Paris 2024 : Il est une foi

26 ans – Représente la France dans la discipline du 20 kilomètres marche 

« La direction est plus importante que la vitesse. »

Je m’appelle Clémence Beretta, j’ai 26 ans et le 1er août 2024, je vais représenter la France aux Jeux Olympiques de Paris 2024 dans la discipline du 20km marche. C’est une discipline d’endurance qui est très technique et physiquement très dure. C’est un sport qui demande beaucoup de temps et d’heures d'entraînement, je marche 130km par semaine du lundi au dimanche. En compétition, l’allure est de 14km/h. C’est un investissement total, un vrai don de soi autour d’un but à atteindre.

En 2017, j’ai fait un burn-out âgé de seulement 19 ans. Ça a été un véritable tsunami dans ma vie et petit à petit, j’ai dû apprendre à me reconnecter avec mes émotions et mon esprit. Reprendre possession de ce corps que je ne voyais qu’à travers la performance, développer mon identité en tant que femme, en tant que Clémence, et non pas seulement en tant qu’athlète.

Dans ma guérison et dans les années qui ont suivi, je me suis reconnectée à ma foi et ma spiritualité. Je me suis sentie profondément guidée dans ce cheminement intérieur qui m’a amené à découvrir la profondeur de mon âme et mes émotions.

Aujourd’hui, Dieu fait pleinement partie de ma vie et je dirais que j’incarne ma foi à ma manière. J’ai réussi à trouver un équilibre avec la partie très sportive, combative et masculine et une partie plus douce et connectée.

Après m’être brûlée les ailes, être tombée bas, et après avoir vécu un chemin de résilience, j’ai une phrase qui m’accompagne : “La direction est plus importante que la vitesse.”

Le denier de l’Église dans les Vosges a pour thème cette année : « Transmettons la flamme de la fraternité”, c’est donc quelque chose qui me parle énormément car il fait écho à une valeur qui représente à merveilles la marche.

La marche athlétique est une discipline qui a la chance de faire partie d’une véritable famille internationale d’athlètes. Nous partageons tous la même passion et le même mode de vie, je m'entraîne très souvent avec des athlètes de tous horizons et toutes cultures. Par exemple, pour ma préparation finale aux Jeux Olympiques, je vais partager ma chambre avec une marcheuse indienne. Lors de cette préparation, on sera accompagnées par des athlètes marcheurs venant de 4 continents différents.

64 ans – Arbitre d’aviron lors des Jeux

« Donner le meilleur de soi pour les autres, son pays. »

Q. Votre participation aux Jeux

J’ai été sélectionnée, avec d’autres, pour participer en tant qu’arbitre nationale d’aviron au sein d’une équipe internationale d’arbitres aux JO et aux Paralympiques.

Parmi les critères de sélection, il y avait : parler couramment anglais, être ouvert et bienveillant, avoir déjà organisé des championnats de France dans son club (ce qui est le cas pour le club de Gérardmer), avoir une bonne expérience en championnat de France. Il y a eu aussi des critères pour prendre autant d’hommes que de femmes, des jeunes, des moins jeunes, de toutes les régions de France, et on a été observé lors de régates internationales ou lors du Championnat du Monde des moins de 19 ans en août dernier. 

Contrairement aux autres championnats, nous garderons le même poste pour être archi-performant. 
Les postes sont : contrôle des identités, des éléments de sécurité, pesée pour les poids légers, marshal (sécurité sur l’eau-les avirons vont en marche arrière…), alignement et juge au départ, « starter » et aide starter (procédures pour donner le départ), juge de parcours (suit les courses et juge de leur validité), juge à l’arrivée.
 

Q. Votre rapport à la foi

J’ai « travaillé » sur ma foi quand j’étais en études au sein de la JOCF. Sans doute influencée par mes parents à l’ACO dans « le Pays-Haut » du 54. Et par le fait qu’un prêtre, José Bourguignon, avait retrouvé une famille proche avec nous. 
Mais depuis mon divorce, je ne me sens plus accueillie au sein de l’Église, bien que cela fait 20 ans que je partage la vie de mon deuxième compagnon.
Et les valeurs du protestantisme me tentent.
 

Q. Comment liez sport et foi ? 

Contrairement aux sports individuels, l’aviron (qui peut se pratiquer à 2, 4, 8 ou seul-e) développe un sens aigu du collectif, et de l’humilité. On doit se mettre au niveau du moins fort et l’aider à hausser son niveau pour que le bateau « glisse » le mieux possible. Il n’y a qu’à voir combien les équipiers se congratulent pour se remercier ou se consoler. Ces valeurs me semblent proches de celles des croyants progressistes. « C’est Dieu qui décide » est une phrase qui m’horripile, sinon à quoi cela servirait d’avoir une conscience ?
 

Q. Comment voyez-vous les Jeux cette année ? 

Cette année, la célébration de sports non professionnels se passe chez nous. Quelle fierté d’accueillir le monde !
Or, les notions de fraternité sont bien malmenées par la guerre en Ukraine, en Israël, par les poussées dans toute l’Europe et en France d’idées de rejet de l’autre, de l’étranger, du pauvre.
Cependant, une source de réjouissance et d’admiration sera l’engagement d’athlètes handicapés.
 

Q. Le Denier de l'Église dans les Vosges a pour thème cette année : « Transmettons la flamme de la fraternité ». Comment ce thème vous parle-t-il ? 

Je vous avoue que je ne donne plus au Denier de l’Église depuis la prise de position de Mgr Barbarin (et d’autres) sur les crimes sexuels perpétrés par des prêtres sur des enfants. On ne peut pas transiger sur la justice. C’est, en plus de la sécurité, l’autre mission de l’arbitre que je suis. Ma réflexion actuelle en est à : on doit d’abord « payer » puis, peut-être, être pardonné. J’avoue d’ailleurs que le pardon m’est encore souvent difficile ; même si notre condition d’humain nous rend toutes et tous faillibles ; se dépêtrer dans nos contradictions nous fait peut-être avancer ?

J’insisterai sur le mot « transmission ». Peut-être à cause de mon âge (64 ans). Également à cause de mon engagement de bénévole au service de mon club d’aviron.
Mais aussi parce qu’il est de notre devoir d’adulte d’être exemplaire pour la jeunesse, d’être source d’espoir (de « flamme ») dans un monde qui s’annonce vraiment difficile, l’espoir que le monde ne peut aller mieux si l’acquisition de biens est le seul objectif, s’il n’y a pas la recherche collective de solutions pour le bien commun.

64 ans – Diacre, économe diocésain et rugbyman

« Aimer son corps réconcilié avec l’Esprit. »

Q. Une participation aux Jeux ?

N’ayant pas été sélectionné, ma participation sera modeste, limitée à l’encouragement télévisuel des athlètes – dont la
participation incarne le goût à l’effort et l’unité entre le corps et l’esprit –.
 

Q. Votre rapport au sport

Une grande aventure qui gouverne toute ma vie entre jeux, collectif et dépassement de soi. Je continue de
jouer au rugby qui est un des sports les plus complets en terme d’exigence totale.
 

Q. Votre rapport à la foi

La Foi est cette confiance que notre humanité est appelée au bonheur, on la reçoit par la Foi de l’Église des apôtres mais aussi de l’expérience de nos vies. 
 

Q. Comment liez sport et foi ? 

Le sport est une forme d’ascèse et d’accomplissement de bien être. La performance durable conjugue l’assomption de son corps et une vie spirituelle. C’est une école à l’apprentissage de s’aimer soi-même et d’ouvrir son horizon à s’aimer les uns et les autres.
 

Q. Comment voyez-vous les Jeux cette année ? 

Les Jeux vont montrer l’écart abyssal entre la désespérance d’une humanité unie et l’aspiration grandissime à vivre la paix et l’égalité.
 

Q. Le Denier de l'Église dans les Vosges a pour thème cette année : « Transmettons la flamme de la fraternité ». Comment ce thème vous parle-t-il ? 

Avec le Christ, nous n’avons ni à mépriser le corps ni à l’adorer mais à le sanctifier grâce à toute cette chaîne de la fraternité.

23 ans – Permanente CMR–MRJC, handballeuse

« Dans la nuit noire, sur la pierre noire, une fourmi noire. Dieu la voit » (proverbe arabe) 
« Aussi noire que soit la nuit, l’aube finit toujours par apparaître »

Q. Une participation aux Jeux ?

Oui bien sûr !
... Mais en tribune. Et encore, rien de sur mais je suis une grande sportive aussi derrière un écran donc les jeux oui, je vais les suivre sur les réseaux etc. (en priorité le handball et la natation) mais aussi, et surtout pour regarder mon cousin [Abel ABER] réaliser sa première sélection au JO en paracanöe.
 

Q. Votre rapport à la foi

Je ne sais pas trop, cette question résonne depuis de nombreuses années en moi. J’ai foi dans les relations humaines, en les gens que j’aime et plus particulièrement mes parents. 

Est-ce que j’ai un rapport avec la foi religieuse ? Bonne question. Je me considère athée car j’ai grandi dans deux religions et cultures en même temps. Ma mère étant musulmane (croyante mais pas pratiquante) et mon père catholique (idem), j’ai toujours été dans l’entre deux et je pense que cela m’a apporté deux fois plus d’expérience, d’amour, d’aventure, de passion, d’envie, de partage, et de réflexion.
Je n’ai jamais choisi et je ne choisirai probablement jamais. Et après tout, on n’est pas obligé d’être que dans une seule case, si ? 
Il met arriver de prier dans les moments les plus douloureux de ma vie, quand je n’avais plus espoir en l’Homme pour me venir en aide, pour protéger les miens qui me sont cher.

Ma foi religieuse, si j’en ai une, ne guide pas ma vie. Je dirais plutôt qu’elle apparaît et que j’y fais appel quand je suis en détresse émotionnelle. 
Je ne ressens pas le besoin d’y accorder du temps chaque jour, chaque semaine mais j’ai remarqué que, depuis que je travaille au sein du diocèse, je me sens apaisée par les gens qui m’entourent et qui vivent cette foi religieuse beaucoup plus que moi, et cela m’apporte beaucoup, ils m’apportent beaucoup.
 

Q. Comment liez sport et foi ? 

​Étant joueuse de handball en club, je dirais que ma foi religieuse intervient dans mon sport lorsque je tire un pénalty. Ça vous fera sûrement rire (et moi aussi) mais, quand je m’apprête à tirer, le silence est présent, prend vie. Il est là, je le ressens. Il m’apporte énormément de stress parce que mon équipe compte sur moi pour mettre ce but (surtout sur un match à score serré). Dans ces moments-là, je suis dans une petite bulle et je ne pense qu’à une chose… Mon grand-père qui est décédé en 2019. Il était croyant catholique. Je pense à lui et je prends confiance en mon tir. Voilà, comment je rallie ma foi religieuse et mon sport.
Mais avant toute chose, j’ai foi en mon équipe et aux objectifs que l’on s'est fixés.
 

Q. Comment voyez-vous les Jeux cette année ? 

C'est une occasion de mettre en avant la diversité sportive française. Je suis admirative des Jeux Paralympiques. Ayant dans ma famille trois personnes amputées (mon oncle, mon cousin et mon père), ces jeux me touchent plus particulièrement.
 

Q. Le Denier de l'Église dans les Vosges a pour thème cette année : « Transmettons la flamme de la fraternité ». Comment ce thème vous parle-t-il ? 

Ce Denier met en avant que la foi entre les Hommes prime sur toutes les autres sortes de foi. Il faut d’abord aimer son prochain, les autres comme nous nous aimons. Si je m’aime alors je peux aimer les autres. Si j’ai confiance en moi, alors je peux faire confiance aux autres.