Raviver l'âme de nos villages et églises
Laudato Si' #45
Maison paysanne de 1605 à Bult après restauration, avec la Fondation du Patrimoine et Mission Stéphane Bern. Crédit photo : J.Balland |
Laudato Si’ est un plaidoyer pour la sauvegarde de la « maison commune ». Cela passe également par nos habitats propres, et les politiques locales et nationales incitent de plus en plus à la rénovation énergétique.
D’ici 2070, selon les dernières projections démographiques de l’Insee, le département des Vosges perdrait près de 30 % de sa population. Ainsi, les besoins en habitat ne seront plus les mêmes et la réflexion locale tend effectivement plus à la rénovation du bâti que la construction nouvelle.
La rénovation, fer de lance pour l’attractivité
Entre recherche d’efficacité et de simplification, textes législatifs et réglementaires, les politiques nationales et locales de l’habitat tendent à arrêter de consommer du foncier et de moins étendre les zones urbaines pour préserver la nature et pour requalifier les cœurs de nos villes et villages, dans le but de rendre les territoires plus attractifs avec des objectifs de sobriété, résilience et d’inclusion sociale.
C’est le cas aussi dans les Vosges. Une dizaine de communautés de communes ainsi que l’Agence technique départementale des Vosges (ATDV) ont lancé des commissions de reconquête du bâti rural afin de réhabiliter les anciennes bâtisses (i.e. tous bâtiments publics, dont les églises avant 1905) et accompagner les particuliers dans leurs démarches. Il s’agit de trouver des solutions et des aides pour rénover durablement aussi bien du point de vue patrimonial que du point de vue énergétique, tout en préservant la nature.
Quant au réchauffement climatique, dans quelques années, ce sera plutôt la chaleur qui sera problématique et non le froid. Sur ce plan, les fermes vosgiennes en moellons ont un fort atout : leurs propriétés permettent déjà de passer un été au frais!
Prendre soin de son habitat
Après plusieurs années à porter des projets de construction pour une entreprise privée, Marie a à cœur d’accompagner aujourd’hui les communes rurales dans leurs projets de réhabilitation. Pour cette jeune maman, catholique et pratiquante, ce sont des projets qui ont du sens !
« Ce n’est pas seulement prendre soin de son habitat, c’est aussi prendre soin de nos foyers, de nos proches. Il s’agit aussi de rénover ce que nos ancêtres ont construit et ne pas juste détruire ou jeter par facilité. C’est un acte militant en soi, contre la surconsommation. On peut minimiser l’empreinte de l’homme en termes de matériaux, d’énergie et de consommation par rapport à du neuf. » En effet, les collectivités et architectes cherchent à employer au mieux les spécificités du territoire, des savoir-faire et ressources locaux pour répondre aux enjeux énergétiques et techniques.
« C’est tout à fait en accord avec le fait de préserver notre maison commune. Ça nous remet aussi à notre échelle, nous humains, car nous cherchons à prendre le pouvoir partout, à vouloir construire toujours plus. Je trouve ça tellement anachronique par rapport aux enjeux actuels de préservation de l’environnement, des migrations et guerres qui en découlent… et là, des milliers de personnes travaillent pour construire en Arabie saoudite une tour qui fera deux kilomètres de haut ! Je pense à la Tour de Babel : l’Homme se croit plus fort que tout, avec des idéaux qui me paraissent complètement en décalage, à se dire qu’il peut construire jusqu’aux nuages… alors qu’il y a des choses bien plus importantes à faire. »
La simple rénovation du bâti : c’est remettre la vie dans nos villages et revaloriser la vie économique locale.
Émilie FEUILLÉ
Église dans les Vosges – Avril 2024