L'Esprit est à l'œuvre

L'ESPRIT EST À L'ŒUVRE

Dans une conférence vigoureuse à des étudiants brésiliens au sortir de la Deuxième guerre mondiale, Bernanos évoque l’espérance, « détermination héroïque de l’âme » dont la « plus haute forme est le désespoir surmonté ». Elle est, dit-il, « la plus grande et la plus difficile victoire qu’un homme puisse remporter sur son âme ». Il nous faut réentendre ces paroles à l’heure où espérer semble si difficile voire impossible : guerre, exil, terreur, violence... jusqu’à nos portes, nous sommes saturés d’images et de récits insoutenables. Face à cela, au vu de notre impuissance, grande est la tentation de l’à quoi bon ? et du désespoir – ultime victoire du démon.

Poursuivons avec Bernanos : « On ne saurait expliquer les êtres par leurs vices, mais au contraire par ce qu’ils ont gardé d’intact, de pur, par ce qui reste en eux de l’enfance, si profond qu’il faille chercher. » Cette ‘foi en l’homme’ n’est pas réservée aux chrétiens, mais elle n’a pas de ressort plus puissant que la foi en Dieu qui nous crée chacun à son image, et qui, en Jésus-Christ, partage notre humanité pour la sauver du chaos et de la mort. En représentant la crèche où repose l’enfant Jésus devant un abîme sombre, les icônes orientales nous rappellent qu’il n’est de ténèbres si profondes que Dieu ne puisse y descendre nous y chercher.

Le temps de l’Avent nous est ainsi offert pour renouveler notre espérance, en apprenant à recevoir aujourd’hui la Parole, le Verbe de Dieu fait chair. Recevoir une parole, écouter : les six participants français au synode romain ont témoigné à Lourdes lors de l’Assemblée plénière de la Conférence des évêques de France de l’expérience très forte qu’ils y ont vécu. La ‘conversation dans l’Esprit’, bien plus qu’une méthode a été le lieu où a pris corps une parole plus profonde que tout ce qui avait été dit par les uns et les autres, une parole fécondée par l’Esprit. Plusieurs participants aux rencontres qui ont eu lieu à travers le diocèse sur ce même mode en ont fait spontanément le constat.

L’Esprit est à l’œuvre aujourd’hui dans l’Église, voilà la source de notre espérance ! Il nous conduit à l’adoration et au service, ainsi que le soulignait le pape François lors de la messe de clôture du synode : « adorer Dieu et aimer nos frères de son amour, voilà la grande et durable réforme » pour l’Église.

 

+ Denis BELIGNÉ
Administrateur diocésain de Saint-Dié