Bien chères paroissiennes, bien chers paroissiens du « net »
Soixante jours après la fête de Pâques, l'église célèbre la solennité du corps et du sang du Christ ou la fête Dieu ou encore la fête du très saint sacrement. Merci à l’abbé NAZOTIN de nous expliquer le sens de cette fête.
Dans la nuit de vendredi à samedi, les terroristes ont encore frappé au Burkina. 132 victimes dans le village de Solhan au nord.
Prions pour les défunts, pour le Burkina et les pays du sahel.
Dieu bénisse !
Abbé Éric TRAORE.
Paroisse N.D du Val de Meurthe
20, rue de l'Église
88230/ Fraize
Tel :+33 3 29 50 30 50 / +33 7 53398792
France
9e DTO, fête du St Sacrement, institution de l’Eucharistie
En Mc 14,12-16.22-26,
06 juin 2021
L'Esprit St avec la collaboration de P. Nazotin
Chers frères et sœurs,
Joséphine Bakhita est une Soudanaise vendue comme esclave à l’âge de neuf ans. Elle est née vers 1869. Elle est passée de maître en maître, au milieu de terribles souffrances, jusqu’à être achetée par le Consul d’Italie qui l’amène en Italie. Là, elle devient religieuse aux vertus spirituelles héroïques. En l’an 2000, elle est déclarée sainte par le Pape Jean-Paul II. Se rappelant les années de son esclavage où elle ne connaissait pas Dieu du tout, elle écrit : « En voyant le soleil, la lune et les étoiles, je me demandais qui pouvait être le Maître de ces merveilles. Et j’ai ressenti un grand désir de le voir, de le connaître et de lui rendre hommage ». Ce désir de Bakhita de vouloir rendre hommage à un artiste pour son œuvre est un instinct naturel qui relève de la pure rationalité et du bon sens. Il s’agit d’un devoir de justice inscrit dans l’intime de notre nature humaine. Vouloir s’y déroger serait faire une entaille à un principe rationnel et donc universel. De tout temps, les hommes de toute culture ont pris conscience que le monde dans lequel ils vivaient ne pouvait pas être le produit d’un hasard, tout comme un tableau de peinture ne peut pas être un produit du hasard. Il est l’œuvre d’un artiste. C’est une évidence. De la même manière, les hommes à travers les âges, ont pris conscience qu’il doit bien y avoir un auteur de toutes ces beautés de notre monde. Partout et de tout temps, ils ont essayé d’entrer en contact avec le Créateur. C’est l’origine des religions. Le mot Religion vient du latin religere : relier. Il s’agit d’établir un lien avec l’auteur suprême. La révélation chrétienne nous enseigne que les hommes s’y prennent mal. L’hommage qu’ils rendent à Dieu n’est pas approprié. Jésus en mourant sur la croix et en ressuscitant se fait l’unique offrande qui convient à Dieu. Le culte, le véritable culte « en esprit et en vérité » (Jn 4) consiste à offrir à Dieu l’offrande que le Christ a faite de lui-même sur la croix. Comment cela est-il possible ? La 2e lecture aide à comprendre ce langage Curieux.
L’auteur de la lettre au Hébreux nous enseigne que le sacrifice du Christ est entré au Ciel, dans le sanctuaire céleste. Le recourt à l’image de sanctuaire, lui permet d’insister sur le fait qu’il s’agit bien de sacrifice, puisque le grand-prêtre n’entrait dans le sanctuaire du temple de Jérusalem que pour offrir un sacrifice. Cette entrée dans le sanctuaire du Ciel s’est passée il y a 2000 ans, mais elle perdure jusqu’aujourd’hui et perdurera dans l’éternité : le sacrifice du Christ est un sacrifice éternel, offert une fois pour toutes, c'est-à-dire une fois pour toutes les autres fois (He 10).
C’est ce sacrifice et seulement ce sacrifice qui peut plaire à Dieu. Il vient parfaire tous les sacrifices de l’Ancien Testament ainsi que tous les autres sacrifices à travers le monde. Il vient accomplir ce que ces sacrifices cherchaient à réaliser sans jamais y parvenir. Ils n’en étaient que l’annonce et le balbutiement. Ils partaient d’une bonne intuition et d’un bon sentiment, mais ne pouvaient rendre hommage à Dieu de façon effective. Oui, seul le sacrifice du Christ est en mesure de plaire à Dieu. Toutefois, Dieu n’est pas un narcissique dont le malin plaisir est d’avoir des gens qui lui offrent régulièrement le sacrifice de son Fils. Pour que le culte à Dieu en soit vraiment un, ceux qui offrent le sacrifice de son Fils doivent eux-mêmes devenir ce sacrifice. Qu’est-ce qui caractérise le sacrifice du Christ ? Sa prière à Gethsémani permet de le comprendre : « Père, s’il est possible, éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ». Le Christ a fait le choix de préférer la volonté de son Père à sa propre volonté à lui. C’est là que se trouve l’éclatante beauté de son sacrifice. Pour que le sacrifice du Christ que nous offrons à Dieu sur l’autel parle à Dieu à notre avantage, nous devons nous entrainer à devenir ce qui est sur l’autel. St Augustin avait trouvé les mots justes : « Deviens ce que tu reçois : le corps du Christ ». En communiant au Corps du Christ rendu présent sur l’autel, nous recevons la force de devenir toujours plus semblables à lui dans notre effort de nous oublier nous-mêmes pour aimer Dieu et le prochain. C’est cela le sacrifice qui plaît à Dieu. C’est cela l’hommage et le culte que Dieu préfère. « Tu ne refuses pas O mon Dieu, un cœur brisé et broyé » (Ps 50), c'est-à-dire un cœur qui, comme Jésus, s’entraine à imiter Jésus en disant : « non pas ce que je veux mais ce que tu veux ».
En définitive, le chrétien ne vient pas à la messe pour recevoir. Il vient à la messe pour un culte à Dieu. Or, l’acte essentiel du culte à travers les religions du monde, consiste à offrir un sacrifice à la divinité. Le chrétien vient offrir à Dieu un sacrifice. Il offre à Dieu ce que Dieu aime le plus : l’offrande de sa propre personne en union avec le sacrifice du Christ. Le sacrifice du Christ rendu présent sur l’autel rend possible cette offrande du chrétien de lui-même s’il s’efforce d’imiter le Christ dans l’oubli de soi. Cela distingue le christianisme de tout autre religion. Il offre le sacrifice du Christ et s’offre lui-même avec, afin de rendre hommage à Dieu. Cet hommage est un devoir de justice envers Dieu tout comme l’artiste mérite l’hommage qu’on lui rend. La vie chrétienne devient finalement une vie où l’on s’entraine à être toujours plus « offrables » avec le Christ dans l’Eucharistie, en hommage à Dieu. Toute notre vie devient, en ce moment, une vie eucharistique, c'est-à-dire entièrement tournée vers l’Eucharistie comme son sommet, mais aussi comme sa source. En effet, c’est dans la communion eucharistique régulière que nous trouvons la force de nous rendre toujours plus « offrables ».
Abbé NAZOTIN