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Un symposium à Rome pour repenser le sacerdoce

Du 17 au 19 février 2022

Un Symposium international sur les « vocations presbytérales, laïques et consacrées » s'ouvre le 17 février 2022 à Rome, au Vatican, avec évêques, prêtres, personnes consacrées, laïcs, etc... Durant trois jours, experts et théologiens du monde entier vont se pencher sur le thème : « Pour une théologie fondamentale du sacerdoce ».  

L'objectif principal de ce colloque est d'approfondir la relation entre le sacerdoce fondamental des baptisés et le sacerdoce ministériel, afin de « mieux penser la communion des vocations dans l'Église mais également la complémentarité des états de vie » comme l'a exprimé le cardinal Marc Ouellet, préfet de la Congrégation des Évêques. Ce congrès est organisé par la Congrégation pour les évêques et par le Centre de recherche et d'anthropologie des vocations.
Le Centre de recherche a été fondé en novembre 2020 par le Cardinal Ouellet, avec l'appui d'un conseil scientifique international. 

Durant ces trois jours, chaque journée sera articulée selon des thématiques : « Tradition et nouveaux horizons », « Trinité, mission, sacramentalité » et « Célibat, charisme, spiritualité ». Plus de 500 inscrits, dont une douzaine de personnes pour la France, ont fait le déplacement. 

Le cardinal Marc Ouellet à propos du Symposium sur une théologie fondamentale du sacerdoce

 

Il est possible de suivre le Symposium intégralement en direct dans les langues des conférenciers et dans les traductions anglaises via le site du symposium. 

Site du Symposium Sacerdoce

 

 

Tribune de Mgr Berthet : « Il faut ramener les prêtres de leur exil »

Mgr Berthet s'est exprimé sur le sujet dans une tribune diffusée ce jeudi 17 février 2022 sur le site du journal La Croix : « Il faut ramener les prêtres de leur exil ». Notre évêque y propose une réflexion sur la place du prêtre, entre crise des abus et interrogations sur le célibat.
La tribune sera à retrouver sur la version papier du journal ce lundi 21 février.
 

IL FAUT RAMENER LES PRÊTRES DE LEUR EXIL

En marge d’un colloque romain sur la théologie fondamentale du sacerdoce, j’aimerais livrer ici quelques réflexions sur la condition actuelle et l’avenir des prêtres.

Or les prêtres ne vont pas si bien : ils se trouvent, à bien des égards, en situation d’exil.
Une récente enquête sur leur état de santé en France souligne chez eux la fréquence des syndromes de dépersonnalisation, des épisodes dépressifs ou des burn-outs. Dans le champ de la souffrance psycho-morale, on se situe à un niveau assez élevé et cela est préoccupant. De nombreux prêtres peinent aujourd’hui à se réaliser, à s’épanouir ou à s’accomplir. Dans leur mal-être, ils se sentent souvent laissés à eux-mêmes et il n’est pas rare qu’ils s’engagent dans des formes de compensations qui ne rendent pas la vie plus belle.
Les prêtres ont été évidemment frappés de plein fouet par le séisme des abus sexuels dans l’Église. Le Peuple de Dieu aime et respecte généralement ses prêtres. Mais qu’on le veuille ou non, un voile d’opprobre et de soupçon est tombé sur l’ensemble du corps clérical ; ainsi se pose cruellement et insidieusement  la question : un prêtre peut-il encore être digne de confiance, respecté, voire exemplaire ?

Dans les grandes réformes pastorales entreprises par les diocèses de France à partir des années 90, les prêtres ont souvent fonctionné comme variable d’ajustement. On a déployé beaucoup d’efforts pour remembrer les paroisses, on a mis sur pied des équipes locales où les laïcs sont largement associés à l’exercice de la conduite pastorale, et cela est très heureux. Cependant, on a peu travaillé les conditions de vie et de ministère des prêtres. Dans les grandes zones à dominante rurale, on les a priés de rester à leur poste et de tenir le terrain : toujours moins nombreux, ils ont été souvent et fatalement plus isolés. Pour employer une expression à la mode, ils ont été sacrifiés sur l’autel de la territorialité !
Enfin, un autre chemin d’exil risque de s’ouvrir pour les prêtres, si nous n’y prêtons pas attention. En effet, à l’heure où toute l’Église s’engage avec élan sur les voies de la Synodalité, il n’est pas évident de situer la place des prêtres. Dans les récentes expériences synodales vécues par l’assemblée des évêques de France, les diocèses ou les mouvements d’Églises étaient invités à envoyer des membres du Peuple de Dieu, laïcs évidemment pour la plupart, mais qui bien sûr pouvaient être des consacrés ou des prêtres. Or, dans la collaboration synodale avec les évêques, les prêtres ne sont pas interchangeables avec n’importe quel fidèle : ils sont, fondamentalement, les premiers collaborateurs de l’ordre épiscopal, car ils ont eux aussi en partage le sacerdoce apostolique.

Lorsqu’on évoque le mal-être des prêtres, la lancinante question de leur engagement au célibat ne peut être évidemment éludée. Elle doit cependant être posée correctement. Le célibat des prêtres est plus qu’une loi et moins qu’un dogme : c’est un charisme, c’est-à-dire un don particulier que l’Esprit Saint a accordé depuis des siècles à l’Église d’Occident, comme signe et moyen du don que les prêtres font d’eux-mêmes dans la charité pastorale. Dans la joie et les larmes, ce don a porté des fruits exceptionnels de fécondité spirituelle pour le bien du Peuple de Dieu et pour la mission de l’Église. S’il faut interroger aujourd’hui ce charisme, cela ne peut se faire au détour d’un synode régional ou national ; c’est tout le corps de l’Église qui doit prendre les moyens de discerner cette question, pourquoi pas lors d’un Concile général ou œcuménique. Plût aussi à Dieu que nous n’abandonnions pas ce don et cet engagement pour des motifs peu glorieux ou largement illusoires. Dans l’Esprit-Saint, il nous faudra trouver d’autres raisons que la lutte contre les abus sexuels ou l’espoir d’avoir simplement un peu plus de prêtres. Quelles pourraient être ces raisons ? Existentielle d’abord : que les prêtres puissent avoir une vie d’homme plus heureuse et accomplie dans la joie de la vie conjugale et familiale ; charismatique ensuite : l’expérience de l’amour humain vécu en alliance ne peut-elle pas enrichir une authentique charité pastorale ?

Mais il me semble que le chantier le plus urgent viserait à réhabiliter le ministère apostolique des prêtres. Pendant des siècles, un certain profil pastoral a prévalu : le prêtre, homme des sacrements, signifiant la fidélité de Dieu en vivant au milieu d’un peuple localement déterminé. Dans de larges territoires, ce modèle est bien difficile à conserver, on pourrait dire qu’il a vécu. Mais nous ne sommes pas sans ressources, en allant justement à la source du ministère. Au centre de la grande prière consécratoire pour ordonner les prêtres, l’évêque est à un moment saisi de l’esprit de supplication et s’adresse à Dieu en lui demandant: « Aujourd’hui encore, Seigneur, donne-nous les coopérateurs dont nous avons besoin pour exercer la charge du sacerdoce apostolique ». Voilà ce que sont les prêtres, pour et avec l’évêque.

Pour retrouver leur profil apostolique, les prêtres doivent être bien plus directement liés à la vie, au ministère et à la spiritualité de leur évêque. Au lieu d’être utilisés et dispersés comme ultimes marqueurs territoriaux d’une vie d’Église, au lieu d’être surtout identifiés au service cultuel ou absorbés par des tâches gestionnaires, ils devraient être « prêtres à la manière des Apôtres ». Parmi leurs différentes charges, le ministère de la Parole et du discernement spirituel devrait retrouver la première place pour accompagner avec autorité diverses communautés ou réalités chrétiennes renouvelées par le dynamisme de la vie baptismale. Ce ministère plus ou moins itinérant devra être équilibré par une communauté de vie fraternelle, où l’engagement au célibat pourra recevoir son sens et surtout son soutien.

Ces quelques propos peuvent paraître bien utopiques, mais tandis que nous ne cessons de nous occuper du lendemain, il n’est pas inutile de songer à l’avenir.

 

Relire la tribune sur le site de La Croix

 

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