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Des jardins pour la réinsertion sociale

Laudato Si' #29

Quarante chapelles, près de douze hectares, des produits de saison… Ce sont sous les serres et en plein air que pousse la grande diversité de fruits et légumes cultivés et distribués par les Jardins de Cocagne, basés à Thaon-les-Vosges, avec des parcelles à Deyvillers, Jeuxey, Épinal, Chavelot et Girmont.

Le Réseau Cocagne s’est développé en France dès 1991 avec la première installation dans le Doubs, inspirée du modèle suisse des Jardins de Cocagne développés depuis 1978 pour valoriser une agriculture de proximité. Ont rapidement suivi de nouveaux jardins avec un système d’adhérents et de paniers solidaires : aujourd’hui il en existe près de 140 en France. Ces exploitations maraîchères biologiques ont pour vocation l’insertion sociale et professionnelle de personnes de tous horizons, de tout âge, en situation précaire et rencontrant des difficultés d’ordre professionnel, social ou personnel. Chaque personne travaille sous CDD Insertion entre quatre mois et deux ans, et bénéficie d’un accompagnement personnalisé par des encadrants. 

Ce qui n’était qu’un pâturage mis à disposition en 1994 par la mairie de Thaon est rapidement devenu le 4ème jardin du réseau et l’un des plus importants de France en termes d’adhérents, de surface et d’activités. Autour des jardins qui accueillent une soixantaine de salariés, dont quarante en insertion, se sont développés près de trentes dépôts (associations, entreprises ou particuliers) pour le retrait des paniers bio, locaux et solidaires. Ainsi près de 1 500 ménages ont adhéré aux Jardins dans les Vosges, pour près de mille paniers retirés et 300 adhérents qui se rendent au magasin chaque semaine.

Un travail de la terre thérapeutique

Pour Frédéric Fesneau, directeur à Thaon, « c’est un sas où on permet à des personnes en difficulté de reprendre pied avec une activité qui fait écho à l’actualité (réchauffement climatique, consommation, énergie, etc.). Cela correspond pleinement aux changements qu’il faudrait pour la société. »  Il s’agit d’un travail qui permet de rebondir comme le précise Morganne Hirsch, coordinatrice du développement de projets :  « Tout est fait pour que la personne quitte au plus vite les Jardins de Cocagne et puisse retrouver un emploi dans un parcours un peu plus classique du travail. Chaque salarié va s’approprier le travail de la terre de manières très différentes : certains vont le voir comme un simple travail, pour d’autres ça va signifier alimentation (NDLR : le salarié reçoit un panier chaque semaine) ou alors le développement des compétences autour de ce travail. Pour d’autres, ça va être également le sentiment d’appropriation d’un bout de terre à soi. La terre n’est pas un travail singulier et il y a un rapport au monde qui est quasiment du domaine de l’intime. » 

Pour autant, même si 40 à 60% des salariés retrouvent un emploi en sortant des Jardins ou démarrent une formation qualifiante, perdure une certaine fragilité et la réelle insertion est difficilement calculable. Les Jardins apportent principalement un certain rééquilibre et un cadre pour répondre à ce qu’ils n’ont pas reçu ou ce dont ils ont besoin. « Pour beaucoup, cela représente une bouée de sauvetage à un moment, ajoute Frédéric. Durant ce contrat, un accompagnement social et professionnel leur est proposé. C’est l’objectif parce que l’activité n’est qu’un support : on aurait pu faire de la menuiserie, de la couture comme d’autres chantiers d’insertion. »

Cet accompagnement a pour vocation de repérer les freins propres à chacun et ensuite essayer de les lever. Avec les différents travaux (maraîchage, restauration, marché et éducation à l’environnement), beaucoup de salariés vont trouver leur vocation dans la vente, la restauration ou l’animation. La vocation agricole reste limitée car ce sont des métiers très physiques.

L'environnement du jardin à l'assiette

Le souci de l’environnement est au cœur du projet du Réseau Cocagne avec un pari : allier la distribution en circuit court, l’insertion par le travail et le cahier des charges de l’agriculture biologique. Ainsi les produits des Jardins sont vendus sous paniers solidaires ou en magasin, mais sont aussi utilisés dans la restauration pour le repas des salariés ou le service traiteur ouvert à tous et organisé avec les bénévoles.

Si on peut imaginer une certaine reconnexion à la nature à travers le travail de la terre, Morganne voit davantage ce lien à travers « l’éducation à l’environnement, qui accueille près de 4000 personnes à l’année, avec notamment les écoles et les entreprises. Aussi, chaque salarié a un rapport autre à la nature depuis son expérience aux Jardins, avec le travail de la terre qui va participer à une réappropriation de soi, à sa propre reconstruction. » 

Au-delà des paniers solidaires distribués aux clients adhérents, l’action contre l’injustice alimentaire et la précarité se développe aussi par des partenariats locaux avec la Maison de l’étudiant d’Épinal et le Secours Catholique Caritas France qui vont distribuer des paniers à coût réduit aux personnes en précarité et ainsi permettre un apport nutritionnel équilibré.
Quant aux problématiques environnementales, la coordinatrice du maraîchage a anticipé les effets du réchauffement avec une prise de conscience rapide des améliorations à apporter : gestion de l’eau, construction de serres-chapelles pour réduire la pénibilité du travail et une gestion des aléas climatiques. Les innovations se sont portées aussi sur la culture d’engrais verts (céréales, légumineuses, etc. cultivées entre deux cultures) pour améliorer le compost, la structure des sols et capter le carbone.


 

Émilie FEUILLÉ
Église dans les Vosges – Octobre 2022

Crédit photos : Jardins de Cocagne Thaon-les-Vosges / Émilie FEUILLÉ

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