L'échappée belle et recyclée du Biclou vosgien

Le Championnat de France de cyclisme en juin à Épinal, la Grande Boucle passée plusieurs fois dans les Vosges... On le remarque de plus en plus : les Vosges sont terres de champions en cyclisme sur route et en VTT. Mais notre département est aussi créateur de vélos : In'Bo, Khelys, Labyrinth Bikes, les cycles Léon ou encore les vélos à assistance électrique Moustache Bikes. En balade ou pour le sport, le vélo a le vent en poupe dans les Vosges. Mais qu'en est-il du recyclage de ce moyen de transport de plus en plus plébiscité car plus durable ?!  La réparation et la valorisation des vélos usagés sont un véritable enjeu.

Le vélo a connu différentes évolutions depuis 1817 avant de devenir le véhicule que l’on connaît aujourd’hui. Avec la sensibilisation grandissante à l’écologie et la crise sanitaire liée au Covid-19, le vélo fait des émules. Le site Planetoscope comptabilise près de 3 millions de vélos achetés chaque année en France, un chiffre qui ne cesse d’augmenter. Toutefois, en même temps, ce sont en moyenne 1,5 million de cycles qui sont jetés en déchetterie. Sans compter 25% des vélos détenus qui seraient inutilisés, laissés au fond d’une cave ou d’un garage. À l’échelle des Vosges, l’établissement d’optimisation des déchets par l’innovation et l’action Évodia a intégré la problématique des vélos et leur réparation dans le programme départemental de réduction des déchets à horizon 2025.
 

Avec la sensibilisation grandissante à l'écologie et la crise sanitaire liée au Covid-19,
le vélo fait des émules

Mobilité durable, résilience et solidarité

Des solutions existent pour donner une seconde vie aux cycles jetés ou inutilisés : associations ou plateformes de recyclage, autoréparation avec des bénévoles ou des experts, réemploi et valorisation des vélos en pièces détachées (par exemple des ceintures à base de pneus usagés, des tables basses, lampes, horloges ou même des sculptures).
Ainsi, le vélo a d’autant plus un faible impact environnemental. Sauf à un détail près : les batteries au plomb, au nickel ou au lithium des vélos à assistance électrique. Lorsqu’elles ne sont pas recyclées, il y a un risque de rejet des substances dangereuses dans l’environnement. La batterie n’est pas recyclable en entier (seulement 60 à 70%), mais leur valorisation tend à se développer à l’instar de centres spécialisés comme Euro Dieuze en Lorraine ou la start-up Recy’clo à Saint-Dié qui collabore avec l’Esat des Alisiers et La Poste.

Cette dynamique est portée en économie solidaire, notamment à travers les ateliers vélos solidaires et participatifs. Bien plus que la promotion d’un déplacement plus responsable, c’est aussi l’occasion de permettre à tous d’utiliser ce moyen de transport et de renforcer le lien social entre les habitants.

C’est notamment le cas à Épinal avec l’atelier d’insertion Le Biclou, géré par une équipe de bénévoles du Secours Catholique Caritas France depuis 2016. Actuellement au 16 rue Amand-Colle, le Biclou récupère auprès de particuliers ou de la déchetterie de Golbey une cinquantaine de vélos par an, les retape et les revend par la suite à petits prix. L’atelier accueille des jeunes en insertion âgés de 18 à 25 ans, avec l’appui de la Mission Locale.
Patrick Gaulard, retraité et bénévole responsable de l’atelier, met en avant l’aspect social important pour les jeunes dans le quartier de Bitola : « Ça permet de recycler, c’est de l’écologie, ça aide des gens… C’est parfait ! »
Lucas, 24 ans, bientôt en formation de cariste, a découvert le Secours Catholique à travers le Biclou et les autres ateliers (cuisine, jardin…). Depuis un an, il prend plaisir à rejoindre l’atelier chaque lundi : « Au départ, je n’y connaissais rien. En venant ici, je peux en apprendre davantage sur la réparation des vélos et désormais je peux réparer mon propre vélo ».

 

Émilie FEUILLÉ
Église dans les Vosges - Juillet/Août 2021