À la croisée des chemins

« La basilique Saint-Pierre repose sur le tombeau de Pierre. Le symbole est magnifique. Au fil des visites d’églises et de sites archéologiques j’ai pris conscience de l’étendue historique que cela représente : deux mille ans que l’Église existe et tient debout, c’est impressionnant » mesurait Paul Petitdemange de retour d’un pèlerinage à Rome où il fut invité avec d’autres séminaristes de Lorraine à rencontrer le pape François.

Cette Église, puissante et fragile à la fois, mais capable de résilience lorsque des turbulences l’agitent sur des ciels assombris, Paul s’apprête à l’épouser officiellement le 17 septembre 2023 en la cathédrale de Saint-Dié où se déroulera son ordination diaconale. Une étape en vue de son ordination presbytérale un an plus tard. Ingénieur en gestion des forêts au sortir des écoles, Paul originaire de Laveline devant Bruyères assume totalement ce virage à 180°. « Après un passage à vide, je sentais qu’il me manquait quelque chose, je ressentais une sorte de mal-être, et au plus profond de mon cœur, je savais que je voulais faire une place à Dieu. Bien sûr, je continue à m’interroger, mais mes inquiétudes s’envolent vite, car je sais que je ne me suis pas trompé, Jésus m’attend ! »

Paix intérieure

La période de propédeutique, puis les années en séminaire, mais aussi une expérience chez les franciscains du Renouveau dans le Bronx américain, puis à Londres, et une immersion en paroisse ont nourri le discernement. « Je ressens une grande paix intérieure et je suis heureux, car mon ordination représente le début d’une nouvelle aventure au sein d’une Église en plein changement. Les prêtres sont beaucoup moins nombreux, nous devons réfléchir à notre manière d’évangéliser. Mais j’ai suffisamment d’insouciance et d’Espérance pour être optimiste ». Le jeune homme de trente-trois ans réalisera prochainement une retraite en monastère, et se sera l’occasion d’y sceller en son corps et âme un engagement qui possèdera la particularité de figer sa personne dans le célibat.

« Je crois sincèrement au bien-fondé de cette exigence. Bien sûr tout le monde aspire à aimer et à être aimé. Devenir prêtre, c’est aimer dans le service, sans attaches de famille ou autres. Certes, il ne faut pas le nier, cela reste un sacrifice, mais c’est un vrai témoignage d’amour et de foi. J’avoue que cela me donne parfois le vertige. Je pense qu’il est normal d’être un peu inquiet lorsque l’on s’apprête à faire le don sa vie entière. C’est un immense défi. Je suis très content de m’engager sur cette route pour m’offrir à Dieu. Je préfère me donner tout entier, car si je devais partager ce serait comme si je m’écartelais ! »

Paul s’attache actuellement à préparer la cérémonie qui le fera diacre. « Dieu nous offre ce qu’il nous faut pour réussir dans ce choix, il sait ce qui est bon. Un bout du chemin a été fait, il en reste beaucoup à parcourir, et ce chemin c’est avant tout Jésus ».
Exigeant avec lui-même, Paul Petitdemange prend pour lui le principe d’apprendre jour après jour à être prêtre. « La formation continue jusqu’à la mort ! »  En attendant, la cérémonie qu’il prépare avec soins, Paul confie qu’il risque d’être infiniment ému au moment clef de la parole et du geste avec l’imposition des mains. La Création l’émerveille. « Je compare l’Église à un arbre, c’est beau, c’est grand, c’est vivant ! Dieu c’est la vie ! »

En union de prière

Josée TOMASI-HOUILLON
Église dans les Vosges – Juillet/Août 2023