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Des montagnes de papier dans les Vosges

Laudato Si' #22

Le papier laisse sa trace partout, sous toutes formes d’expression: bureautique, correspondance, édition, impressions soignées, beaux arts... Mais aussi dans les emballages, l’hygiène, les revêtements et linges de table. Et les Vosges n’en sont pas en reste !

Produisant la plus grosse part de papier en France (30% produit dans le Grand-Est), l’industrie papetière est la première industrie du département avec 1 800 salariés dans les cinq papeteries vosgiennes, sans compter les transformateurs. Plusieurs catégories y sont produites : impression et écriture, papiers industriels et spéciaux, papier d’hygiène, pâte de cellulose et papier journal (NDLR : Norske Skog est l’unique fabricant de papier journal en France).

Pourtant, comme l’avance Hélène Buhr, déléguée générale de PAPEST (syndicat des Fabricants de Papier de l’Est) et du CFA Papetier à Gérardmer, « elle reste une industrie peu connue malgré son importance dans les Vosges. De nombreux postes sont à pourvoir, en apprentissage ou reconversion. Et nous avons la seule formation de France dédiée à la papeterie. »

Du déchet à la feuille blanche, créé en Chine au IIIe siècle avant J.-C., le papier est arrivé en France au XIVe siècle et son utilisation s’est largement développée avec l’imprimerie. Aujourd’hui, malgré la révolution du numérique, le papier tient bon, notamment dans l’édition.

Le secteur du papier-carton a été peu touché par la crise sanitaire du Covid-19 du fait que 75% est dédié à l’emballage et au conditionnement. Sa fabrication est critiquée pour son impact en eau et énergie, sans compter la prétendue déforestation.

Jean-Marie Nusse, PDG d’Exacompta Clairefontaine, l’affirme : « L’eau est à rendre aussi pure qu’elle est prélevée » tout en préservant la faune fluviale. Durant l’été (hors sécheresse), les papeteries d’Étival-Clairefontaine ne font tourner qu’une machine sur deux pour limiter les prélèvements et rejets d’eau dans la Meurthe. Inscrit dans une démarche écoresponsable, le groupe contribue à la régénération des forêts avec l’entretien de centaines d’hectares de sapins et épicéas dans les Vosges. 

Quant à l’énergie, les industries doivent utiliser des chaudières usant moins de matières fossiles. Le groupe utilise désormais des chaudières biomasses, ce qui réduit l’impact carbone et permet plus d’autonomie électrique.

L’impact du papier et celui du numérique jouent un match serré, le dernier polluant davantage avec la consommation de matériaux rares et non durables. Pour le papier, « ce qu’il faut, c’est faire très attention de bien maintenir l’économie circulaire ». La pâte à papier vierge est fabriquée à partir des déchets des scieries et des petits bois d’éclaircies. Sa réutilisation en fait la première industrie de recyclage en France.

En France, 80% des matières premières du secteur sont issues de papiers et cartons recyclés. Les papetiers répondent petit à petit à une demande de papiers recyclés : « Aujourd’hui, à Étival, on produit plus de 20 000 tonnes de papier recyclé alors qu’en 2019, on n’en faisait pas du tout. On en fabrique une quantité de plus en plus importante mais ça reste une part nettement minoritaire. »
 



 

Une pénurie de papier, vraiment ?

Avec la crise sanitaire, un phénomène s’est accéléré: la pénurie de papier qui touche surtout le secteur des papiers de presse, d’édition et de fait les libraires. 

À la fois producteur de papier et fabricant d’articles de papeterie, Jean-Marie Nusse précise : « Le terme pénurie est un peu fort, je dirais difficulté d’approvisionnement et forte hausse des prix ». La plupart des producteurs achètent de la pâte à papier dans le monde entier: France, Europe de l’Est, Scandinavie et Amérique du Sud. « C’est simplement une flambée des prix de la pâte à papier, les prix ont augmenté d’environ 30% ces six derniers mois. La hausse se répercutent forcément dans les prix pour les clients » explique-t-il. Les transformateurs et les imprimeurs ont une grande difficulté à s’approvisionner en papier. En forte demande, ils ont tendance à faire des achats de précaution au vu des délais de livraison et de l’offre qui a diminué à la fermeture de plusieurs usines en Normandie et en Europe.
 

 

Émilie FEUILLÉ
Église dans les Vosges – Février 2022


© Crédits photos : Exacompta Clairefontaine 

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