le Temps Pascal #6
Dimanche 22 mai 2022 – 6ème clé autour de l'Apocalypse
Christ est ressuscité ! Alléluia ! Vivons la joie du Temps Pascal !
Nous vous donnons rendez-vous dans notre newsletter hebdomadaire du dimanche pour vivre le temps pascal autour de sept clés de lecture du Livre de l'Apocalypse.
Dimanche 22 mai 2022
6ÈME DIMANCHE DE PÂQUES
5ème JOURNÉE DE SOLIDARITÉ AVEC LES CHRÉTIENS D'ORIENT
BÉATIFICATION DE PAULINE JARICOT
CLÉ N°6 : La clé de la bibliothèque
L’Apocalypse est un tissu d’emprunts aux autres livres de la Bible, un peu comme ces sites internet
remplis de « liens hypertexte ». Vous cliquez sur un mot et une fenêtre s’ouvre vers un ailleurs.
Ces liens sont discrets mais très nombreux : il y en a plus de 800 ! Cela fait de l’Apocalypse le livre du
Nouveau Testament le plus relié à l’Ancien, comme si, pour exprimer la nouveauté du mystère chrétien,
rien ne valait le vieux vocabulaire de l’histoire d’Israël.
L’auteur se place dans la lignée des prophètes, en particulier Ézékiel. Comme lui, il relate une vision
inaugurale au cours de laquelle il reçoit sa mission. L’ordre de manger un livre, comme pour s’approprier
le message (Ap 10, 9-11) est inspiré d’une scène identique (Ez 2, 8). Mais ici, le livre n’est pas seulement
doux comme le miel, il est aussi amer comme le fiel ! La vision des quatre « vivants » (Ap 4, 6-8) est
directement inspirée de la vision inaugurale du char divin (Ez 1, 4-28). Quant à la vision finale de la
Jérusalem céleste (Ap 21), elle fait penser aux derniers chapitres d’Ézéckiel (Ez 40-48) où est décrit
avec précision le nouveau Temple. Mais la nouvelle Jérusalem, elle, n’a plus besoin de temple.
L’Agneau lui suffit !
D’autres livres sont aussi à l’honneur. Jésus est le mystérieux « fils d’homme » annoncé par Daniel (Dn 7, 13)
et le transpercé entrevu par Zacharie (Za 12, 10). Sa bouche est une épée tranchante comme celle du
serviteur de Dieu évoqué par Isaïe (Is 49, 2)…
L’Apocalypse évoque même des textes de l’Ancien Testament… qui n’y sont pas ! Ainsi, le peuple de sauvés
entonne un cantique que l’auteur attribue à Moïse (Ap 15, 3) mais qu’on aurait bien du mal à trouver dans
la Bible.
Loin de nous entrainer dans un futur de science-fiction, l’Apocalypse est une invitation à enraciner notre foi
dans les promesses de Dieu telles que les ont transmises nos aînés dans la foi. Et si croire, c’était relire ?
[ Prochaine clé : la clé du tabernacle ]
Abbé Olivier BOURION
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Illustration proposée par le père Pierre-Jean Duménil
Rosace Sud - transept nord, Cathédrale de Chartres, 1230.
« Des nains sur des épaules de géants »
Le livre de l’Apocalypse consacre l’union, l’unité et de l’Ancien Testament et du Nouveau…
Les théologiens du Moyen-âge ont mis en image cette réalité de foi. Ainsi on trouve à Chartres,
à Notre Dame de Paris des vitraux représentant quatre prophètes portant sur leurs épaules quatre
évangélistes. Le parallèle est ainsi établi, mais il se fait au profit des évangélistes, qui s'appuient
sur les prophètes pour voir plus loin qu'eux. Et pour représenter cette unité des deux Testaments,
ils s’appuient sur une réflexion de Bernard de Chartres, maître du XII° qui utilise cette parole :
« Des nains sur des épaules de géants » pour montrer l'importance pour toute personne ayant
une ambition intellectuelle (les « nains ») de s'appuyer sur les travaux des grands penseurs du
passé (les « géants »).
Lancettes au-dessous de la rosace Sud - transept nord, Cathédrale de Chartres, 1230.
Les théologiens-verriers ont lu Bertrand de Chartres :
« Nous sommes comparables à des nains juchés sur des épaules de
géants. Nous voyons plus de choses qu’ils n’en n’ont vu et nous
voyons plus loin qu’eux. »
Et à partir de là, ils construisent le vitrail en appliquant cet adage qui
rend manifeste l’accomplissement de l’Ancien au cœur du Nouveau
Testament. Tous les regards des « géants » et des « nains » sont tous
tournés vers Marie tenant Jésus dans les bras.
Ainsi les évangélistes portés par les prophètes de l’Ancien Testament
peuvent reconnaître le mystère du Christ que ces derniers ont annoncé
de manière voilée, mystère accompli dans l’Incarnation que figure
la Vierge à l’enfant au milieu d’eux. Tous géants ou nains ont le regard
tourné vers Celle qui porte dans ses bras la Promesse de Dieu !
« C’est pourquoi le Seigneur lui-même
vous donnera un signe :
Voici que la vierge est enceinte,
elle enfantera un fils,
qu’elle appellera Emmanuel
(c’est-à-dire : Dieu-avec-nous). »
Isaïe 7,14
« Un rameau sortira
de la souche de Jessé, père de David,
un rejeton jaillira de ses racines. »
Isaïe 11,1
L'« attelage » d’un prophète et d’un évangéliste
n’est pas non plus complètement laissé au hasard.
- Relecture biblique
- Luc est juché sur les épaules de Jérémie
Luc 22,20 : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang répandu pour vous. »
Jérémie 31,31 : « Voici venir des jours – oracle du Seigneur –, où je conclurai
avec la maison d’Israël et avec la maison de Juda une alliance nouvelle. »
- Matthieu juché sur les épaules d’Isaïe
Matthieu 1,22-23 / Isaïe 7,14 : « Tout cela est arrivé pour que soit accomplie la parole
du Seigneur prononcée par le prophète : Voici que la Vierge concevra, et elle enfantera
un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous »
- Jean juché sur les épaules d’Ezéchiel
Apocalypse de Jean 4,6-8 : vision similaire à Ezéchiel 1, 5-10
« Au milieu, autour du Trône,
quatre Vivants… .
Le premier Vivant
ressemble à un lion,
le deuxième Vivant
ressemble à un jeune taureau,
le troisième Vivant
a comme un visage d’homme,
le quatrième Vivant
ressemble à un aigle en plein vol. »
- Marc juché sur Daniel
Daniel 7,13-14 : « Je regardais, et je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme
un Fils d’homme. »
Marc 13,24-26 : « Alors on verra le Fils de l’homme venir dans les nuées avec grande
puissance et avec gloire. »
- Relecture liturgique, lors des offices des Heures à Chartres
- À Noël, on lisait Isaïe 11 et Mathieu 1
- À Pâques, on lisait Ezéchiel 37 et Jean 20
- À la Pentecôte, on lisait Jérémie 31 et Actes 2
- Aux célébrations de la Passion du Christ, on lisait Daniel 7 et Marc 14
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Abbé Pierre Jean Duménil