Chrétiens... jusque dans nos poubelles !
Laudato Si' #43
En 2024, selon la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire de 2020, les collectivités locales sont obligées de s’équiper et de proposer des solutions de compostage à la population. Suite à une réflexion en vue de la dynamisation de la Maison Diocésaine d’Épinal, ses acteurs se lancent dans une démarche plus écoresponsable avec un projet qui devrait se mettre en place dès avril : un compostage de proximité.
Trions… par amour de Dieu !
« Tu es poussière et à la poussière tu retourneras » (Gn 3,19) – À l’aune du carême, cette phrase rappelle à l’homme sa condition de pêcheur. Un parallèle peut se faire en matière d’écologie avec le compost qui fait revenir à la terre ce qui en provient, les biodéchets (gaspillage alimentaire et déchets compostables, ndlr).
Depuis le Synode pour l’Amazonie de 2019, certains théologiens demandent à ce que le 'péché écologique' ou 'péché envers la création' soit désormais intégré au tissu même de la théologie catholique. Mais pourquoi cet intérêt des chrétiens pour l’écologie ? Dans son ouvrage "Disciple de Christ…jusque dans ma poubelle" (Éd.Excelsis, 2023), Yoanna Rigotto livre quelques clefs et rappelle que « Jésus ne s'occupe pas seulement des hommes, il œuvre aussi pour la création ».
Ainsi, si chacun souhaite être disciple du christ, en aimant Dieu et son prochain, il s’agit aussi de veiller à la sauvegarde de notre maison commune, d’économiser les ressources de la planète, sans pour autant vouloir être utopiquement 'sauveur de la planète’.
Les Vosgiens, exemplaires en traitement de déchets
Dans le département, la collecte des déchets est gérée par les collectivités locales en partenariat avec EVODIA, l’Établissement Vosgien d’Optimisation des Déchets par l’Innovation et l’Action. Depuis plus de trente ans, la structure publique œuvre en faveur du territoire vosgien labellisé en 2014 « Territoire zéro déchet, zéro gaspillage ».
Ainsi les Vosges sont devenues un territoire éco-exemplaire en la matière : la majorité des déchets collectés deviennent en soi une ressource, étant traités ou recyclés dans les Vosges. En effet, la plupart sont revalorisés en économie circulaire, en recyclage ou en énergie de manière également à limiter le transport routier. Lorsqu’ils ne sont pas recyclés dans les déchetteries locales, dans les centres CITRAVAL de la Maix, Vosges TLC, Sovodeb pour les professionnels ou dans des sites de traitements spécifiques extra-départementaux, ils sont incinérés à l’unité rambuvetaise de valorisation énergétique Feniix mise en service fin 2021, qui dessert le réseau de chaleur urbain local. Très peu d’ordures ménagères non incinérables sont aujourd’hui enfouies au centre de stockage des déchets non dangereux de Villoncourt, alors que certains départements ne pratiquent que l’enfouissement.
À regarder nos poubelles grises dans les Vosges en 2022, ce n’est pas moins de 70% de déchets recyclages ou de biodéchets qui sont jetés pour 207 kilogrammes par an par habitant, et donc 30 % d’ordures ménagères résiduels. Même si les erreurs de tri diminuent après une période en dents de scie depuis la crise du Covid-19, ainsi que la production d’ordures ménagères, il reste toujours à ce jour 30 % de biodéchets dans les poubelles qui devraient pouvoir être compostés plutôt que d’être incinérés (ndlr. déchets composés à 80 % d’eau). Dans les Vosges, plus de 330 sites de compostage collectif ont été mis en place depuis 2020.
Au-delà de réduire le poids de la poubelle et à moyen terme les taxes locales de gestion, le compostage a l’avantage de réduire le gaspillage et de produire un apport naturel et gratuit pour une meilleure fertilité des sols destinés à faire pousser les plantes potagères ou les fleurs. Il s’agit également vecteur social dès lors qu’un système partagé est proposé à proximité.
Émilie FEUILLÉ
Église dans les Vosges – Février 2024