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La méthanisation agricole, une solution énergétique ?

Laudato Si' #32

Entre stratégie géopolitique, crises et réchauffement climatique, les questions d’énergies renouvelables, de chauffage, de carburants et d’électricité se posent.

Dans le diocèse de Saint-Dié, les dépenses énergétiques sont de 600 000 euros en 2022 (370 000 € de gaz et 230 000 € d’électricité) et le budget d’électricité en 2023 est estimé à + 24 %. Dans les Vosges, depuis 2013, une énergie renouvelable s’est développée : le biogaz. Ce combustible permettrait de diminuer les investissements et l’impact des énergies fossiles. Selon l’Agence internationale de l’énergie, 80 % des fossiles doivent rester dans le sol pour réussir le défi climatique. Dès 2015, le pape François a évoqué la sortie de ces énergies dans Laudato si’.
Alors qu’en est-il de ce gaz vert qui donne à la France (5e pays méthaniseur d’Europe) une image d’eldorado ?

Le biogaz est produit par la méthanisation, processus naturel de fermentation de matières organiques par des bactéries en absence d’oxygène. Des agriculteurs, avec l’appui de la Chambre d’agriculture, valorisent ce biogaz comme énergie renouvelable en cogénération (électricité et chaleur) et en injection directe dans les réseaux de gaz. Avec plusieurs autres avantages : valoriser des engrais organiques via le digestat (résidu organique de la méthanisation) et créer une valeur ajoutée au territoire et aux exploitations agricoles qui revendent une partie du biogaz ou du digestat, avec un moindre coût des traitements de déchets.
 

Les Vosges, premier département méthaniseur du Grand-Est

Le Grand-Est est la première région française de production de biogaz issu de la méthanisation injecté dans les réseaux de gaz (16 % du total France selon GRDF), et la majorité des structures régionales se trouve dans les Vosges, même si la plus grosse puissance n’y est pas produite (43 installations en 2022. NDLR : la première date de 2013). La majorité de ses installations valorise le biogaz en cogénération. À Girancourt, Agri GN Vôge a choisi l’injection directe du biométhane (biogaz épuré) dans le réseau de gaz d’Épinal et ses alentours, et produit ainsi 1 226 400 mètres cubes de biogaz par an.


Visite d'agriculteurs au site de méthanisation en injection Agri GN Vôge à Girancourt,
avec la Chambre d'agriculture des Vosges.

La méthanisation est considérée comme activité agricole dès lors qu’au moins 50 % des intrants sont issus de l’agriculture. Dans les Vosges, avec une prime d’incitation pour les agriculteurs, 80 % des effluents sont issus de l’élevage tandis que, pour d’autres départements de la région, ce seront surtout les déchets des collectivités ou des industries alimentaires.

Ce procédé controversé fait l’objet d’une certaine ambition avec une feuille de route énergétique en France et la volonté de l’Union européenne de réduire l’ensemble des consommations de gaz et sa dépendance au gaz russe (45 % du gaz naturel importé en 2021).
 

Une solution autant louée que critiquée

Salomon Laurent, jeune agriculteur, a lancé la méthanisation en cogénération à base d’effluents d’élevage dans son exploitation de Viviers-le-Gras en 2019, et y voit une belle énergie renouvelable : « Ça produit 24 heures sur 24 et, en plus de fournir 250 kWh, le déchet est un bon produit pour l’agriculture, revalorisé comme engrais. »
Damien L’Huillier, chargé de mission énergie pour la chambre d’agriculture, ajoute : « Il y a un impact très positif sur l’environnement, à condition de bien gérer les digestats » avec une ration journalière équilibrée et régulière. Le digestat qui en résulte est un fertilisant très intéressant. Les agriculteurs y voient un intérêt économique dans la revalorisation des effluents et la vente du biogaz.

Pour Damien, le biogaz comme alternative aux énergies actuelles « n’est pas une solution unique, il faut un mix énergétique si on veut substituer entièrement notre consommation en énergie fossile et il faut diminuer drastiquement nos consommations ». Aussi la silphie, résistante à la sécheresse, est prisée par les agriculteurs vosgiens, car elle représente à la fois un réservoir de biodiversité et un excellent co-substrat en termes de rendements pour le digesteur, avec une fertilisation raisonnable et une réduction de la culture du maïs.

Si la méthanisation permet une réduction d’environ 30 % des gaz à effet de serre d’un élevage, elle peut s’avérer problématique pour l’environnement si les intrants nourriciers du digesteur sont acheminés de loin et si les sols sont surexploités pour produire de grandes quantités de cultures énergétiques.


 

Émilie FEUILLÉ
Église dans les Vosges – Janvier 2023

 

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