Le curé modérateur dans l’Equipe Paroissiale
Introduction
A ce jour, une large majorité des diocèses français a procédé à une réforme du réseau paroissial. C’est aussi le cas dans notre diocèse de saint Dié. D’où l’intérêt de s’interroger non seulement sur ces réaménagements pastoraux mais aussi sur la place du ministre ordonné, son identité, sa charge pastorale et l’exercice de la charge pastorale avec d’autres membres de la communauté ecclésiale. En septembre - octobre notre évêque et son vicaire général vont installer des nouveaux curés dans les paroisses qui ont la chance d’en avoir un ! L’occasion aussi pour moi d’engager ici cette réflexion sur l’office et la charge du curé ainsi que sa collaboration avec l’équipe paroissiale. Le réseau paroissial continue à assurer en grande partie la visibilité du fait chrétien et de l’Eglise. Je partirai de l’Ordonnance du 8 septembre 2012 de Mgr Jean-Paul MATHIEU et des textes canoniques qui traitent du curé et de la participation des laïcs.
1. L’office du curé
Dans l’article 5 § a de l’Ordonnance du 8 septembre 2012 relatif au curé modérateur, il est dit que : Par son ordination et par la mission que lui confie l’évêque, le prêtre est donné à une ou plusieurs paroisses pour y être signe du Christ Pasteur, c’est-à-dire signe du Christ qui, aujourd’hui encore, rassemble son Eglise, la nourrit et l’envoie témoigner. Cet article de l’Ordonnance reprend en fait plusieurs points du code de Droit canonique et mérite d’être explicité. Le canon 519 donne la définition suivante du curé : Le curé est le pasteur propre de la paroisse qui lui est remise en exerçant sous l'autorité de l’Evêque diocésain dont il a été appelé à partager le ministère du Christ, la charge pastorale de la communauté qui lui est confiée, afin d’accomplir pour cette communauté les fonctions d’enseigner, de sanctifier et de gouverner avec la collaboration éventuelle d’autres prêtres ou de diacres, et avec l’aide apportée par des laïcs, selon le droit. Et le canon 526 § 1 d’ajouter : Un curé n’aura la charge paroissiale que d'une seule paroisse ; cependant, à cause de la pénurie de prêtres ou d’autres circonstances, la charge de plusieurs paroisses voisines peut être confiée au même curé.
Ce qui revient à dire que dans chaque paroisse, il n’y aura donc qu’un curé ou qu’un curé modérateur au sens du canon 517 § 1 (cf. c. 526 § 2). La figure juridique du curé modérateur conduit à cette nouvelle possibilité : la charge pastorale curiale exercée « in solidum » par plusieurs prêtres. Là où les circonstances le requièrent (cf. c. 526 § 1), la charge pastorale d’une ou de plusieurs paroisses peut être confiée solidairement (in solidum) à plusieurs prêtres, à condition toutefois que l’un d’eux soit le modérateur de l’exercice de la charge pastorale, c’est-à-dire qu’il dirige l’action conjointe et en réponde devant l’Evêque diocésain (cf. c. 517 § 1). Les curés in solidum sont donc plusieurs prêtres qui, ensemble et unis, assument la charge, sont tenus ensemble par les devoirs, du moins tous les devoirs propres au curé et jouissent de même de ses prérogatives. La charge pastorale leur incombe ensemble dans la paroisse ou les paroisses qui leur sont confiées. Cependant l’un d’eux dirige l’action commune ou conjointe et en est personnellement responsable.
Il y a donc la charge de curé, ce que l’on appelle en droit canonique l’office de curé. Il s’agit à proprement parler d’un office, c’est-à-dire d’une fonction ecclésiale au sens du canon 145 qui présuppose que cette charge a été établie de manière stable. La stabilité signifie que l’office a été créé ou érigé par le droit ou l’autorité compétente. Dans ce cas la stabilité de l’office est de droit inhérente à l’érection de la paroisse ; il n’y a pas en effet de paroisse sans office de curé (cf. cc. 515 § 1 et 519). Cette « vérité » canonique traduit dans le droit cette même vérité théologique selon laquelle il n’y a pas de communauté ecclésiale sans pasteur.
Mais la stabilité signifie aussi que l’office comprend un ensemble d’obligations et de droits, autant que de pouvoirs, facultés et autres compétences déterminées par le droit, en l’occurrence par le Code de droit canonique (cf. cc. 519 s.). La notion de stabilité est ici synonyme d’objectivité des droits et devoirs inhérents à l’office (cf. c. 145). Outre la stabilité, ce qui caractérise l’office par rapport à une simple charge, c’est qu’il est en principe de nomination épiscopale : le curé est en effet nommé par l’Evêque diocésain (cf. c. 157).
Le curé est responsable du tout et non de tout : il ne fait pas tout mais il veille à ce que tout se fasse. Il ne dirige cependant pas seul, ni a fortiori de manière isolée. C’est ici qu’entrent en ligne de compte les autres clercs et des laïcs sur le plan de l’Equipe Paroissiale. Le canon 519 in fine prévoit en effet que « d’autres prêtres ou de diacres collaborent avec lui et que des fidèles laïcs lui apportent leur aide, selon le droit ».
Le prêtre exerce donc un ministère c’est-à-dire une responsabilité spécifique de gouvernement de la communauté, de son enseignement et de sa sanctification par les sacrements. C‘est ce qu’indique l’article 5 § a de l’Ordonnance du 8 septembre 2012. L’Ordonnance généralise l’application du canon 517 § 2 dans notre diocèse : dans chaque paroisse, une communauté de personnes « non revêtues du caractère sacerdotal » est appelée à participer à l’exercice de la charge pastorale. En outre, il n’y a pas de communauté ecclésiale sans pasteur : il y a nécessairement un curé ou curé modérateur dans chaque paroisse (cf c. 519 ; cf c. 515 § 1) - et un seul (cf c. 526 § 2). Cela ne crée pas une manière unique d’être curé au sein d’une paroisse puisque la charge curiale peut s’exercer envers une ou plusieurs paroisses (526 § 1), et que plusieurs prêtres peuvent exercer cette charge solidairement (in solidum) (cf c. 517 § 1). Vatican II rappelle à juste titre que si l’on quitte le champ de la responsabilité pastorale stricte, tous sont responsables et l’Eglise a besoin de tous, non pas simplement parce qu’il faudrait remplacer les clercs, mais parce que son domaine d’activité ne se limite ni à la gestion des communautés de baptisés, ni à la vie liturgique et sacramentelle (LG n° 10 ; AA n° 3-6).
Dans l’exercice de sa charge, par rapport à ce qui est dit au canon 519, le curé ou le curé modérateur n’est pas le « vicaire » de l’évêque ; il est « le pasteur propre » de la communauté paroissiale qui lui est confiée. Mais l’exercice de la charge curiale s’exerce sous l’autorité de l’Evêque diocésain : la paroisse est une cellule du diocèse, le pasteur de la paroisse doit donc être en communion hiérarchique avec le pasteur de l’Eglise particulière. Si le statut du prêtre et les fonctions d’un curé sont définies par le droit universel, le ministère d’un curé ou d’un curé modérateur n’a de sens qu’en communion étroite avec le ministère épiscopal, coopérant avec lui dans une obéissance fidèle, intelligente et active. Il va de soit que les ministres ordonnés doivent être les premiers à travailler « à l’église », « en église » et « pour l’église », serviteurs de la communion dans l’esprit fraternel (PO n° 2). A noter que la fraternité d’un presbyterium diocésain rassemblé autour de l’Evêque est à accueillir comme un don du Christ. Dans le Christ, les prêtres sont donnés les uns aux autres dans la diversité de leurs responsabilité pour que la mission soit assumée dans l’ensemble du diocèse.
Les trois charges (Enseigner, Sanctifier, Gouverner) sont explicitées pour le curé principalement par les canons 528-530 qui reprennent les dispositions du Décret Christus Dominus, n° 30, 1-2. Dans l’Église née de la Pâque du Christ, communauté tout entière sacerdotale par participation au sacerdoce du Christ, les prêtres sont choisis, institués et envoyés pour former et conduire le peuple sacerdotal, pour célébrer, en la personne du Christ, le sacrifice eucharistique et l’offrir à Dieu au nom du peuple tout entier (PO n° 3 ; LG 10). Ceux qui ont reçu le sacerdoce ministériel ont donc charge de donner visibilité sacramentelle à l’œuvre de salut du Christ, le Seul Grand Prêtre, le Seul Modèle d’Autorité, et au don de l’Esprit qui poursuit son œuvre dans le monde et achève toute sanctification. C’est en s’identifiant au Christ Grand Prêtre, que le prêtre curé ou curé modérateur préside la communauté des fidèles. C’est en effet cette qualification première de prêtres du Christ qui les requiert comme ministres de la communauté, pasteurs d’un peuple royal, au service de sa croissance, de son unité et de sa mission dans le monde (PO n° 3). De même c’est dans la mesure où elle est liée à l’exercice sacerdotal et sacramentel de leur ministère que leur parole a une réelle spécificité prophétique.
Quelques aspects importants :
La dimension missionnaire : l’annonce de l’Evangile doit rejoindre tous ceux qui vivent dans la paroisse (cf. cc. 528 § 1 et 771).
La responsabilité de la liturgie (cf. c. 528 § 2), des sacrements (cf. c. 530) et de leur préparation (cf. c. 843 § 3) ; le souci que l’Eucharistie constitue le centre de l’assemblée paroissiale (canon 528 § 2). Il appartient donc au ministère pastoral de symboliser l’unité christologique de ces différentes fonctions et de veiller à leur communication tout autant qu’à leur exercice.
La « présence pastorale » aux membres de la communauté avec ce qu’elle suppose : connaissance, part prise aux soucis, angoisses, deuils…, attention aux plus pauvres, maladies, accablés… (cf. c. 529).
La reconnaissance et la promotion de la part propre qui revient aux fidèles laïcs,
individuellement ou en groupe, dans la mission de l’Eglise et la stimulation des laïcs à prendre en charge la communion au sein de la paroisse pour qu’ils se sentent membres de l’Eglise diocésaine et de l’Eglise universelle (cf. c. 529 § 2 ; AA n° 2-4)).
2. L’exercice de la charge pastorale du curé modérateur
L’article 5 § c de l’Ordonnance du 8 septembre 2012 affirme que : le curé modérateur est le pasteur propre de la paroisse, chargé de modérer l’exercice de la charge pastorale de la paroisse auquel participent officiellement une ou plusieurs personnes. Il est le garant de l’ecclésialité de toutes les actions entreprises au nom de la paroisse afin qu’elles ne soient jamais démunies des valeurs évangéliques qui normalement les animent et auxquelles elles renvoient. Il veille également à ce que les activités paroissiales ne soient jamais en contradiction avec l’énoncé de la foi catholique. La charge curiale n’impose pas au curé la responsabilité de faire tout par lui-même, mais celle de veiller à ce que soit fait, et correctement, tout ce qui exige le service de la communauté. Ainsi, par exemple, le curé ou le curé modérateur veillera à la formation catéchétique dans sa paroisse (cf. cc. 528 § 1 et 773) ; il ne sera pas seul pour autant à assurer la catéchèse (cf. cc. 774 et 776) ; mais il lui revient d’y pourvoir et de s’assurer qu’on s’en acquitte soigneusement et correctement. Il en va de même pour la prédication ou la célébration des sacrements, qui relèvent notamment de la responsabilité du curé pour sa paroisse et ses paroissiens, même si d’autres que lui (mais jamais à son insu et sans sa permission au moins présumée) peuvent, de fait, assurer ces services.
Dans l’exercice de la charge curiale, il y a donc co-responsabilité entre le curé et les autres membres de l’Equipe paroissiale comprise comme l’Equipe de direction. La co-responsabilité ne veut pas dire que les laïcs remplacent, ou prennent la place des ministres ordonnés ! Dans une perspective trinitaire, tous sont égaux dans le peuple convoqué par le Père, tous sont différents dans l’unique Corps du Christ, tous sont animés et unis par les dons de l’Esprit. L’Église est foncièrement une communion, mais une communion organique, diversifiée et plurielle. Par leur participation à la vie divine, en vertu du baptême et selon la diversité des dons de l’Esprit, les chrétiens sont rendus « co-responsables » de la vie ecclésiale et de la mission évangélique.
La co-responsabilité de tous légitime la synodalité ecclésiale, celle-ci étant une qualité de l’Église qui tient conseil en vue de la réalisation de l’œuvre commune, l’annonce de l’Évangile en ce lieu. Au sein du Corps ecclésial du Christ édifié par l’Esprit Saint, parmi les fidèles (cf. c. 207 § 1), quelques-uns assument ainsi une fonction particulière au service de tous sous la présidence d’un seul, qui figure le Christ, tête de son Corps. C’est la dimension symbolique du ministère ecclésial : ce rapport entre « un pasteur, quelques-uns et autres ministres » et « tous les autres fidèles » fait « tenir ensemble » la communauté. Le pasteur et les autres ministres signifient et réalisent qu’il n’y a d’Église de Dieu que par le Christ et dans l’Esprit, de qui vient la grâce du salut, l’offre d’alliance. Pas d’Église sans la grâce. Les fidèles signifient et réalisent qu’il n’y a pas d’Église sans l’adhésion libre de la foi, la célébration du salut et le service de notre humanité appelée à son achèvement. Pas d’Église sans la foi.
À l’instar de l’Evêque diocésain, les prêtres sont habilités en vertu de leur ordination à la présidence ecclésiale et eucharistique des communautés qui leur sont confiées. L’ordination est en effet une habilitation à exercer une mission, un ministère ; elle confère de ce fait la grâce indispensable pour l’exercer. Comme pour les Evêques diocésains, l’habilitation en question concerne le ministère de présidence de l’Église et de l’eucharistie. Ils garantissent à ce titre-là l’apostolicité de la foi de l’Église dans les communautés qui leur sont confiées et avec les autres communautés ecclésiales.
C’est ainsi que par leur ministère, en raison de la grâce de l’ordination, les prêtres signifient et réalisent, comme les Evêques diocésains étant donné l’unité de consécration et de mission, la seule et unique médiation sacerdotale du Christ, tête du Corps ecclésial édifié par l’Esprit Saint. Comme l’Evêque diocésain, les prêtres exercent un ministère sacerdotal de présidence ecclésiale et eucharistique, en l’occurrence in persona Christi. Comme lui, ils figurent sacramentellement le Christ, le bon pasteur par excellence, qui conduit son Église vers le Royaume, pour qu’elle devienne toute entière un peuple sacerdotal, prophétique et royal. Leur ministère est apostolique en cela même qu’ils sont institués pour être les garants de l’apostolicité de la foi.
Les diacres sont, en vertu de leur ordination, envoyés pour servir le rassemblement ecclésial. L’ordination diaconale est une habilitation pour servir. Au rang qui est le leur, les diacres garantissent l’apostolicité de la foi vécue dans la charge ou la fonction ecclésiale que l’Evêque diocésain leur confie dans la pastorale ordinaire ou aux avant-postes de la mission, selon les besoins en la matière. Par leur ministère diaconal, les diacres figurent sacramentellement la diaconie du Christ à laquelle toute l’Église est appelée. Ils entraînent les baptisés à devenir un peuple de serviteurs et ils redonnent à ce monde le goût du service. Le diaconat s’articule avec le ministère des pasteurs en étant à leur service et au service des communautés appelées à entrer dans la diaconie du Christ et à s’ouvrir à l’action de son Esprit. La figure christique du serviteur s’intègre ainsi à celle du pasteur contribuant de la sorte à manifester, dans l’unité du ministère ordonné, l’indissociable identité du Christ, pasteur et serviteur.
Co-responsabilité baptismale de tous et collaboration ministérielle de quelques-uns. Ce n’est pas de tous les autres laïcs qu’il s’agit, à savoir de ces baptisés qui permettent à l’Église de prendre corps en ce lieu et participent à l’annonce de l’Évangile, qui prennent part à la célébration de la liturgie et des sacrements et contribuent à la sanctification du monde, au service de l’humanité et à l’accomplissement de l’histoire. Parmi les fidèles laïcs, certains (les coordinateurs, les Laïcs en Mission Ecclésiale ), se voient appelés à accomplir un service ou à exercer un « ministère ». Les coordinateurs laïcs se singularisent par rapport à tous les autres fidèles laïcs du fait de leur engagement dans une Equipe Paroissiale. Donc le ministère ordonné ne confisque pas toute la réalité ministérielle de l’Église.
C’est en vertu de leur baptême et en fonction des charismes qui sont les leurs, que des laïcs sont susceptibles d’être appelés par l’Église, quelles que soient les modalités de cet appel et du discernement qu’il présuppose, pour assumer des services ou des ministères indispensables pour édifier l’Église et contribuer à sa mission en ce lieu. Ils participent « de plus près » à la charge pastorale (cf. AA 24). Il faut bien mesurer l’apport d’une Equipe Paroissiale. A la dimension christologique du ministère de présidence du curé, l’Equipe Paroissiale ajoute ou plutôt valorise la dimension pneumatologique de l’exercice de son ministère. Celle-ci consiste en la reconnaissance et la promotion des charismes des fidèles, en l’occurrence appelés à la direction de la communauté (cf. LG 12b ; AA 3d ; cf. c. 275 § 2). Bien plus, c’est désormais avec ces proches collaborateurs que le curé ou le curé modérateur discerne l’action de l’Esprit en ce lieu.
Les clercs habilités en vertu de l’ordination à exercer le ministère reçoivent les charges ou les fonctions ecclésiales (cf. c. 145) indispensables ou pour le moins utiles pour la prise en charge pastorale de la paroisse à laquelle ils sont affectés. A l’instar des clercs, d’autres fidèles que des clercs se voient confier une charge, voire un office pour l’accomplissement de la mission de l’Église (cf. c. 228, cf. c. 145), et plus particulièrement au sein de l’Equipe Paroissiale et pour le service de la paroisse.
Les membres (clercs et laïcs) d’une Equipe Paroissiale sont titulaires d’une fonction ecclésiale (un office, au sens du c. 145), ou à défaut d’une charge ecclésiale. À cet effet, ils ont dû faire preuve d’idoinéité au jugement de l’autorité compétente et ils ont été appelés à cette charge selon les usages et le droit particulier du diocèse. Pour les clercs comme pour les laïcs, on ne se fait pas ministre de l’Église ; on est fait ministre de celle-ci et établi à son service. On la sert ; on ne se sert pas. Il n’y a pas d’autoproclamés au service de l’Église. Cependant, il est préférable de garder la distinction au sein de l’Equipe Paroissiale entre le curé et les autres membres de l’Equipe du fait même de la diversité des conditions canoniques des uns et des autres et de leurs attributions respectives.
3. Le nous ecclésial ou l’importance de la communauté
A travers l’image du curé, on aperçoit celle de la communauté paroissiale. Si le curé doit veiller à situer l’Eucharistie au centre de l’assemblée paroissiale, on pressent qu’il ne mènera pas cette tâche à bien sans le concours de la communauté. Si le souci des plus pauvres ou des malades lui incombe, il est clair qu’il ne peut le porter seul. Il n’en va pas autrement pour l’annonce de l’Evangile à tous ceux qui sont loin de l’Eglise. La conception de la communauté ecclésiale inclut le ministère pastoral hiérarchique comme élément structurant de l’assemblée des fidèles.
Le rôle imparti au curé (présidence), le rôle reconnu aux autres fidèles, semble minimiser l’exercice de la co-responsabilité au sein de la communauté paroissiale. Les formules du Code ont l’avantage de souligner la responsabilité originale et inaliénable qui revient à celui qui exerce la charge curiale, la paroisse étant reconnue comme une personne juridique publique constituée d’un ensemble de personnes non collégial (cf. c. 115 § 2). Cela ne réduit pas la responsabilité des autres membres de la communauté, mais invite à trouver pour les différents conseils ecclésiaux un mode de fonctionnement original qui respecte les différentes manières d’exercer en communion hiérarchique la commune responsabilité des baptisés. Le Christ reste l’unique modèle d'autorité et pour les prêtres comme pour les fidèles laïcs.
Le regroupement paroissial (Ordonnance du 8 septembre 2012) a favorisé une vie ecclésiale plus synodale et une meilleure inculturation de la foi. C’est dans cette perspective que trouve tout son intérêt et sa pertinence l’Equipe Paroissiale (cf. c. 536 ; Ordonnance art. 6 et 8). Aujourd’hui les prêtres (curés modérateurs) ne peuvent assurer leur ministère sans viser à la fondation et au soutien de communautés locales qui soient de véritables foyers de vie chrétienne et d’évangélisation.
Au sein de chaque communauté locale, le curé exerce avec l’Equipe Paroissiale sa vigilance particulière sur plusieurs points : que les chrétiens en responsabilité aient le souci d’assurer leur tâche propre (coordination, annonce de la foi, liturgie, solidarité…) ; qu’ils suscitent partout où c’est possible de véritables communautés priantes, fraternelles et missionnaires ; que les chrétiens de la communauté locale soient attentifs aux événements, aux attentes et au travail de l’Esprit dans la population où est implantée la communauté locale ; qu’ils portent attention à l’histoire, à la personnalité propre, au milieu social de chaque communauté locale pour qu’elle fasse fructifier ses talents. Le curé aura à cœur d’appeler des baptisés, en fonction de leurs charismes, à différentes responsabilités comme aussi à des ministères (presbytéral, diaconal, ministères confiés à des laïcs). Il s’agit de manifester au sein de la communauté locale que le Christ convoque la communauté et la préside. Et cela en y suscitant la prière et en y célébrant l’Eucharistie selon les possibilités.
Vis-à-vis de l’ensemble des communautés locales d’une même paroisse, le curé modérateur, avec le concours de l’Equipe Paroissiale, assure le service essentiel de la communion. Il veille à ce que chaque communauté ait le souci des autres communautés locales afin que la paroisse soit réellement une communion de communautés. Il a à cœur de rassembler régulièrement dans une célébration eucharistique festive, les différentes communautés de la paroisse. Il apporte son soutien à la formation, à la responsabilité pastorale des coordinateurs et des chrétiens en responsabilité dans les communautés locales. Il veille à ce que nul ne s’approprie son service dans la communauté locale et à ce que soit assuré le renouvellement des membres ainsi que le mode de prises de décision et de fonctionnement de l’Equipe Paroissiale.
Conclusion
Dans le Christ, chacun des baptisés est appelé à être prêtre, notamment par sa participation à la vie liturgique et sacramentelle de l’Église et par sa prière personnelle. Dans le Christ, chacun des baptisés est appelé à être prophète, à annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ autour de lui. Dans le Christ, chacun des baptisés est appelé à être roi, à porter attention au bien être de tous, à être co-responsable pour la vie de l’Église, pour la vie sociétale. Certains sont appelés à être prêtre, prophète et roi d’une façon ministérielle et ont la charge de présider les célébrations au nom du Christ, d’être ces pasteurs, et d’enseigner avec autorité la foi reçue des apôtres (AA n° 24).
J’espère que ces quelques lignes aideront à poursuivre la réflexion sur la manière de vivre l’ecclésialité dans notre diocèse.
P. Gilbert NZENZEMON
PLS de saint Dié








