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L'Ukraine au cœur

Édito de Mgr Berthet – Avril 2022


 

L’UKRAINE AU CŒUR

Je n’ai pas appris l’Ukraine dans les livres, la presse géopolitique ou les reportages du Journal de 20h. Ce pays représente d’abord pour moi de nombreux visages amis, puisque j’ai eu l’occasion de m’y rendre une ou deux fois chaque année depuis 13 ans. Invité fidèlement à animer un « Institut théologique d’été » pour les jeunes, dans la campagne de Kiev, j’ai pu vivre la joie de la rencontre spirituelle, intellectuelle et fraternelle avec des chrétiens de différentes générations, confessions et nationalités, de l’Ukraine à la Biélorussie, de la Russie à la Géorgie, de la France à l’Italie. De même, les colloques œcuméniques de septembre auxquels j’ai pu participer à Kiev m’ont montré combien ce pays était profondément disponible à la rencontre et à l’échange.

Ceux qui connaissent et aiment Kiev la citent souvent comme la Jérusalem mais aussi l’Athènes du monde slave oriental. Jérusalem car source, puisque c’est là que fut baptisé le Saint Prince Wladimir et avec lui la « Rus’ » de Kiev. Athènes aussi, car c’est une ville profondément ouverte à tous les échanges culturels, politiques, spirituels. C’est là aussi, entre autres, qu’ont convergé de nombreux intellectuels, journalistes et artistes russes ces dernières années, afin de pouvoir y respirer l’air de la liberté.

L’Ukraine est aujourd’hui cruellement agressée par le pouvoir (et non le peuple) russe au nom du mythe autiste et paranoïaque du « monde russe ». Devant cette imposture idéologique et violente, elle se dresse et se révèle plus que jamais comme une vraie « Nation ». Une fois de plus, dans son incroyable résistance et résilience, l’Ukraine manifeste la vigueur de sa société civile, sa réactivité et sa solidarité. Une nation est un peuple qui, au-delà des déterminismes et identités culturels, désire porter en commun des valeurs et un projet. Qu’ils parlent russe comme à Kharkov, ou ukrainien comme à Lviv, les citoyens de ce pays se sentent donc membres d’une même nation, dont la vie civile serait fondée sur la liberté, l’échange et la rencontre. En ce sens, ils ne se trouvent pas aux confins, mais au cœur de l’Europe. Au-delà de leur territoire, ils se battent pour un patrimoine que nous partageons avec eux. Dans le drame qu’ils vivent, ils doivent nous trouver profondément proches et solidaires.

+ Didier Berthet
Évêque de Saint-Dié

 

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