Feuille de messe complète du 20 mars 2022
Méditation de carême (3ème dimanche)
PURGATOIRE – LIMBES – ENFER - PARADIS
« Allez, mon père, ce que j’ai lu me dit que tout ça a été inventé, mis en image au Moyen-âge et ça ne tient pas debout ! »
La réaction de mon interlocuteur est raide. La raison l’emporte sur tout pour cet homme.
Allons voir de plus près (ou de plus loin !) la question du purgatoire :
Certes, avant le XII° siècle, on ne parlait guère que d’un feu purificateur. Cela traîne aussi dans l’Ancien Testament jusqu’aux Evangiles : Le feu de la géhenne. Ce serait un lieu où les humains subiraient de lourdes souffrances, dues au châtiment infligés à la suite de leurs péchés et de leurs fautes. Bref, faut payer !
Mais la question du lieu pose la question spatiale du corps. Ce serait donc l’âme qui souffrirait ? Et non plus le corps mis en terre ! Donc, toutes les images de représentations figuratives tombent à l’eau. Allez représenter physiquement une souffrance morale, de l’âme ou de l’esprit !? On atteint là les limites de notre imagination.
La théologie nous parle aujourd’hui d’un processus de purification, et non pas d’un temps ou d’une période, puisque, dans l’éternité de Dieu, tout cela est aboli et caduc ! Le péché, la faute, le doute, l’apostasie ont fait que nous sommes inaptes à percevoir les choses de Dieu et à le rencontrer. Imaginez que vous êtes restés à l’abri dans une pièce en plein été, derrière vos volets et que tout à coup, vous ouvriez tout… Vous ne pourrez alors affronter la pleine lumière et percevoir les éléments extérieurs. La vue devra s’adapter, et les yeux agressés devront pâtir de cela avant de voir en plénitude. Il y a quelque chose comme cela dans le processus. Ensuite, il ne s’agit pas de divaguer, mais de coller à la révélation.
Pour les limbes, c’est autre chose ! C’est un cas d’école. Théologiquement, si on pouvait admettre qu’un baptisé soit comptable de ses actes et de sa foi, qu’en était-il d’un enfant mort-né ou d’un bébé, d’un petit non baptisé ? Allait-il donc en enfer ? Devait-il subir le purgatoire dû au péché originel ? L’Eglise a créé ces LIMBES, un espace plus doux, comme une salle d’attente de la résurrection pour ne pas « condamner » cet enfant !
Alors l’Enfer ? Chaudron, feu, huile bouillante, pique, Belzébul, bouc fourchu ! Et le feu éternel donc ! Ne rions pas trop, l’Evangile en parle sérieusement. Lazare dit souffrir le supplice des flammes (Luc 16) … Et quiconque ne fut pas trouvé inscrit dans le livre de vie fut précipité dans l’étang de feu. (Ap. 20).
Les vitraux et l’imagerie de l’enfer abondent. Le catéchisme affirme bien que l’enfer existe. Il dit que les portes de l’enfer n’ont jamais prévalu sur l’Eglise, qui offre la porte de la Vie (N° 834) ; que les âmes en état de péchés mortels y descendent ;
(N° 1035) ; que Dieu ne prédestine personne à aller en enfer ; il faut pour cela une aversion de Dieu (N° 1037) ; enfin à la résurrection de tous les morts, au jugement dernier, certains ressusciteront pour la vie et d’autres pour la damnation.
(Jn 5 et N° 1038).
L’espérance demeure toutefois, puisque la conversion donne aux hommes le temps favorable, le temps du salut pour s’amender.
Le carême permet de prendre la foi au sérieux.
Père Philippe.
























