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Retour sur le pèlerinage diocésain à Sion 2025
13 septembre 2025

Le traditionnel pèlerinage diocésain de rentrée à la colline de Sion a eu lieu le samedi 13 septembre 2025.
Située sur la colline bien visible Sion-Vaudémont, entre Nancy et Mirecourt, la basilique du sanctuaire Notre-Dame de Sion est un haut lieu de pèlerinage dans la plaine des Vosges. Depuis le Vème siècle, on vient prier à Sion. La colline est devenu un repère pour les habitants de la région, même pour ceux très éloignés de la religion. Les habitants de la région en ont un lieu symbolique de la résistance à l’invasion allemande à la fin du XIXe siècle, ainsi que pendant les deux guerres mondiales avec les inscriptions en patois lorrain signifiant les différentes phases historiques. La basilique et son chemin de ronde autour de l'esplanade devant la basilique accueillent près de 20 000 personnes chaque année.
Ce pèlerinage a réuni pour l'occasion plus de 500 personnes, venues des quatres coins du diocèse pour vivre cette journée placée sous le signe de l'espérance avec Marie. Une manière de vivre également la démarche jubilaire à l'échelle locale, avec une messe et une procession mariale présidées par notre évêque Mgr Gourdon.
Quelques photos du pèlerinage 2025 :
Homélie de Mgr Gourdon à l'occasion du pèlerinage :
« Ils n'ont pas de vin ». C'est le regard que pose Marie sur la situation. Nous sommes à un mariage, nous ne connaissons pas les mariés, mais Jésus et Marie sont invités à leurs noces. Marie voit dans cette situation de fête qu'il manque de vin et que ce manque va nuire à la fête ; alors elle se fait intercesseur auprès de Jésus pour que la fête puisse suivre son cours et permettre à tous de se réjouir avec les mariés. Elle ne dit pas à Jésus ce qu'il doit faire, elle ne lui demande rien ; elle lui dit simplement : « Ils n'ont pas de vin ».
C’est ce point que je voudrais vous proposer de méditer aujourd'hui, alors que je vis avec vous mon premier pèlerinage, ici, à Notre-Dame de Sion, ce haut-lieu de Lorraine où tant d'hommes et de femmes sont venus prier la Vierge Marie pour implorer son secours et sa protection.
1- Je vous invite donc, dans un premier temps, à regarder – avec les yeux de Marie – les manques que vous vivez dans vos vies personnelles. Ces manques qui abîment votre joie et qui vous empêchent d'avancer sereinement. Je pense, par exemple, au souci de santé, en premier lieu bien sûr, mais je pense également aux difficultés relationnelles qui peuvent marquer vos amitiés, votre vie de voisinage et, bien entendu, votre vie de famille. Il peut y avoir aussi des problèmes financiers qui ont des causes diverses, à commencer par le chômage ou l'augmentation du coût de la vie. Autant de manques qui nous font souffrir, et dont je ne peux dresser toute la liste.
Avec Marie, nous pouvons les confier à Jésus. Prenez ce temps-là, aujourd'hui, dans l’Eucharistie que nous célébrons, dans vos échanges entre vous, dans la procession et le chapelet de cet après-midi. Prenez ce temps-là, régulièrement, avec Marie, car elle ne nous laisse jamais seuls, avec nos manques, et elle les présente à Jésus.
2- « Ils n'ont pas de vin ». Cette attitude de Marie, ou plutôt cette attention de la Vierge, doit nous être également un exemple et un modèle. Elle nous indique notre mission à chacun(e) de nous et elle nous montre notre mission ecclésiale. Comme Marie, nous sommes appelés à être attentifs aux besoins et aux attentes des autres, des hommes et des femmes avec qui nous vivons, qu'ils soient jeunes ou âgés, croyants ou non. C'est dans cet esprit que je souhaite que nous vivions spécialement cette nouvelle année pastorale : en présentant au Seigneur ces manques que nous percevons dans la vie de nos contemporains, dans la vie de notre société, de notre pays et de notre monde. « Ils n'ont pas de vin ».
Mais, là encore, il nous faut faire attention, car il s'agit de nous laisser guider par l'Esprit-Saint, comme Marie, pour ne pas projeter nos propres idées et voir ce que sont les véritables manques dont souffrent les uns et les autres, pour les présenter à Jésus, par Marie.Bien sûr, je pense à la situation sociale et politique de notre pays, aux souffrances que traversent les migrants, chez nous et ailleurs, au malaise que connaissent les secteurs de la santé et de l'éducation ; sans parler de la guerre en de nombreux pays du monde, alors que nous assistons à l'impuissance des organisations internationales et à l'inefficacité des pourparlers inter-gouvernementaux. Comment ne pas nommer également, en ce Temps pour la Création, la question de l'avenir de l'humanité dans le souci écologique. Bien sûr, je ne veux pas être exhaustif ; je ne le pourrais pas d'ailleurs. Vous êtes vous-mêmes témoins, mieux que moi sans doute, de toutes ces situations où s'expriment tant de manques qui mettent à mal l'espérance. Avec Marie, je vous invite à confier tout cela au Seigneur : « Ils n'ont pas de vin ».
3- C'est dans ce contexte où nous sommes que la mission de notre Église s'inscrit. L'Évangile nous convoque à une attention renouvelée à toutes ces réalités qui marquent notre vie humaine.
Mais nous ne serions pas fidèles à l'appel du Seigneur si nous n'acceptions pas de prendre notre part pour que les choses changent. Jésus demande, à ceux qui servaient, de remplir d'eau les jarres, et ils vont le faire, en obéissant à Marie qui leur avait dit : « Faites ce qu'il vous dira ». Nous ne serions pas fidèles à notre mission de disciples du Christ, si nous ne percevions pas l'attente spirituelle qu’expriment tant de jeunes adultes, aujourd'hui, lorsqu'ils se présentent à nous pour demander le baptême ou pour poursuivre leur initiation chrétienne jusqu'à la confirmation ; ou bien si nous ne servions pas la quête spirituelle qui s'exprime aussi, par exemple, dans le désir d'entrer dans nos églises pour y allumer un cierge, pour y faire silence et pour prier.
Parce qu'en définitive, nous sommes un peu comme ces jarres remplies d'eau. Nous avons été baptisés, plongés dans l'eau du baptême, plongés dans l’amour trinitaire de Dieu. Et, lorsque nous célébrons l'Eucharistie, nous recevons le don que le Christ nous fait de sa vie. Nous sommes alors chargés de répandre le vin de son amour qui rejoint toute personne ; un amour qui veut se faire proche de tous et toutes, spécialement ceux et celles qui souffrent de tant de manières.
Que Marie nous aide à nous en remettre à Jésus pour lui confier nos manques, et ceux du monde et de notre Église. Qu'elle nous aide à accueillir avec confiance ce que Jésus nous dira pour que nous soyons de véritables témoins de l'Évangile et que le monde renaisse à l'espérance.
Amen.
+ Mgr François GOURDON,
Évêque de Saint-Dié
Références des lectures de la messe : Si 24,1.9-12.18a.19-22 ; Lc 1,46-55 ; Jn 2,1-11.









