« L'Abbé Pierre – Une vie de combats »
Coup de cœur – Film de Frédéric Tellier
Le film est sorti dans les salles le 8 novembre 2023. Avec l’appui de la Fondation Abbé Pierre, le réalisateur Frédéric Tellier a lié jeux d’acteurs et images d’archives pour redonner vie à Henri Grouès sur écran seize ans après son décès. Il y montre, non pas simplement l’icône connue de tous, mais l’être humain dans toute sa complexité ainsi que les personnes qui ont fait ce qu’est le mouvement Emmaüs aujourd'hui.
Benjamin Lavernhe incarne la figure de l’Abbé Pierre, avec corps et âme, de ses 25 à 94 ans. Ainsi on découvre un portrait authentique du prêtre engagé : résistant, député, défenseur des sans-abris, révolutionnaire, iconoclaste... et un homme empreint de doutes, de fragilités. "Ce qui me touche particulièrement, ce sont les êtres humains, ce qui pouvait être derrière. (…) J'avais envie de montrer quelqu'un avec des creux et des pleins, avec des reliefs en fait, quelqu'un d'assez normal dans son quotidien, qui a été capable de la constance de sa bonté dans la longévité d'une vie incroyable." confiait Frédéric Tellier à Allociné.
Du couvent des Capucins de Crest aux bidonvilles de la banlieue parisienne, en passant par le maquis et l’Assemblée nationale, le film retrace le combat et le désir de justice sociale de l’abbé Pierre et de ses compagnons de route. La “voix des sans-voix" n’était pas seul à agir et le film rend un hommage particulier à Lucie Coutaz, co-fondatrice d’Emmaüs (incarnée par Emmanuelle Bercot). Miraculée de Lourdes et résistante, cette femme au caractère bien trempé était sa secrétaire, conseillère et amie durant près de 40 ans. À son décès en 1982, l’abbé Pierre dira que“pendant sa vie, l’on a mis dans sa main, la main des pauvres”, "sans elle, Emmaüs n'existerait pas”. Sans oublier le premier compagnon d’Emmaüs : Georges Legay, ancien bagnard et homme désespéré, incarné par Michel Vuillermoz, que l’abbé Pierre convainc en 1949 de renoncer à mettre fin à ses jours. Cette deuxième rencontre marque le véritable acte fondateur du mouvement, avec cette interpellation : “Viens m’aider à aider”.
À travers ce biopic, Frédéric Tellier retrace également le tableau d’une France marquée sur plusieurs décennies par les inégalités sociales et la pauvreté. Aujourd’hui, l’appel de 1954 et le discours de 1984 de l’ancien député de Meurthe-et-Moselle restent tout autant criants, à la lueur des rapports sur l’état du mal-logement en France que publie chaque année la Fondation Abbé Pierre.
Éternel insatisfait, dans le don de soi total, l’abbé Pierre se remettait toujours en cause et estimait qu'il restait tout à faire. Porté par l’Évangile et la parabole des pèlerins d’Emmaüs, il voulait redonner de l’espérance aux désespérés. Précurseur, son humanité et son altruisme se sont traduits dans l’un des préceptes essentiels du mouvement : “Servir avant soi qui est moins heureux que soi”. Pour Yann Fradin, président d’Emmaüs Vosges et vice-président d'Emmaüs France, ce combat continue tout autant aujourd’hui à travers plus de quatre cents groupes dans le monde (dont trois cents en France) : “L’image des personnes sans domicile fixe nous rappelle que la lutte contre le mal-logement est toujours essentielle et redevient dramatique alors que l’on pouvait penser que c’était derrière nous. (…) Quand on voit la réalité de l’engagement, quand on voit l’abbé Pierre, on peut retrouver beaucoup de bénévoles d’Emmaüs, des Vosges ou d’ailleurs, qui donnent des jours et des jours pour aider les personnes les plus démunies et faire que la solidarité se redéveloppe ou se perpétue sous de nouvelles formes pour répondre aux besoins d’aujourd’hui".
Film de Frédéric Tellier (2h13), avec Benjamin Lavernhe, Emmanuelle Bercot, Michel Vuillermoz, Antoine Laurent, Yann Lerat,..
Dans les salles depuis le 8 novembre.
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Émilie FEUILLÉ
Église dans les Vosges – Décembre 2023
Crédit photos : Jérôme Prébois