Éditos et homélies de Mgr Gourdon

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« L’heure est venue de sortir de votre sommeil », nous disait Saint Paul dans la 2e lecture. Il n'est pas trop tard cependant, car le Seigneur nous offre toujours une nouvelle chance. Mais il est temps malgré tout, avec l'Avent qui commence, de sortir du sommeil dans lequel nous plonge une certaine bonne conscience. Nous ne pouvons pas porter toutes les misères du monde ; nous ne pouvons pas venir en aide à toute personne en situation de détresse ; mais nous pouvons sortir de nos replis sur nous-mêmes, pour être un peu plus attentifs aux autres, spécialement ceux et celles avec qui nous vivons ou que nous côtoyons plus fréquemment. Nous pouvons être plus attentifs à la Parole de Dieu pour mieux l'accueillir à Noël en Jésus, la Parole incarnée, le Verbe fait chair.

Car l'Avent nous prépare à la venue du Seigneur. L’Avent nous prépare à fêter et à célébrer l'incarnation du Fils de Dieu. Dieu a choisi de devenir l'un de nous pour nous entraîner dans sa vie, dans son amour. Se préparer à fêter Noël, ce n'est pas simplement préparer un anniversaire, pour souffler des bougies disposées sur une bûche glacée. Se préparer à fêter Noël, c'est réaliser à quel point nous sommes aimés de Dieu, à quel point nous avons du prix à ses yeux. Se préparer à fêter Noël, c'est se tenir prêt pour aimer avec le meilleur de nousmêmes, avec l'humilité nécessaire, sans attendre forcément de retour. Il nous faudra faire attention, durant les préparatifs, à ne pas tomber dans les pièges habituels du surmenage et de la surconsommation qui nous éloigne de ce qui est vraiment essentiel.

L'Avent est aussi un temps de veille, un temps où nous sommes invités à laisser l'Esprit-Saint renouveler en nous l'espérance. Car le Seigneur vient nous visiter. Veillez, c'est guetter la lueur du jour qui se lève ; c'est se mettre à l'écoute du silence, car c'est là que Dieu parle au coeur. Il faut prendre les moyens de faire taire les bruits inutiles et envahissants, pour entendre et reconnaître le chant de l'amour que Dieu veut faire résonner à nos oreilles. Veillez, c'est se tenir sur ses gardes, être disponible pour une rencontre. « Tenez-vous donc prêts », disait Jésus.

Tiens-toi prêt ; oui, tiens-toi prêt, parce que le Seigneur nous rejoint souvent de manière inattendue. Le Messie était attendu au palais du roi ou au temple de Jérusalem, mais il est venu naître dans une étable. Pour l'accueillir et le reconnaître, nous avons des choses à faire, c'est vrai, mais nous avons d'abord à vérifier dans quel esprit nous vivons. Dans quel esprit vivons-nous les préparatifs de Noël ? Dans quel esprit sommes-nous vraiment attentifs aux autres ? Dans quel esprit rendons-nous service et quel temps consacrons-nous à lire l'Évangile du jour, par exemple, pour nous aider à ne pas perdre de vue le but de nos actions et le but de nos vies ? Alors, nous fatiguons moins, sans doute, parce que nous nous reposons mieux sur Dieu, nous prenons mieux appui sur lui, pour avancer et agir.

C’est bien, également, l’enjeu de notre chantier diocésain ! Je souhaite que nous envisagions autrement notre vie ecclésiale, pour moins fatiguer et pour mieux appréhender les défis qui se présentent à nous : défis de la proximité, défis de l’accueil des multiples demandes qui nous sont faites, défis de notre présence chrétienne dans le paysage social de nos quartiers et de nos villages. Ce n’est pas d’abord l’avenir de notre Église, de notre diocèse ou de nos paroisses qui me préoccupe ; mais c’est l’avenir de l’annonce de l’Évangile, l’avenir du témoignage rendu à la présence et à l’action de Dieu dans nos vies et dans notre monde, spécialement auprès des laissés pour-compte et des souffrants.

Il y a urgence à sortir de nos habitudes ou de nos fatigues. Avec la grâce de Dieu, nous pourrons nous approcher de la crèche, le moment venu. Nous pourrons reconnaître le Christ dans les personnes que nous rencontrons. Nous pourrons aimer comme le Christ aime ceux et celles avec qui la  fraternité n'est pas toujours facile. Nous pourrons chanter le « Gloria des Anges », car le Seigneur veut la paix pour chacun de nous et pour tous les hommes. 

« Paix sur toi ! (…) Paix à ceux qui t’aiment ! Que la paix règne dans tes murs ! » chantait le psaume. Là encore, le chantier est immense. Combien de régions, dans le monde, sont marquées par les guerres ? La liste est trop longue et les choses semblent empirer de semaine en semaine. Et chez nous, qu’en est-il vraiment ? Un maire, avec ses adjoints, me disait récemment être témoin - parfois victime - de violences verbales ou physiques fréquentes. Il semble ne plus être possible de dialoguer paisiblement ou d’exprimer un désaccord sans s’injurier ou se faire du mal. Les cours d’école, comme les familles, ne sont pas exemptes de ces mêmes constats. Or, la paix, elle commence dans les coeurs ; elle se reçoit dans le silence intérieur où le Seigneur nous rejoint ; là, il est possible d’accueillir d’être aimé tel que l’on est, d’être pardonné lorsque l’on reconnaît ses erreurs, d’être bienveillant et patient envers les autres.

« Tenez-vous donc prêts » à progresser, encore et encore, parce que le Seigneur compte sur nous et son amour nous
presse.

Amen.

+ Mgr François GOURDON,
Évêque de Saint-Dié.

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« Le soleil de justice se lèvera » annonce le prophète Malachie dans la première lecture. Et dans le Credo, nous dirons que le Christ viendra juger les vivants et les morts. Quel juge Dieu est-il donc ? Il ne juge pas à la manière des hommes qui s’attachent beaucoup aux apparences ; il ne juge pas comme les disciples de l’Évangile qui parlent du Temple, en admirant la beauté des pierres et les dons des fidèles. Il ne juge pas en punissant les méchants et en récompensant les bons. Dieu juge en nous ajustant à lui ; il nous donne son Esprit, pour que nos vies soient une réponse d’amour à l’amour qu’il nous donne.

Nous ne sommes pas chrétiens parce que la morale proposée par l’Église nous plaît. Nous ne sommes pas chrétiens à cause des valeurs, même « évangéliques ». Nous sommes chrétiens à cause de notre rencontre et de notre attachement à Jésus- Christ. Benoît XVI l’exprimait ainsi au début de sa première encyclique intitulée Dieu est amour : « Nous avons cru à l’amour de Dieu : c’est ainsi que le chrétien peut exprimer le choix fondamental de sa vie. À l’origine du fait d’être chrétien, il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive »
(n°1).

Nous voulons donc accepter l’alliance d’amour que Dieu nous propose, en Jésus, dans tout ce qui fait notre vie. Nous désirons nous laisser conduire, par l’Esprit-Saint, à la suite du Christ, avec humilité, parce que nous savons bien qu’il est plus facile de parler que d’agir. Nous voulons compter sur la grâce du Seigneur et sur sa miséricorde pour nous remettre en route, sans cesse. Et nous voulons témoigner de ce bonheur de croire en Dieu qui nous redonne toujours une nouvelle chance.

Pourtant, les paroles de Jésus dans l’Évangile sont difficiles à comprendre. Elles peuvent aussi faire peur dans la mesure où il est question de guerres, de soulèvements, de tremblements de terre et de grandes catastrophes de toutes sortes. On croirait entendre les gros titres du journal de 20 heures, certains jours… Et Jésus ne s’arrête pas là ; il va même jusqu’à parler des divisions et des violences qui frappent les relations amicales et familiales… Il parle des persécutions dont sont victimes les chrétiens, ses disciples… Où donc est la paix qu’il nous promet ? Où donc est le bonheur, le salut, qu’il veut pour tous les hommes ?

Mais, dans le même temps, il nous dit trois choses :

1. « Ne soyez pas terrifiés » ;
2. « Cela vous amènera à rendre témoignage » ;
3. « C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie ».

Parce que, dans tous ces troubles extérieurs et intérieurs que nous pouvons connaître, nous sommes invités à nous attacher au Christ, à nous fixer sur lui, à nous appuyer sur sa vie donnée. Le mal se déchaîne pour nous entraîner dans la mort, mais le Créateur - celui qui donne la vie - nous maintient dans l’existence envers et contre tout. La Résurrection de Jésus nous montre que rien ne peut remettre en cause la promesse de vie dont l’amour de Dieu nous a fait bénéficiaires une fois pour toutes.

N’est-ce pas cela qui permet, par exemple, à tant de chrétiens – voire de martyrs d’aujourd’hui – de tenir bon, face aux déchaînements de violence dont ils peuvent être les cibles et les victimes ? N’est-ce pas cela qui permet aux membres des Conférences Saint Vincent de Paul, du Secours Catholique, ou des diverses équipes de Diaconie, ici ou là, par exemple, de continuer leur action alors que, chaque année, le rapport du Secours Catholique parle d’une augmentation de la misère dans notre pays ? N’est-ce pas cela qui nous permet de continuer nos engagements dans l’Église ou dans notre société, même si parfois nous sommes déçus et amers ?

Nous ne pouvons tenir debout, dans la fidélité, qu’en nous appuyant sur le Christ. Il nous donne de pouvoir nous appuyer
sur lui :

• dans sa Parole, transmise par les Saintes Écritures et la Tradition vivante de l’Église ;
• dans son Pain de Vie, son Corps livré, sa vie donnée ;
• dans la fraternité qui nous unit les uns aux autres.

C’est ainsi que nous recevons, de Dieu lui-même, notre persévérance.Nous ne pouvons rendre véritablement témoignage qu’avec l’assurance que c’est lui, Jésus, qui nous inspire les paroles adéquates et les actes qui conviennent. Devant nos faiblesses, nous pouvons, bien sûr, avoir la tentation de baisser les bras, mais ce serait ne vouloir compter que sur nos seules forces. Or le Christ nous dit qu’il nous donnera le langage et la sagesse dont nous avons besoin. Et, si nous y prêtons attention, il nous donne son Esprit pour nous permettre de discerner les signes qui nous indiquent la route.

Oui, c’est le Christ, et lui seul, qui est le maître de l’Histoire ; il nous donne de croire en l’avenir ; il nous fait don de l’Espérance. Amen.

 

+ Mgr François GOURDON
Évêque de Saint-Dié

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Quelle joie de vous entourer tous les trois, Fernando, Hervé et Sébastien, aujourd’hui, alors que vous allez devenir diacres. Vous arrivez au terme d’un cheminement de plusieurs années ; vous l’avez vécu avec vos épouses, Espérance, Patricia et Jasmina, et vous avez été accompagnés par André et Marie-Hélène, par Pierre-Jean, ainsi que par les membres de vos familles, de vos équipes d’accompagnement et ceux qui ont eu à discerner, comme vous, la réponse à donner à cet appel spécifique de l’Église. Il y a donc bien un aboutissement. Mais, en fait, vous le savez bien, il s’agit plutôt d’une étape importante, comme l’ont été – certainement – votre
mariage et les naissances de vos enfants, par exemple ; il s’agit donc d’une étape nouvelle dans votre vie chrétienne et dans votre
responsabilité de disciples-missionnaires.

Dans le même temps, vous allez vivre un point de départ pour ce ministère diaconal que vous allez recevoir par l’imposition de mes mains et la prière consécratoire que je vais prononcer sur vous. Et, comme à tout lancement ou commencement, il nous est bon de jeter un oeil sur la feuille de route. Je vous propose donc de regarder, avec vous, cette feuille de route que vous recevez par la Parole de Dieu elle-même, qui vient d’être proclamée, et par la liturgie que nous célébrons, et que nous recevons de la Tradition de l’Église.

Tout d’abord, le ministère diaconal est né dans l’Église à un moment de crise. La communauté chrétienne s’agrandissait et les Apôtres ne pouvaient plus assumer seuls le service qu’ils avaient à rendre, tant dans la prise en charge de tous les membres, à commencer par les plus fragiles, que dans celle d’annoncer l’Évangile. Ils vont alors faire appel à l’ensemble des disciples pour que soient désignés des hommes qui les aideraient dans le service quotidien, spécialement le ministère des tables.

Léon XIV, dans la première exhortation apostolique de son pontificat, Dilexi Te, parle de cet événement au n°37 ; il écrit : « Malgré leur pauvreté, les premiers chrétiens sont clairement conscients de la nécessité de prendre soin de ceux qui se trouvent davantage dans le besoin. Dès les débuts du christianisme, les Apôtres imposent les mains à sept hommes choisis par la communauté et, dans une certaine mesure, les intègrent à leur ministère en les instituant pour le service (…) des plus pauvres (cf. Ac 6, 1-5) ». Et le pape poursuit en parlant d’un autre diacre, saint Laurent, qui vécut deux siècles plus tard à Rome ; celui-ci, alors qu’il était contraint par les autorités romaines de donner les trésors de l’Église, présenta des pauvres en indiquant : « Ce sont eux les trésors de l’Église » (cf. DT n°38).

Eh bien, si vous êtes ordonnés tous les trois, c’est parce que notre Église diocésaine veut mieux servir les pauvres, pour mieux servir le Christ et son Évangile. Vous n’êtes pas appelés à ce ministère pour remplacer les prêtres ou l’évêque, mais vous êtes appelés à porter la charge du ministère qui leur incombe, particulièrement, et qui incombe à toute l’Église : le souci de ceux et celles qui peuvent être laissés pour compte, dans nos communautés chrétiennes et dans notre société, comme l’étaient les veuves grecques de la 1e lecture des Actes des Apôtres. Parce que, dans les pauvres, c’est le Christ que l’Église veut servir (cf. LG n°8 ; DT n°36).

« Servir ». Voilà un deuxième élément déterminant pour votre ministère. Et ça l’est d’autant plus que le mot « diacre » vient du grec diakonos qui signifie « serviteur ». Vous êtes appelés à servir, Pour une Église servante et pauvre, pour reprendre le titre d’un livre qui inspira le ministère du Pape François, un livre paru en 1963, et signé du futur cardinal Yves CONGAR. Oui, « pour une Église servante et pauvre » ; c’est-à-dire une Église qui se met toujours plus résolument dans les pas de Jésus qui « n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mc 10,45). Une Église qui reste en tenue de service, la ceinture autour des reins et sa lampe allumée, pour être porteuse d’espérance. Une Église qui se tient prête, à travers nous, pour lancer des signes d’espérance, en proximité avec la vie des hommes et des femmes de notre temps. Votre mission de « serviteurs » doit nous entraîner, tous et toutes, à être des signes d’espérance pour les personnes avec qui nous vivons et que nous rencontrons, à commencer par les plus fragiles, les affligés et les isolés.

La tâche qui vous incombe n’est pas simple, et vous aurez tôt fait d’être rattrapés par les besoins urgents que connaît notre Église, car « la moisson est abondante et les ouvriers sont peu nombreux » (Lc 10,2). Vous aurez à vous rappeler où se trouvent les priorités de votre ministère, et nous devrons vous y aider. En permettant à chacun et chacune d’être à sa place, nous permettons aux uns et aux autres d’assumer leurs missions spécifiques, en cohérence avec leurs vocations et leurs charismes propres. Pour vivre cela au mieux, il y a des enseignements à recevoir de ces 40 années de présence de diacres dans notre diocèse des Vosges. Ensemble, avec les frères diacres qui vous reçoivent aujourd’hui dans leur fraternité, en accueillant l’apport spécifique du diaconat, nous aiderons les laïcs à mieux trouver leur place dans la vie et la conduite de nos communautés, et nous aiderons les prêtres à mieux vivre la spécificité de leur ministère pastoral.

Avec nos seules forces, nous savons bien que cela n’est pas possible ! Avec vos seules forces, vous ne pourrez pas rester fidèles dans le service de l’Évangile et de la Charité. Comme chacun et chacune de nous, vous êtes appelés à continuer – sans cesse – à vous en remettre au Seigneur, avec confiance. Avec vous, nous allons prier pour que le Seigneur vous donne, selon vos talents propres, de pouvoir agir avec compétence, de servir avec douceur et d’être fidèles dans la prière.

Sur le chemin, rappelez-vous ce qui vous a mis en route ; faites mémoire de l’initiative de Dieu qui s’est manifestée dans vos vies de multiples façons ; et souvenez-vous de la réponse vous voulez lui donner, avec sa grâce et le meilleur de vous-mêmes. Comme vous, nous sommes appelés à garder cette lampe allumée, constamment, jusqu’au jour où le Seigneur viendra et frappera à la porte. Alors, s’il nous trouve ainsi, il nous fera prendre place à sa table et, la ceinture autour des reins, il passera pour nous servir et, éternellement, il nous donnera part à sa vie.

Amen.

+ Mgr François GOURDON,
Évêque de Saint-Dié

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Nous sommes venus ici pour fêter un anniversaire, celui de l’apparition de l’Archange Saint Michel, accompagné de Sainte Catherine d’Alexandrie et de Sainte Marguerite d’Antioche, à Sainte Jeanne d’Arc, il y a 600 ans. Nous voulons faire mémoire de cet événement qui a bouleversé la vie de cette jeune fille et qui a, par conséquent, marqué un tournant dans l’histoire de notre pays. Car, pendant la Guerre de 100 ans, le peuple de France, était abattu, sans roi, sans projet ; et Jeanne, forte de l’appel reçu et de son désir d’y répondre avec le meilleur d’elle-même, va réveiller le souffle de vie et la flamme d’espérance que Dieu a déposés dans le cœur de chacun.

Comme Jeanne, nous sommes disciples du Christ. Et nous le sommes devenus, parce que Jésus est venu à notre rencontre et que nous avons été saisis par lui. Sa parole nous habite ; elle nous questionne et nous stimule. Parfois même, la Parole de Dieu nous dérange et nous attire des ennuis.
Mais la Parole de Dieu nous anime et nous rend plus forts dans les épreuves, parce que nous savons que l'amour du Seigneur vaut mieux que la vie (cf. Ps 62,4).
À la suite de Jeanne et de Sainte Thérèse de Lisieux, dont nous avons également la joie d’accueillir les reliques, nous sommes des chercheurs de Dieu ; nous avons soif de le rencontrer et de vivre une relation intime avec Lui, pour mieux entendre et comprendre sa volonté, afin de lui obéir jusque dans le don de nous-mêmes. Mais la vie ne manque pas de moments où Dieu peut nous sembler absent, où sa présence et sa volonté ne sont pas aisées à reconnaître et décrypter.

Oui, il n’est pas toujours bien confortable d'être chercheur de Dieu, même si le Seigneur nous donne la grâce de ne pas le chercher en vain. Bien sûr, nous ne sommes pas tous appelés à vivre la même expérience que celles vécues par Jeanne d’Arc ou par la petite Thérèse, mais, tous, nous pouvons entendre et reconnaître la voix du Seigneur qui s’adresse à notre conscience et à notre liberté. Il nous faut, pour cela, consentir à nous laisser guider par la Parole de Dieu qui nous est transmise par l’Écriture Sainte et par la Tradition vivante et l’enseignement de l’Église.

La proximité et le soutien des frères et sœurs dans la foi, ainsi que le témoignage et l’intercession des saints, nous aident également à percevoir la présence du Seigneur, à le contempler, à voir sa force et son action, à comprendre sa volonté et ce qu’il attend de nous.

Saint Paul, dans sa lettre aux Romains, au début du chapitre 12, nous indique que le Seigneur nous donne de pouvoir discerner sa volonté [« ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait »] et de pouvoir y répondre librement par une obéissance filiale. Il nous appelle à ne pas prendre les critères du monde comme repères pour nos choix ; je pense, par exemple, à ce qui touche aujourd’hui aux risques du repli mondain de « l’entre-soi », aux dérives de ce qui est appelé « le développement personnel », à la tentation de l’individualisme, au refus de toute autorité et à la tendance à l’autoréférence, etc …

Sans cesse, nous sommes appelés à ne pas nous laisser conduire par l’air du temps ou les modes contemporaines ; nous sommes appelés à nous laisser renouveler dans notre façon de penser, par l’Esprit-Saint ; si besoin, il nous est toujours possible de changer de cap, si le Seigneur nous y invite. Car l’enjeu de notre vie chrétienne concerne le salut, le nôtre et celui du monde. Jeanne, comme Thérèse, en ont fait l’expérience, chacune à sa façon, pour se conformer encore mieux à la volonté de Dieu.

Disciples du Christ et chercheurs de Dieu, nous sommes conduits à offrir notre vie, à donner notre vie, par amour de Dieu et des hommes. Car c’est bien par notre manière d'être et de vivre que nous sommes appelés à rendre un culte à Dieu.

Dans le passage de l’évangile que nous avons entendu, Jésus nous donne trois indications incontournables pour nous aider à progresser et à tenir bon. Trois indications que Jeanne a voulu suivre elle-même pour rester fidèle au Seigneur :

1. Renoncer à soi-même. 
2. Prendre sa croix. 
3. Suivre Jésus.

Renoncer à soi-même, c’est choisir d’obéir à quelqu'un d'autre que soi, c’est consentir à ne pas être sa propre référence. Prendre sa croix, parce qu’il est coûteux d'aimer vraiment, d’aimer comme le Christ, jusque dans le don de soi-même. Suivre Jésus, par le consentement à se faire aider dans les difficultés, à changer de point de vue ou de direction si l'on s'est trompé ou si le Seigneur nous le demande. 

Ce dynamisme de la foi et de la sainteté a conduit Sainte Jeanne d’Arc à s’engager, corps et âme, dans le service de sa patrie. Dans la foi et la confiance en Celui dont elle avait reçu mission, elle a dû affronter bien des oppositions, convaincre dans l’adversité, se défendre devant ses détracteurs et, suprêmement, affronter la peine du bûcher.

Dans son obéissance à Dieu et son engagement à le servir en servant sa patrie, Sainte Jeanne d’Arc nous est un modèle de foi et d’espérance, aujourd’hui, tant il est vrai que l’avenir paraît sombre pour beaucoup. L’agressivité et la violence deviennent de plus en plus fréquentes dans les rapports interpersonnels, comme dans les relations entre les États. Le nombre de personnes vivant en-dessous du seuil de pauvreté ne cesse d’augmenter. La vie politique suscite de moins en moins d’intérêt, tandis que grandit la méfiance à l’égard de ceux et celles qui s’y investissent... Le message de Jeanne nous stimule à ne pas baisser les bras et à continuer de croire que Dieu n’abandonne pas les hommes lorsqu’ils s’engagent pour la Justice et la Paix, dans la Vérité et la Charité.

Aussi, en vous confiant à l’intercession de Sainte Jeanne d’Arc et de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, patronnes secondaires de la France, je vous invite à vous laisser renouveler dans votre écoute de la Parole de Dieu, dans le discernement qu’elle suscite en vous pour lui répondre, et à vous engager, avec le meilleur de vous-mêmes, à être de véritables signes d’espérance pour notre temps.

Alors, quand le Fils de l'homme viendra avec ses anges, dans la gloire de son Père, il rendra à chacun selon sa conduite.

Amen.

+ Mgr François GOURDON,
Évêque de Saint-Dié.

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Nous sommes l’Église, Corps du Christ sur qui repose l’Esprit-Saint et que le Seigneur a consacré. Nous sommes membres de ce Corps parce que nous avons été baptisés. Membres de l’Église, membres du Christ, nous avons été consacrés pour participer à la mission même de Jésus qui est l’Envoyé du Père, l’Apôtre que notre foi confesse (cf. lettre aux Hébreux) : en lui, nous sommes envoyés « porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés ». Dans le Christ, nous sommes envoyés pour vivre en proximité avec la vie des gens, la vie des hommes et des femmes de notre temps, qu’ils soient jeunes ou âgés, afin d’être près d’eux des signes d’espérance.

Toi qui es baptisé(e), tu as reçu l’onction pour être « prêtre du Seigneur » (pour reprendre les mots d’Isaïe), en faisant de ta vie un don, une offrande, pour Dieu et pour les autres. Dans ton devoir d’état, tel qu’il est, prends donc ta part d’initiatives pour que la paix progresse : il y a trop de violences et d’agressivités entre nous, entre les gens d’un même quartier ou d’un même village, entre les habitants de notre pays, entre les nations. Nos familles elles-mêmes ne sont pas épargnées, tout comme les cours d’école qui devraient être des havres de paix pour les enfants et les jeunes. Prends ta part de responsabilité pour que la justice progresse, car l’injustice est très souvent la cause des guerres et des violences. « Justice et paix » s’embrassent, comme dit un psaume, car l’une ne va pas sans l’autre.

Toi qui es confirmé(e), toi qui as reçu l’Onction de la Confirmation pour être « servant(e) de notre Dieu » (pour encore reprendre les mots d’Isaïe), tu es envoyé(e) pour témoigner, dans ta proximité avec les autres, de la présence aimante et agissante de Dieu. Regarde toutes les actions qui sont menées par les hommes et les femmes de bonne volonté pour servir le Bien Commun, et prends ta part, avec eux, au nom du Christ et de l’Évangile. Prends le temps de t’asseoir, avec d’autres disciples de Jésus, pour « voir, juger et agir » : voir ce qui se fait déjà et voir aussi ce qui ne va pas, juger ou analyser les choses à la lumière de la foi et de l’Évangile, et agir en fonction de ce que vous aurez discerné ensemble. Avec d’autres, à quelques-uns, entrainez ceux et celles que vous rencontrez à faire l’expérience du bonheur de croire en Dieu, l’expérience de la joie de vivre, d’être aimé(e) et de pouvoir aimer comme Jésus.

Toi qui es consacré(e), engagé(e) dans un institut séculier ou une congrégation religieuse, tu es attendu(e) pour orienter les regards et les cœurs vers notre destinée finale ; car nous sommes faits pour le Ciel. Aide-nous tous à percevoir que, dans notre vie ordinaire, nous sommes appelés à l’éternité. Rappelle-nous que la vie éternelle n’est pas que pour l’au-delà, après la mort ; la vie éternelle est pour maintenant, lorsque l’amour oriente nos actes et nos paroles. Aide-nous à vivre de la Résurrection du Christ dans les choix que nous faisons et les décisions que nous prenons.

Vous qui vivez la consécration du mariage, vous êtes attendus, en couple, pour témoigner de la joie de mener sa vie comme une alliance avec le Seigneur. Rappelez-nous que l’amour fait toujours les premiers pas et que Dieu est cet amour-là, qui nous unit les uns aux autres et avec lui. C’est dans l’amour que l’on peut surmonter les épreuves et les difficultés ; c’est dans l’amour que s’éprouve la fidélité, si l’on s’ouvre à la vérité qui rend libre, avec ses fragilités et ses faiblesses. Aidez-nous à retrouver le désir de transmettre la vie, car ce désir est une question d’espérance, comme l’écrivait le pape François dans sa lettre pour cette année jubilaire.

Toi qui es diacre, toi qui es prêtre, toi qui es évêque, tu es attendu pour signifier que la vie est un don immérité, un don gratuit qui vient de Dieu. Par ta vie et ton ministère, tu es envoyé pour signifier que l’Église est née du Christ, de son côté ouvert, du don de sa vie sur la croix auquel nous communions dans l’Eucharistie. Tu es envoyé pour que la Parole de Dieu soit la boussole de nos communautés chrétiennes, que ce soient nos paroisses ou nos aumôneries, nos équipes de mouvements ou les communautés éducatives de nos écoles catholiques. Rappelle-nous, par ta manière d’être et de vivre, que nous ne sommes pas à notre compte dans nos missions d’Église ; car nous sommes plutôt envoyés par le Christ et c’est à lui que nous devons obéir et rendre des comptes. 

Lorsque nous avons été baptisés, lorsque nous avons été confirmés, lorsque vous avez professé les vœux de la consécration religieuse, lorsque vous vous êtes mariés, lorsque nous avons été ordonnés - diacre, prêtre et évêque -, lorsque nous avons accepté tel ou tel engagement ou responsabilité, dans l’Église ou dans la société, nous avons reçu une mission que nous n’avons pas fini d’assumer ! Celle-ci peut être lourde et fatigante, parfois, et il se peut qu’à certains moments nous perdions courage. Mais nous devons toujours nous rappeler que le Seigneur ne nous confie jamais une mission sans nous donner, dans le même temps, la grâce nécessaire, celle dont nous avons besoin.

Je vous invite donc, maintenant, au moment où nouscommençons cette nouvelle année pastorale et où nous nous lançons dans une réflexion diocésaine qui va sans doute être rude à certains moments, à faire mémoire de cette grâce que le Seigneur nous accorde, à chacun(e) et à tous, pour assumer la part qui nous revient.

Nous avancerons, alors, « l’espérance au cœur » !

Amen.

+ Mgr François GOURDON,
Évêque de Saint-Dié. 

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Nous vivons plusieurs fêtes aujourd’hui ! Celle de la Confirmation et celle du Saint-Sacrement (la « Fête-Dieu »).

La Confirmation

En lisant vos lettres, à vous les confirmands d’aujourd’hui, j’ai cru que je lisais le Catéchisme de l’Église Catholique, parce que, à travers votre désir de recevoir ce sacrement et avec vos mots, vous avez effectivement su exprimer ce qu’est la grâce de ce sacrement, ce qu’il apporte précisément. J’en profite pour féliciter et remercier ceux et celles qui vous ont si bien accompagnés !

J’ai donc retenu (et reconnu) les cinq points qui sont donnés dans le Catéchisme de l’Église Catholique (n°1303).

1- Vous dites : Je veux me rapprocher de Dieu, mieux vivre en enfant de Dieu ; je veux devenir meilleur(e) chrétien(ne) et
réussir à limiter un maximum mes péchés.
Oui, le sacrement de la Confirmation nous enracine plus profondément dans
notre relation personnelle avec Dieu, au point que nous pouvons nous adresser à lui en lui disant « Père ».

2- Vous dites : Jésus nous a montré que Dieu a beaucoup de bienveillance envers nous et qu’il nous pardonne toujours.
Oui, le sacrement de la Confirmation nous unit plus fermement à Jésus pour que nous puissions aimer, servir et partager son amour. Il nous permet aussi de pouvoir, comme l’écrit l’une d’entre vous, montrer à Dieu que je l’aime, c’est-à-dire, répondre, à la manière de Jésus, à l’amour que Dieu a pour nous : en aimant avec le meilleur de nous-mêmes jusque dans le don de notre vie.

3- Vous dites : Je veux poursuivre mon chemin de foi, devenir la meilleure version de moi-même, nourrir ma vie de foi, m’engager plus fortement dans ma vie chrétienne ; je veux vivre selon l’amour de Dieu puisque je sais que je suis aimé(e) de lui.
Oui, le sacrement de la Confirmation augmente en vous les dons de l’Esprit-Saint pour que vous puissiez effectivement progresser dans l’assurance que le Seigneur vous donne tout ce dont vous avez besoin pour avancer et, aussi, pour affronter les éventuelles difficultés.

4- Vous m’écrivez que vous avez grandi dans la découverte de Jésus et dans la foi grâce à des personnes autour de vous. Vous dites : un ami m’a transmis sa foi en Dieu par son exemple et son amitié ; ma grand-mère répondait à mes questions et m’a appris à connaître Jésus ; je vais à la messe régulièrement.
Oui, le sacrement de la Confirmation renforce notre lien à l’Église, à la grande famille des chrétiens. Désormais, vous pouvez encore plus prendre votre place dans notre Église ; n’ayez pas peur d’avoir des initiatives, même si elles bousculent les habitudes. Si on ne vous laisse pas suffisamment votre place, venez me voir, et nous regarderons ensemble ce qu’on peut faire, ce qui est possible ou non.
 
5- Vous dites : Je voudrais en encourager d’autres à faire l’expérience de la foi ; je voudrais partager ce que j’ai appris.
Oui, le sacrement de la Confirmation vous accorde une force spéciale de l’Esprit-Saint pour témoigner de votre foi et de votre attachement à Jésus, sans craindre les réactions des autres. Certains d’entre vous, d’ailleurs, sont déjà engagés – par exemple – auprès de plus jeunes dans l’éveil à la foi ou la catéchèse ; mais vous pouvez être témoins de multiples façons, dès lors que vous savez reconnaître la présence de Dieu dans votre vie et que vous permettez à d’autres de reconnaître aussi cette présence.

D’ailleurs, à propos de la présence de Dieu, l’un d’entre vous m’écrit qu’il a appris à la reconnaître dans le concret, à travers la fraternité, le service, la nature, la joie simple des moments partagés, la paix intérieure,… Oui, tout à fait. Mais il nous est donné de pouvoir aussi reconnaître la présence du Christ dans l’Eucharistie. Et c’est bien là tout le sens de la fête du Saint Sacrement du corps et du sang du Christ que nous célébrons aujourd’hui.

Dans l’Eucharistie, il nous est donné de reconnaître que Jésus nous a aimés, et qu’il nous aime, jusqu’à donner sa vie pour nous. Il se donne à nous, en son Corps et en son Sang, sous les apparences du pain et du vin, consacrés lors de la messe. 

« Chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne » entendions-nous dans la deuxième lecture de Saint-Paul. Nous faisons « mémoire », c’est-à-dire que nous accueillons, aujourd’hui encore, le don que Jésus a fait de lui même, une fois pour toutes, au moment de sa passion, de sa mort sur la croix et de sa résurrection.

Ne vous privez pas de l’Eucharistie, si vous voulez :

• Progresser dans votre relation avec Jésus ;
• Mieux résister au péché et mieux vivre selon l’amour de Dieu ;
• Prendre votre part dans la vie de l’Église, qui est le Corps du Christ dont vous êtes les membres ;
• Vous engager envers les autres, spécialement les pauvres, et reconnaître Jésus à travers ceux et celles qui souffrent ;
• Travailler à ce que les Chrétiens soient plus unis entre eux et que tous les hommes soient plus en paix les uns avec les autres.

 

Vous avez entendu, dans l’évangile d’aujourd’hui : Jésus va interpeller ses disciples devant la foule qui a faim ; il leur dit : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ». Comment cela peut-il se faire avec seulement cinq pains et deux poissons pour  5000 personnes ? Mais voilà, comme le dit l’un ou l’autre d’entre vous : « La prière m’aide à revenir à l’essentiel, à me recentrer, à trouver la paix et à confier mes joies et mes difficultés ». Parce que, oui, Dieu est le maitre de l’impossible, mais il a choisi de s’appuyer sur ce qui nous est possible, sur nos « oui » personnels, si petits ou si grands soient-ils ; ces « oui » que nous pouvons discerner lorsque nous prenons le temps de vivre un moment de prière personnelle avec lui.

Que le Seigneur vous comble donc de ses dons, pour votre joie et pour la joie de nous tous avec vous, la joie de toute l’Église.

Amen.

+ Mgr François GOURDON,
Évêque de Saint-Dié.

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La nouvelle de la résurrection de Jésus est loin d’être une évidence. Elle ne va pas de soi pour les premiers disciples. Elle ne va pas de soi pour les femmes ou les Apôtres, devant le tombeau vide. Elle ne va pas de soi pour beaucoup de nos contemporains, y compris d’un certain nombre qui se disent catholiques ou chrétiens. Est-il possible de croire en une nouvelle aussi intrigante ou mystérieuse ? Et il faut bien reconnaître qu’il nous est difficile d’expliquer ou d’exprimer ce qu’est la Résurrection lorsque nous sommes interrogés ou que des enfants nous questionnent : « Où est-il le Ressuscité auquel tu crois ? » Et pourtant, je crois pouvoir dire que j’ai fait l’expérience de sa présence dans ma vie ; je crois pouvoir dire que je fais l’expérience de sa présence vivante dans la vie du monde et de l’Église.

Les évangiles nous rapportent le témoignage de l’expérience des Apôtres dans leur rencontre avec le Christ Ressuscité, avec Jésus Vivant. Mystérieusement, Jésus les rejoint dans leur désarroi et leur chagrin ; et ils vont le reconnaître au milieu d’eux. Jésus va leur faire découvrir que Dieu ne peut pas les abandonner, puisque l’amour est toujours là, jusqu’au bout – y compris de manière silencieuse – lorsque nous traversons des épreuves. Mais la puissance de Dieu ne se révèle pas à la manière des hommes ; la puissance de l’amour ne s’impose pas devant l’injustice ou la violence. Pour autant, dans la rencontre avec le Ressuscité, les Apôtres vont découvrir que ce n’est pas le mal, la souffrance et la mort qui ont le dernier mot pour nos existences humaines : la vie et l’amour triomphent toujours, mais d’une manière que nous avons du mal à comprendre et à accueillir.

N’y a-t-il pas des signes de la Résurrection dans nos vies ? N’y a-t-il pas des traces de la Présence du Ressuscité, au milieu de nous, au milieu du monde ? Mais, souvent, nos yeux sont aveuglés par un débordement d’images qui abîment notre regard ; nos oreilles sont assourdies par un débordement d’informations, de fake-news ou de théories complotistes qui blessent notre espérance en l’avenir et notre rapport à la vérité ; nos cœurs sont emprisonnés dans un « émotionnel » de surface, suscité par nos rythmes de vies, qui nous fait souvent passer à côté de l’essentiel. Y a-t-il encore de la place pour le silence intérieur et pour la gratuité, si nécessaires à l’équilibre vital dont nous avons besoin ?

Parce que les signes de Résurrection sont à la portée de nos yeux, de nos oreilles, de nos cœurs et de nos vies. À condition que nous prenions le temps de regarder, d’écouter et d’aimer. Il est là, le Christ, présent-vivant-ressuscité, dans nos décisions, lorsque nous choisissons de nous battre pour le respect de la vie humaine, de la conception à son terme naturel. Il est là, le Christ, présent-vivant-ressuscité, lorsque nous nous mobilisons pour une société où l’être humain passe avant l’argent ou les gains de productivité. Il est là, le Christ, présent- vivant-ressuscité, lorsqu’un « je t’aime » ou un pardon peut surgir dans nos relations conjugales, familiales ou amicales, sociales ou ecclésiales, parfois tendues.

Au moment de notre baptême et de notre Confirmation, nous avons reçu mission d’être porteurs et témoins de cette présence active du Christ Ressuscité. À sa suite, il nous entraine à être des « semeurs d’espérance ». Non pas une espérance qui ne prendrait pas en compte le contexte dans lequel nous sommes et qui semble morose pour beaucoup : le monde est toujours secoué par des guerres ; la situation économique n’est pas rassurante ; notre département des Vosges n’est pas épargné lui non plus. Le Christ Ressuscité nous conduit à ne pas nous laisser enfermer dans ce constat, pour percevoir une réalité plus grande : l’humanité a, en elle, des ressources énormes. Si nous y prêtons attention, nous pouvons être témoins de multiples lumières, porteuses d’espérance : par exemple, la recherche de la vérité, dans les familles, les établissements scolaires, dans l’Église et la société, à propos du harcèlement ou des violences subies par des enfants, des jeunes et des adultes ; l’écoute renouvelée du cri des souffrants ; le souci des pauvres ; la volonté de progresser dans la communion, au-delà des clivages qui divisent, …

Oui, bien sûr, la Résurrection de Jésus a encore du chemin à faire, en nous, pour que la lumière brille totalement dans nos cœurs et dans nos vies, dans le monde et dans la vie des hommes et des femmes de notre temps. Mais la foi nous apprend à ouvrir les yeux vers une réalité qui nous dépasse et qui est pourtant déjà présente. Le Christ nous donne d’être, nous-mêmes, acteurs de cette espérance, artisans de son amour en acte.

Un jour, nous n’aurons plus besoin de la foi, nous n’aurons plus besoin de croire, puisque nous verrons la lumière de la Résurrection dans tout son éclat. Mais nous avons la chance, dès aujourd’hui, d’en voir déjà les lueurs. Que l’Esprit du Seigneur, le Souffle du Dieu vivant, nous donne d’en vivre et de nous en réjouir. Qu’il nous donne d’en être vraiment témoins, pour que d’autres en soient illuminés avec nous !

Amen.

+ Mgr François GOURDON,
Évêque de Saint-Dié. 

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Regardez vers Jésus. Regardez vers Celui qui a été rejeté, condamné, abandonné, exécuté sur le bois d’une croix. Regardez vers Celui qui vous aime, plus que vous ne pouvez l’imaginer.

Le péché, qui nous centre sur nous-mêmes, nous enferme dans notre indignité et dans un sentiment de culpabilité stérile et mortifère. Car, s’il est vrai que nous avons notre part de responsabilité dans la Passion du Christ, la puissance de l’amour de Dieu nous entraîne vers la Vie.

Lui, Jésus, est condamné, moqué, raillé, comme le sont tant d’enfants, de jeunes ou d’adultes qui auront tant de peine à guérir de leurs blessures.

Lui, Jésus, est abandonné par ses disciples, trahi par Judas, renié par Pierre, comme le sont ceux qu’on laisse tomber ou qu’on oublie parce qu’ils ont un handicap, parce qu’ils sont faibles, malades ou trop âgés.

Lui, Jésus, porte sa croix, comme les personnes qui peinent sous des fardeaux trop lourds, des épreuves trop difficiles, des culpabilités qui enferment dans la rancœur ou l’amertume.

Lui, Jésus, meurt. Lui, Jésus, connait le drame de la mort, comme chacun(e) d’entre nous.

Et lui, Jésus, condamné, abandonné, portant sa croix et expirant son dernier souffle, va aimer jusqu’au bout. Jusqu’au bout, il ne se replie pas sur lui-même ; il demeure tourné vers son Père, restant attentif à sa mère et à Jean, restant attentif à l’Église qui va naître de sa vie donnée, restant attentif à l’humanité qui a tellement soif d’amour. Jusqu’au bout.

Au moment de sa mort, il remet son Esprit pour que sa Grâce et son amour rejoignent tous les hommes et chacun d’entre eux. Au-delà même de sa mort, l’eau et le sang coulent de son côté ouvert comme une source surabondante de miséricorde et de vie.

C’est à cette source que nous sommes venus nous abreuver. C’est à cette source que nous devons conduire ceux qui cherchent le sens profond de leur existence.

Laissez donc cette Source vous irriguer jusque dans ce qui est le plus aride en vous pour avoir part à la Résurrection du Christ.

Amen.

+ Mgr François GOURDON,
Évêque de Saint-Dié.

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Le Christ est « l'Apôtre que notre foi confesse », dit la lettre aux Hébreux. Il est l'Envoyé du Père, pour rendre parfaite l'Alliance qui unit les hommes à Dieu et, ce faisant, apporter le salut à toute l'humanité et à la création tout entière.

Dans les lectures que nous venons d'entendre, Jésus, le Christ, nous est ainsi présenté comme celui sur lequel repose l'Esprit du Seigneur. Consacré par l’onction, il est envoyé annoncer la Bonne Nouvelle - l'Évangile - aux pauvres et aux humbles, guérir ceux qui ont le cœur brisé, annoncer aux prisonniers leur libération et leur délivrance, ouvrir les yeux des aveugles, proclamer un temps de grâce…

Cette mission est prophétique, parce qu'elle est une proclamation de l'œuvre même de Dieu, une annonce de l'action salvatrice du Seigneur, dans le temps historique qui est le nôtre, en même temps que dans le temps eschatologique de l'éternité.

Cette mission est également royale, parce qu'elle est une mission de service vers ceux et celles qui sont dans une situation de souXrance ou d'esclavage. Elle marque l'attention même de Dieu qui se porte - comme un père ou une mère - vers ceux et celles qui ne vont pas bien ou qui sont tourmentés par ce qui leur arrive.

Et cette mission prophétique et royale, le Christ va l'assumer également comme une mission sacerdotale. Car il va donner sa vie. Tout au long de son ministère public, il va livrer sa vie dans l'annonce de l'Évangile, dans la rencontre avec les malades et les pécheurs, dans la confrontation avec ceux qui veulent enfermer Dieu dans leurs propres schémas et qui veulent réduire la démarche de foi à l'application de règles et à la récitation de formules toutes faites. Le Christ va livrer sa vie dans une relation parfaitement fidèle et obéissante à son Père, par amour pour Dieu, par amour pour nous. En versant son sang sur la croix, il scelle l'alliance éternelle annoncée par Isaïe et à laquelle nous communions dans le sacrifice eucharistique.

Dans le mystère pascal, Jésus a remis l'Esprit qui reposait sur lui aux apôtres, à son Église. Sur la croix, il remit l'Esprit. Le soir de Pâques, il souffla sur eux. À la Pentecôte, l'Esprit reposa sur chacun des disciples, comme il couvrit Marie de son ombre au moment de l'Incarnation.

Eh bien, frères et sœurs, par le baptême, nous avons été plongés dans la mort et la résurrection du Christ et nous avons été consacrés pour participer à sa mission prophétique, royale et sacerdotale. Nous avons reçu l'onction même du Saint-Esprit pour former, ensemble, dans le Christ, une communauté sacerdotale. « Vous serez appelés ‘prêtres du Seigneur’ ; on vous dira ‘servants de notre Dieu’ », dit la première lecture. « Il a fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu et Père » dit l'Apocalypse.

Toutes et tous, ensemble, nous sommes envoyés, dans le Christ, pour annoncer l'Évangile, pour ouvrir des chemins de liberté à ceux et celles qui sont enfermés dans des addictions mortifères ou dans des manières de vivre qui ne rendent pas heureux. Nous sommes envoyés ouvrir les yeux de ceux et celles qui sont aveuglés par l'appât du gain, le chacun pour soi, ou par le ressentiment, la jalousie et l'amertume qui ne peuvent conduire qu'à la violence et à la guerre.

Et cette mission nous conduit nécessairement à nous livrer nous-mêmes à la miséricorde de Dieu, tant nous savons notre indignité, notre petitesse, devant l'ampleur de la tâche. Nous sommes entraînés à faire la vérité sur nous-mêmes et dans notre Église pour qu'elle soit une « maison sûre » pour les enfants, les jeunes et les adultes. Nous sommes appelés à faire de toute notre vie un don d'amour.

Il nous est bon, en entrant dans ces fêtes pascales, de nous laisser renouveler dans notre mission baptismale, spécialement dans sa dimension sacerdotale qui nous unit au don que le Christ a fait de sa vie, par amour pour Dieu et pour les hommes.

Chacun(e) d'entre nous peut laisser le Seigneur l'éclairer aujourd'hui. Où en es-tu dans ce don de toi-même dans les engagements que tu as pris ? Comment en rends-tu compte pour corriger ce qui doit l'être et pour aXermir ce qui est ajusté à la volonté de Dieu ? Toi qui es marié(e), où en es-tu dans ta vie conjugale ? Toi qui as embrassé la vie consacrée, où en es-tu dans l'exercice des vœux que tu as professés ? Toi qui es ministre ordonné où en es-tu de ton rapport au Christ, Serviteur et Pasteur, auquel tu as promis de conformer ta vie, chaque jour davantage ? Où en es-tu de ton rapport à l’Église que tu as promis de servir avec le meilleur de toi-même ?

Dans notre communauté sacerdotale, certains ont été ordonnés prêtres. Ils ont reçu le sacerdoce ministériel pour que toute l'Église vive du sacerdoce du Christ, du don total qu'il a fait de lui-même. Notre consécration sacerdotale, à nous tous, nous la recevons du Seigneur lui-même. Le Saint-Chrême - que je vais consacrer dans un instant - en est le signe ; la présence de prêtres, en notre Église, en est l'attestation et la signature. Cette présence sacramentelle, concrète, effective et visible, nous est nécessaire, car elle nous conduit à puiser dans la Parole de Dieu, dans la charité pastorale et dans l'Eucharistie, ce dont nous avons besoin pour faire de notre vie un don et pour participer, ensemble, à la mission même du Christ, pour la gloire de Dieu et le salut du monde.

Amen.

+ Mgr François GOURDON,
Évêque de Saint-Dié.