De Virginie à l'Ordo Virginum

Consécration de Virginie Vorkaufer – 25 juin 2023

Membre de la communauté paroissiale de Saint-Dié, Virginie Vorkaufer va entrer dans l'ordre des vierges consacrées : Ordo Virginum. Cette première consécration dans ledit ordre pour le diocèse aura lieu lors de la messe présidée par Mgr Berthet, en la cathédrale Saint-Dié le dimanche 25 juin à 10h, aux côtés du baptême de sept jeunes. 


Ordo Virginum : les « épouses du Christ »

Dès les premiers siècles, des femmes étaient consacrées à Dieu par leur Évêque. Les vierges consacrées vivent « dans le monde sans être du monde ».
Elles menaient une vie de prière et de don aux autres tout en restant dans leur famille. C’est ainsi qu’en France, sainte Geneviève de Paris fut consacrée après son appel par saint Germain vers 440.  Après le développement de la vie monastique puis des congrégations religieuses, les vierges consacrées dans le monde subsisteront parallèlement aux moniales mais deviendront de plus en plus rares. À la différence des ordres religieux, l’ordo virginum n’a ni règles ni structures communautaires.
Le concile Vatican II a donné un souffle nouveau à l'Ordre des vierges consacrées à travers le monde entier. Aujourd'hui en France, elles sont environ 500 et de plus en plus nombreuses dans divers pays de tous les continents.

Celles qui rejoignent l'Ordre des Vierges consacrées ont une vocation ancienne et nouvelle, dont la spécificité est l'engagement nuptial avec le Christ-Époux. La vierge consacrée est alors dite « épouse du Christ ». Le Catéchisme de l'Église catholique (CEC §922) rappelle que « dès les temps apostoliques, des vierges chrétiennes, appelées par le Seigneur à s’attacher à Lui sans partage dans une plus grande liberté de cœur, de corps et d’esprit, ont pris la décision, approuvée par l’Église, de vivre dans l’état de la virginité “à cause du Royaume des cieux” ». 

Au cœur de l’Église catholique, cette vocation est à la fois :

Vocation virginale

“​Je vous ai unis au seul Époux : vous êtes la vierge pure que j’ai présentée au Christ”  ​ (2 Co 11, 2)

La consacrée s'engage, par une « décision irrévocable », à « vivre dans la virginité perpétuelle » et doit se mettre sans réserve à la suite du Christ, selon la radicalité de l’Évangile.

 

 



 

Vocation sponsale

“​Comme un jeune homme épouse une vierge, ton Bâtisseur t’épousera”   ​(Is 62,5)

La vierge consacrée se laisse épouser par le Christ et le Christ aime l'Église son Épouse. Cette vocation est signifiée par l’anneau passé au doigt. Elle devient alors « signe de l’amour
de l’Église pour le Christ son époux »
et image de la vie à venir : toute son existence s’ordonne désormais à cette fin et tout lui devient occasion de signifier concrètement l’Alliance de Dieu pour son peuple.



 

Vocation maternelle 

Pousse des cris de joie, toi qui n’as pas enfanté selon la chair : plus nombreuse sera ta postérité !"  (Is 54, 1)

Parce que l'Église est mère.
À la suite de la Vierge Marie, la vierge consacrée recherche sans cesse à accomplir la volonté du Père et s’ouvre ainsi à une fécondité spirituelle.


 

 

Ainsi la vierge consacrée est amenée à vivre :

Une vie de prière

"L’Esprit et l’Épouse disent :
viens ! Maranatha !"   (Ap 22,17)

La prière est la vocation première de la vierge consacrée : un appel à hâter, dans une confiance vigilance , « la venue du Seigneur dans sa gloire » (Mt 25,31).  Lors de la célébration, l'évêque lui remet le livre de prière de l'Église : la Liturgie des Heures. 




 

Au cœur même de l'Église

"L'amour de ta maison m'a perdu"   (Ps 68,10)

La consacrée n’entre pas dans une structure nouvelle : sa communauté n’est autre que son diocèse dont elle partage la vie ecclésiale.
Quelle que soit la manière dont la vierge consacrée est impliquée dans le diocèse, elle sait que sa prière et sa mission s’étendent aux dimensions du monde, qui sont celles de l’Église universelle.

Dans un esprit de service

"Ta femme sera dans ta maison comme une vigne généreuse..."   (Ps 127,3)

Les vierges consacrées sont « vouées au service de l’Église », en harmonie avec la vocation personnelle de chacune. Elles travaillent à l’annonce de l’Évangile et au service de leurs frères « selon leurs charismes respectifs », dans une grande diversité d’âges, de situations et professions, de spiritualités et mouvements d’Église.

 


 

 Le rite de la Consécration des vierges est considéré depuis 1970 par la Congrégation pour le culte divin comme l'un des « plus précieux trésors de la liturgie romaine (...) Le Christ Jésus a laissé à son Église l’héritage de la virginité consacrée comme un don particulièrement noble ».  C'est la raison pour laquelle l'Église, dès ses origines, a l'habitude de confirmer le vœu de virginité par une prière solennelle de consécration. 

 

Le rite de la consécration


Crédit photo : Patrick Ordonneau,
Diocèse de Versailles

Dès les origines de l'Église, l​a traditionnelle consécration des vierges a conduit à l’élaboration d’un rite solennel (Ordo consecrationis virginium) par lequel « celle qui a choisi de vivre dans la virginité est constituée comme une personne consacrée, signe transcendant de l’amour de l’Église pour le Christ son époux, image eschatologique de la vie à venir. »  (Rituel Ordo consecrationis virginum, Préliminaires, I)

Pouvant être célébré au cœur d'une célébration eucharistique, le rite comporte plusieurs étapes. Après présentation des candidates et liturgie de la Parole, l'évêque appelle et dialogue avec les candidates. Il leur demande si elles veulent persévérer dans leur volonté de consécration. Suivent la prière litanique, l'expression publique de la décision irrévocable de virginité (le Propositum). Puis l'évêque consacre solennellement les vierges par la prière consécratoire où l'Église demande à Dieu de les combler des dons de son Esprit. 

Sont ensuite remis des insignes, symboles de la consécration : 

  • Un voile et une alliance pour symboliser l'union de « l'épouse » au Christ et à l'Église
  • Le livre de la prière de l'Église pour la mission de prière à travers la Liturgie des Heures
  • Un cierge ou une lampe pour symboliser la lumière du Christ 

 

VIRGINIE VORKAUFER – FUTURE VIERGE CONSACRÉE DANS LE DIOCÈSE
La Miséricorde de Jésus m'attendait

Virginie entrera dans l'ordre des vierges consacrées le dimanche 25 juin 2023, lors de la célébration eucharistique à la cathédrale Saint-Dié à 10h.

Lorraine, Virginie Vorkaufer a grandi dans une famille éloignée de l’Église, peut-être même contre l'Église. La jeune femme ne se rappelle pas des paroles exactes, mais se souvient s’être sentie interpellée lorsqu’à sept ans une amie d'école lui a parlé du caté. Et d’avoir voulu y aller. Ses parents l’ayant autorisée à y assister, Virginie a gardé en mémoire sa joie de se rendre à la messe. « Je pense que j'avais rencontré Dieu, quelqu'un qui m'aimait profondément et vraiment ».

Devenue adolescente, elle s’éloigna de l'Église et de Dieu qu’elle voyait alors davantage comme un frein à sa vie, avec nombre de normes à respecter, plutôt qu'une rencontre d'amour entre Jésus et elle. « Puis, au travers de mes études et de mon premier emploi, enseignante en école privée catholique, j'ai renoué avec le Christ…plus exactement, Jésus m'attendait là, me cherchant. »

Un parcours ALPHA, des sessions pour jeunes professionnels avec la communauté du Chemin… ont affiné ce besoin de Le connaître vraiment.  « J'ai rencontré des chrétiens engagés qui m'ont conduite à redécouvrir ce Dieu d'amour de mon enfance et à choisir de L'aimer. »

Un jour, méditant l’évangile du Fils prodigue, elle entendit cette parole : « Rentre chez ton Père, Il t’attend ». Une force a envahi tout son être « Alors s’est "imposée" à moi la Miséricorde de Dieu, j'ai vécu au plus profond de moi cet amour inconditionnel de Dieu pour moi, ce Père qui m'attendait et m'espérait depuis toujours bien au-delà de ce que j'ai pu faire ou être… À ce moment-là, beaucoup de larmes ont coulé. Des larmes de culpabilité, mais surtout des larmes de joie de me sentir aimée, accueillie, désirée, attendue… »

Après avoir longtemps combattu contre l'idée que peut-être le Seigneur l'appelait à une autre forme de vie que celle du mariage, la question de la vie religieuse s'est posée. Cet Amour miséricordieux de Dieu, Virginie ne voulait pas le garder ni le vivre que pour elle.  « J’ai lutté un moment par crainte de ma famille, de mes amis et de mes limites. Mais Dieu insistait avec toute la douceur et la patience qu’Il a pour chacun de Ses enfants. « Tu m’as séduit et je me suis laissé séduire » (Jr 20,7) dit le prophète Jérémie, j’ai alors ouvert mon cœur au Seigneur. » 

Attirée par le nom de Sainte Faustine, apôtre de la Miséricorde, une recherche sur internet fit apparaître en première ligne, les « Sœurs de Marie Joseph et de la Miséricorde ». Ce fut décisif.

« Bien que la prison m’impressionne, cette famille religieuse me correspondait parfaitement ! Sans plus tarder, j'ai envoyé un mail, un appel ».

Rapidement, reçue à la communauté de Fleury-Mérogis, en février 2014, Virginie entre en postulat, un temps de découverte des sœurs et de leur mission, de leur service au sein de la prison de Fleury-Mérogis. « J’ai alors été initiée à partager, avec les personnes détenues et mes sœurs de communauté, la Miséricorde que Dieu m’avait fait goûter. Ainsi, se confirmait mon choix d’offrir ma vie à Dieu pour être avec mes sœurs, à la suite de nos Fondatrices « passeur » de Sa Miséricorde. J’ai donc demandé à entrer au noviciat en septembre 2014. »

« Durant cette étape de deux ans, j’ai vécu un temps de désert pour ancrer le don de ma vie au Seigneur, dans cet unique amour avec Lui. Avant d'accomplir une mission, je suis Son Épouse. Ce fut un temps de découverte et d’approfondissement de son amour pour moi et de mon amour sans partage pour Lui, mais aussi de détachement de mes manières de faire, d'être, de penser, d'autonomie et indépendance pour entrer dans une autre forme de liberté.  J'ai vécu seule plusieurs années et la vie communautaire est le premier lieu de mission. Lieu qui pour moi chaque jour est un défi, un combat. »

Au cours de noviciat, elle découvre davantage les différentes missions que le Seigneur a confiées à sa famille religieuse : les prisons, mais aussi les foyers d'accueil pour femmes victimes de violence conjugale.

Le 17 septembre 2016, elle prononce ses premiers vœux, elle est alors envoyée en communauté, en Espagne. À chacun son cheminement, en août 2020, Virginie Vorkaufer quitte la vie religieuse pour le service social dans plusieurs écoles. Elle obtient un poste à Saint-Dié-des-Vosges. « Je n’ai jamais remis en doute ni ma foi ni l’Appel de Dieu. J’ai beaucoup prié sainte Faustine. Le Christ est revenu à ma rencontre.  Ce métier, c’est la mission que le Seigneur m’a donnée. Je suis entrée dans l’Ordre des Vierges consacrées. J’espère ainsi ouvrir des portes à d’autres femmes.»

Bientôt officiellement désignée Vierge consacrée lors d’un rite liturgique solennel célébré par l’évêque, Virginie Vorkaufer s’engage dans le célibat et la chasteté. Et conforte sa spiritualité avec l’aide des exemples de la Vierge Marie son modèle de consécration, avec sainte Thérèse d’Avila et saint Jean de la Croix.

Josée TOMASI
Église dans les Vosges – Juin 2023

Le témoignage « Talents de Frères »

 

 



Dossier par Émilie FEUILLÉ

Sources : https://ordovirginum.fr, Diocèse de Paris

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