Bien chères paroissiennes, bien chers paroissiens
En ce vendredi nous entamons l'acte deux du triduum pascal; la Passion-mort du Christ.
Quel est le sens de cette mort? À quoi nous invite-t-elle?
Merci à l'abbé Stanislas de nous donner une ébauche de réponse à travers sa méditation des textes de ce jour.
Dans la foi et surtout dans un désir profond de conversion vivons cet acte II qui nous mène à la Gloire du Ressuscité.
Sainte journée.
"Ir adelante siempré!"
Dieu bénisse.
Abbé Éric TRAORE.
Paroisse N.D du Val de Meurthe
20, rue de l'Église
88230/ Fraize
Tél :+33 3 29 50 30 50 / +33 7 53398792
France
Homélie du Vendredi Saint

Textes : Is 52,13 à 53,12 ; Ps 30 ; He 4,14-16 ; 5,7-9 ; Jn 18,1 à 19,42
Bien-aimés de Dieu, nous célébrons, en ce jour, la Passion du Seigneur. Célébrer la Passion du Seigneur, ce n’est pas se faire violence, une fois par an, pour aller assister passivement à un spectacle tragique. Ce n’est pas non plus commémorer la mort d’un ami qui était "un type formidable". C’est beaucoup plus que cela. Célébrer la Passion du Seigneur, c’est essentiellement vivre une conversion ; une conversion semblable au retournement de la foule dans la première lecture.
En effet, cette foule anonyme livre son témoignage en utilisant le pronom « nous ». Elle évoque le lynchage et la condamnation à mort d’un anonyme que Dieu appelle « mon serviteur ». La foule pensait que cet homme défiguré était un pauvre type de plus, un étranger bien différent et extérieur à leurs vies. Elle se situait donc à distance ou de haut, gênée devant ce spectacle à la fois embarrassant et consternant. Rien de neuf donc, jusqu’au moment où la lumière de Dieu s’engouffre dans leurs cœurs et que leurs yeux s’ouvrent, enfin. Ce retournement soudain de regard et cette conversion sont exprimés en quelques mots : « Pourtant c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. » En d’autres termes : ce que vit cet homme a quelque chose à voir avec nos propres vies. Bien plus, il porte une responsabilité qui n’est pas la sienne, mais la nôtre. Oui, cet homme, c’est déjà, en filigrane, l’Agneau de Dieu qui porte le péché du monde, qui le porte pour le supprimer.
Une connaissance, après que je lui ai reproché son caractère régulièrement plaintif, la semaine dernière, avait pris cette résolution pour terminer la conversation : « pendant les fêtes pascales, je chercherai à ne plus penser à moi, mais à penser plus aux autres et à m’occuper de Jésus. Je ne me plaindrai pas ; même pas dans ma prière. Je ne veux pas parler de mes problèmes durant le triduum pascal à Jésus. J’aurais l’impression de lui en rajouter sur les épaules, lui qui sera entrain de souffrir énormément pour nous. » Cette résolution, malgré ces imprécisions, est, peut-être, le signe d’une délicate amitié avec le Seigneur en gestation.
Pourtant, si nous venons célébrer la Passion de Jésus, ce n’est pas simplement à la manière dont on va consoler un ami. De consolateurs, Jésus n’en a presque pas eu. Et, je ne suis pas sûr qu’il en ait besoin aujourd’hui, ici et maintenant. Ce qu’il veut, je le souhaite, c’est que nous comprenions nous aussi, comme la foule, que ce sont nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. Ce qu’il veut, c’est que nous fassions le lien entre sa vie et notre vie. Inutile donc de penser que nous allons lui en rajouter par nos problèmes ! Au contraire, notre conversion, c’est de reconnaître que nous sommes impliqués dans la Passion de Jésus. « C’est pour nous que le Christ a souffert » (1 P 2, 21). Sa Passion, c’est sa Passion d’Amour pour nous, pour chacun et chacune.
Frères et sœurs, célébrer la Passion du Seigneur, en définitive, c’est se laisser sauver par Jésus. Au moment de vénérer la Croix de Jésus, ouvrons notre cœur et déposons au pied de la Croix ce qui nous empêche d’accueillir son amour. Alors la Passion d’Amour de Jésus ne sera pas vaine pour nous. Alors, oui, cette année, nous aurons pleinement célébré la Passion du Seigneur.
Abbé Stanislas SOW



















