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La finance durable, une affaire d'Église

Laudato Si' #21

Le monde de la finance est vivement critiqué, notamment à l’aube d’une hyperinflation, et pourtant, il s’agit du vecteur indispensable pour l’économie. Et elle peut être mise au service du bien commun, via une branche en plein développement : la finance durable. Au-delà du contexte financier, l’investissement durable intéresse fortement les nouvelles générations sensibles à la recherche de sens dans leurs activités.

La finance durable trouve son origine dans des communautés religieuses au XVIIe siècle au Royaume-Uni avec les Quakers et les Méthodiste. Cela s’est développé au XXe siècle et aujourd’hui, l’Église investit à différentes échelles, notamment avec Église Verte ou encore le fonds commun de placement Partage Faim et Développement créé par le CCFD-Terre solidaire.
Il existe différents niveaux d’engagements : le désir de retour sur investissement, des critères d’exclusion extrafinanciers ou la finance à impact. Ainsi des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) ont été mis en place dès les années 1980 en Europe et des labels, tels que ISR (investissement socialement responsable) en France, apportent une assurance d’investissement dans le développement durable.

Après la Cop 26 de Glasgow, le climatologue Jean Jouzel a mis en avant la transition énergétique comme enjeu d’avenir, de croissance et enjeu politique. Pour lui, les premiers acteurs de cette transition sont les banques au contact des entreprises, des organisations et des particuliers.
 

« L’utilisation de ce moyen qu’est la finance au service du bien commun est véritablement un enjeu majeur pour l’avenir de nos sociétés. »

NICOLAS DUPREY

 

Le regard d’un professionnel vosgien au Luxembourg

Nicolas Duprey, 38 ans, est gestionnaire de projets dans une banque privée au Luxembourg. Étudiant la transparence des investissements, il s’est spécialisé dans la finance durable et inclusive. Pour le Spinalien, « c’est remettre l’argent à sa place : un serviteur plus qu’un maître, et voir l’impact que l’on veut avoir sur la société. L’utilisation de ce moyen qu’est la finance au service du bien commun est véritablement un enjeu majeur pour l’avenir de nos sociétés. »

Il existe des plateformes participatives comme LITA.co ou Time for the Planet pour investir dans des projets, des entreprises à impact positif en devenant actionnaires, à l’instar de l’entreprise de jeans 1083, qui a ouvert un nouvel atelier dans les Vosges en 2021 après un emprunt participatif en 2019. Des structures ont aussi vu le jour pour accompagner la transformation durable et la responsabilité sociétale des entreprises telles que GreenFlex, Veritas... ainsi que des cabinets de recrutement spécialisés comme Birdeo.

On oppose souvent retour sur investissement et retour sur critères ESG alors qu’ils se complètent. Pour Nicolas, « prendre en compte l’ESG, c’est aussi prendre en compte la performance future de l’entreprise et offrir des services à ses clients sur des années. Sur le long terme et avec la crise, les sociétés qui ont davantage investi sur l’ESG s’en sont mieux sorties que les autres. »

Les types d’investissements sont multiples en termes d’impact avec les fonds à critères ESG, la transition énergétique, etc. Cela doit être en accord avec le règlement européen « Taxonomie » avec une obligation de transparence et de conseil.

Le green business, une façade ?

Il y a une réelle problématique autour du green business : beaucoup de greenwashing / greenbranding des banques, des entreprises et même de l’État avec un financement durable faussé. En France, 70 % des sommes versées sur le livret de développement durable solidaire ne financent pas véritablement le développement durable. Ainsi est née en 2021 l’application Rift, une sorte de Yuka de la finance pour analyser l’épargne bancaire et son réel impact sociétal et environnemental.

La finance durable passe aussi par la microfinance pour le développement d’entreprises locales et pour aider des personnes à sortir de la pauvreté. Le prix Nobel de la paix Muhammad Yunus, créateur du microcrédit, estime « les pauvres comme des bonsaïs » : on accompagne les personnes en leur donnant les moyens et les villages se développent, avec plus d’indépendance et d’autonomie. Pour Nicolas, le rôle des chrétiens est prépondérant dans la finance durable. Beaucoup d’entre eux s’y investissent à l’instar des communautés religieuses, d’entreprises et des associations comme la startup Obole LAB, la coopérative Label Emmaüs et la Fondation Abbé Pierre, etc.

 

Emilie FEUILLÉ
Église dans les Vosges – Janvier 2022

 

 

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