La danse, vecteur de message et de spiritualité

L'écologie peut prendre une dimension spirituelle à travers le sport et la danse. La danse rejoint notamment la théologie du corps et la beauté de la création. Saint Jean Paul II, qui a donné plusieurs catéchèses sur la théologie du corps, disait dans sa Lettre aux artistes en 1999 : « Parce [que l’art] est recherche de la beauté, fruit d'une imagination qui va au-delà du quotidien, l'art est, par nature, une sorte d'appel au Mystère ».

L’ascèse, discipline d’épanouissement

Avec une base de modern jazz, l’alsacienne Sonia Ott pratique la danse depuis l’âge de six ans. Elle propose des récitals et ateliers de danse pour tous publics : « La danse a plusieurs connotations : révélateur du beau et du grand, elle habite l’esthétique qui passe par le corps et la musique ».

Pour Sonia, la danse peut aussi être christique: « Cela permet de s'approprier sa propre incarnation jusque dans les gestes chorégraphiés, mais aussi amener l’autre dans cette démarche. La marche est comme le premier pas avant de rentrer dans ce mouvement amplifié de la danse ». Le chorégraphe Maurice Béjart écrivait dans la revue L’Art sacré en 1969 que la danse est « une ascèse pour choisir l’essentiel », « l’une des choses principales pour le développement de l’être humain [...], nécessaire à la construction d’un art quel qu’il soit. (...) Le corps doit être profondément travaillé pour trouver sa liberté ».

Se sentant portée par l’Esprit Saint, Sonia estime la danse comme sa vocation : « Je sens que ça a toujours été comme le prémice d’un appel. Oui c’est un sport qui demande de la technique, une rigueur, une discipline mais en même temps c'est un art car révélateur de quelque chose qui nous dépasse, quelque chose de beau. La danse est aussi thérapeutique car elle est un ancrage d’équilibre au cœur d’épreuves, quand tu te sens perdue, déséquilibrée... Et c’est cette verticalité que j’ose nommer grâce, don de Dieu ».

Des danses inspirées et sacrées

Dans toute proposition, Sonia fait sienne une thématique pour impulser un poème écrit par elle-même, un texte sacré ou encore des textes d'auteurs tels que Christian Bobin, François Cheng, Khalil Gibran. Ainsi, elle a présenté un récital suivi d’échanges au sein de la prison de Strasbourg – l’une des expériences les plus bouleversante qu’elle ait pu vivre : « J’ai travaillé ce projet dans mon cœur déjà, de longue date, par la prière. Quand je danse, je désire être le reflet de celui que je sers. Aller à la rencontre de l’autre qui m’est inconnu commence par prier et demander que Dieu prépare leurs cœurs. Mon intention est qu’ils posent leur regard non pas sur moi mais sur ce que je veux poser comme message d’amour, que ce soient des prisonniers, des enfants... et j’essaie d’articuler ma prestation par rapport à une liberté, une liberté plus grande que celle dont ils sont privés : la liberté intérieure, cet amour dont tout homme a besoin pour vivre ».

À l’occasion de journées orientées sur la figure d’Hildegarde de Bingen, religieuse bénédictine du XIIe siècle, poète, musicienne et phytothérapeute, Sonia crée des chorégraphies qui lie la nature et l’homme en se basant sur ses écrits et musiques. Hildegarde mettait déjà en résonance l’âme et le corps : "Lorsque l’âme et le corps fonctionnent en parfaite harmonie, ils reçoivent la récompense suprême de la santé et de la joie". Pour Sonia, "tout est au cœur de la Création, que nous sommes appelés à honorer et à célébrer par notre passage sur terre. Pour moi, Hildegarde était une femme connectée à l’invisible et avait quelque chose qui peut même rejoindre plusieurs spiritualités”.

Émilie FEUILLÉ
Église dans les Vosges – Juillet/Août 2024