La révolution écologique de l'IA

L’intelligence artificielle (IA) est présente dans de nombreux domaines, parfois sans même s’en douter, au service de nos besoins sociaux et techniques : santé, handicap et bien-être, transports, agroagriculture, robotique, sécurité, armement, bâtiments, éducation, environnement, etc.

La technologie est multisectorielle et elle a investi nos vies bien avant les fameux outils d’IA générative tels que ChatGPT, Dall-E 2, MidJourney ou encore Anthropic. Dans ses messages pour la paix et la journée mondiale des communications sociales en 2024, le pape François se penche également sur la question de cette technologie créée par l’Homme et des défis « techniques mais aussi anthropologiques, éducatifs, sociaux et politiques » qu’elle amène.
À travers de multiples calculs via les algorithmes, l’IA vient se mettre au service de l’homme à travers un biomimétisme de l’intelligence humaine et animale de manière autonome : le but est de permettre à des ordinateurs de penser et d’agir comme des êtres humains. Progrès et nature, science et environnement ne s’opposent pas nécessairement. Elle devient un outil pour une meilleure performance, voire une aide à la décision.

Ainsi, l’IA peut être un outil formidable pour la protection de l’environnement. À travers le déploiement de la technologie dans les smart cities (villes intelligentes) ou dans les recherches, elle permet d’adapter les consommations de moyens, d’énergies ou de produits, d’optimiser un rendement agricole, de détecter des maladies, ou encore de mesurer et de prédire des catastrophes naturelles. L’IA permet d’assister les scientifiques face à l’urgence de la transition écologique, avec une rapidité dans le traitement de données complexes. 

Sommet du numérique, l’intelligence artificielle est toutefois critiquable car très énergivore : elle n’est pas en soi immatérielle et consomme énormément d’énergie en termes de stockage de données et d’utilisation de processeurs via les datas centers, et de ressources naturelles. Le numérique représentant 5 à 6 % des gaz à effet de serre et au moins 10 % de l’électricité mondiale (sans compter les déchets électroniques non recyclables), l’IA ne fait qu’accentuer l’impact négatif de l’industrie du numérique sur l’environnement.

Le développement d’une IA verte 

Le grand défi de l’IA verte est de réduire l’empreinte carbone ; et ce, notamment pour ses propres technologies. Dans le but d’un monde post-carbone, le marché de l’IA For Green cible alors sept domaines en particulier : les smart cities, l’efficacité énergétique, l’agriculture connectée, la modélisation de changements climatiques, la protection de l’environnement, la mobilité durable, et l’économie locale et durable.

Les chercheurs sont donc dans la recherche et le développement d’une éco-conception de l’IA, avec l'objectif ultime de « générer de l’IA vertueuse avec une électricité dépourvue de carbone » comme le formule Philippe CIAIS (chercheur LSCE-IPSL). Les scientifiques s’orientent alors vers une intelligence artificielle plus éthique, plus responsable et plus transparente. Il existe par exemple des alternatives aux procédés techniques de fabrication de cette technologie numérique à partir de lasers et de plaques de verre, ou encore des processeurs biologiques avec de la matière organique.
Aussi, les data centers tendent eux-aussi vers l’écoresponsabilité : ils « représentent le levier le plus important dans la réduction des émissions de CO2 nécessaires au fonctionnement de l’IA », explique Arnault Pachot, chercheur et fondateur d’OpenStudio. De par sa non-immatérialité, l’IA est une ressource limitée. Entre IA utile et IA futile, gadgets et innovations réellement utiles, il convient donc savoir en faire un usage responsable pour un écosystème le plus vertueux possible. 

Émilie FEUILLÉ
Église dans les Vosges – Mars 2024