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Talents de Frères N°18

Rémi et Frédérique DUFFAU – Fonder une famille : des difficultés entre foi et bioéthique

Nouveau « Talents de Frères » avec un couple vosgien, vivant à Nancy  : Rémi et Frédrique Duffau.
Accompagné d'un dossier autour de leur témoignage vidéo, à retrouver dans notre revue mensuelle « Église dans les Vosges » d'octobre 2022. 


Découvrir l'interview vidéo

Témoignage vidéo
« Talents de Frères »

Témoignage écrit
de Rémi

Un accompagnement chrétien
pour les couples

 

Fonder une famille :
des difficultés entre foi et bioéthique 

Au-delà des débats autour de la bioéthique, la fondation d’une famille peut s’avérer un véritable parcours du combattant pour un couple.

D’une part, un problème de stérilité (incapacité totale de procréer naturellement) ou de fertilité qui sont assez répandus, et en hausse depuis quelques années, du fait de facteurs comportementaux et environnementaux que ce soit chez les femmes comme chez les hommes (alimentation, stress, fatigue, consommation de tabac, alcool ou drogue, prise de certains médicaments, pollutions, etc.).   D’autre part, de multiples grossesses n’arrivent pas à terme et peuvent malheureusement déboucher sur des fausses couches. En France, ce sont 200 000 grossesses qui sont ainsi interrompues chaque année, soit 15 à 20% des grossesses.  Pour des couples qui ont des problèmes de fertilité et de fausses couches, le processus d’aide médicale à la procréation peut s’avérer salvatrice comme compliquée sur les plans physiques, psychiques et même des convictions religieuses. 

Pour l’Église catholique, un enfant est considéré comme un don de Dieu. Elle considère que « comme inacceptable au plan éthique la dissociation de la procréation du contexte intégralement personnel de l’acte conjugal: la procréation humaine est un acte personnel du couple homme-femme qui n’admet aucune forme de délégation substitutive. […] L’Église reconnaît la légitimité du désir d’avoir un enfant, et comprend les souffrances des conjoints éprouvés par des problèmes d’infertilité. » Malgré tout, « ce désir ne peut cependant passer avant la dignité de la vie humaine, au point de la supplanter. Le désir d’un enfant ne peut justifier sa "production", de même que celui de ne pas en concevoir ne saurait en justifier l’abandon ou la destruction. »  (Dignitas Personæ, §16).
Ainsi, la Congrégation pour  la doctrine de la foi conseille aux couples stériles – ou infertiles – d’adopter ou de se mettre au service des enfants.

 

Le combat pour accueillir la vie
 

TÉMOIGNAGE DE FOI ET D'ESPÉRANCE

Nous avons transformé toutes ces épreuves en une force et n'avons jamais renoncé à y croire !


La volonté de fonder une famille est parfois mise à rude épreuve, et pourtant la foi peut être porteuse de force là où un couple pourrait se déchirer. Là est le témoignage de foi et d’espérance de ce couple vosgien de 43 et 45 ans, vivant à Nancy et membres de la coopération missionnaire du Diocèse de Saint-Dié : Frédérique et Rémi Duffau. 
Dans la revue mensuelle et après cette vidéo, vous pouvez y retrouver également le témoignage écrit de Rémi. 
 

 

LE TÉMOIGNAGE ÉCRIT DE RÉMI DUFFAU

Un couple engagé dans la mission

Nous nous sommes rencontrés avec Frédérique en octobre 2000 sur le Campus Lettres de Nancy, car nous suivions tous les deux un module préparatoire au concours d'entrée à l'IUFM. Nous étions chacun dans des Licences différentes, mais nous avons tout de suite compris en nous voyant que nos âmes étaient liées. Nous partagions de nombreuses valeurs de foi, de simplicité, de loyauté, de gentillesse… et nous avons décidé de faire notre chemin de vie ensemble ! »
Nous nous sommes unis civilement en 2003, puis religieusement en 2007, et notre voyage de noces fut de participer aux JMJ de Sydney ! Nous n'arrivâmes qu'en 2010 à stabiliser nos vies professionnelles, et c'est là que nous prîmes la décision de fonder une famille ! 


La volonté d’accueillir la vie

Même si le don de gamètes ou l’aide médicale à la procréation sont contraires à l’enseignement de l’Église catholique et que cela implique de ne pas avoir un enfant qui ne serait pas totalement le leur biologiquement parlant, après une certaine réflexion, le couple a souhaité essayer toutes les possibilités pour donner la vie en s’essayant au don d’ovocytes en République tchèque et en Espagne. 

Nous souhaitions attendre symboliquement notre retour des JMJ de Madrid en août 2011 pour lancer notre projet bébé, mais tout ne s'est pas passé comme nous l'espérions malheureusement. 
Il a fallu attendre quasiment deux ans pour qu'une première grossesse arrive, et le miracle se produisit en juin 2013 ! Tout allait bien, puis les premières douleurs annonciatrices d'un malheur se sont produites lors de la Journée Diocésaine des Missionnaires en congés. Nos amis de la Coopération Missionnaire étaient à nos côtés pour nous soutenir. La fausse-couche se produisit quelques jours plus tard, nous laissant dans un état de sidération et de tristesse... Oui, c'est une forme de deuil que l'on traverse dans ces moments-là car ce sont tous nos espoirs qui s'effondrent brutalement. Il fallait se relever et être forts… 


Suite à plusieurs échecs répéter pour concevoir naturellement un enfant, le couple a choisi de demander l’assistante médicale à la procréation (AMP) en janvier 2015 à Nancy. Des tentatives qui ont débouchées sur dix fausses couches en l’espace de dix ans. 

Une première insémination artificielle déboucha sur une nouvelle fausse-couche quelques mois plus tard, en juin 2015. Puis nous avons tenté une stimulation hormonale avec les médecins en vue de pratiquer une fécondation in vitro : la réponse ovarienne était trop faible et nous avons reçu un courrier de la maternité nous disant qu'ils ne pouvaient rien faire de plus pour nous. Ces quelques mots sur une feuille de papier int été reçus comme une grande violence, sans que quelqu’un ne prenne le temps de nous recevoir. Un sentiment de se retrouver abandonnés en pleine nature… Nous avons transformé toutes ces épreuves en une force et n'avons jamais renoncé à y croire ! 
Novembre 2015, nous avons la joie d’une troisième grossesse, qui se termina également en fausse-couche le 30 décembre 2015, au milieu des fêtes de fin d’année. Cela recommence en octobre 2017 avec une quatrième fausse couche quelques semaines plus tard fin novembre, et de nouveau une cinquième grossesse naturelle en novembre 2018 qui se terminera aux urgences gynécologiques le 26 décembre 2018 au lendemain de Noël. Cette période est particulièrement douloureuse pour nous et nous replonge à chaque fois dans ces moments traumatisants. 


Le doute et l’espoir dans la recherche

Un médecin a commencé à faire des recherches, sans parvenir à trouver l’origine du problème, il nous a permis d'intégrer le Service PMA de la Polyclinique Majorelle de Nancy. 
Une insémination artificielle fin août 2019 fut couronnée de succès : nous avions pu entendre un coeur battre à l'échographie, voir une colonne vertébrale se dessiner... Et à 2 mois et demi de grossesse, le drame absolu arrive : le fœtus ne se développe plus et une sixième fausse couche a lieu le 10 novembre 2019. 

Puis étonnamment, comme s'il s'agissait du chant du cygne, une grossesse naturelle est arrivée en novembre 2020, avant de déboucher malheureusement sur une septième fausse-couche le 6 janvier 2021.
Ce septième échec est suivi d'une huitième grossesse naturelle en mars 2021, qui s’interrompt à son tour le 26 avril 2021.


« Tout tenter pour ne pas avoir de regrets »


Après un moment de réflexion, frappés si lourdement par la fatalité, nous nous sommes résolus à recourir au don d'ovocytes à l’étranger. C'est un nouveau deuil à faire : la femme ne va pas porter un enfant qui lui ressemble et doit renoncer à transmettre une partie d’elle-même... Nous n'avons jamais voulu nous avouer vaincus et avons voulu tout tenter pour ne pas avoir de regrets.
Nous sommes alors partis à Barcelone en août 2021 pensant pouvoir conjurer le sort. Mais, même avec des ovocytes sains, nous traversons une neuvième fausse couche fin septembre. 

Ce nouvel échec a permis aux médecins de se rendre compte qu'il n'y avait peut-être pas qu'un problème de qualité ovocytaire dans nos difficultés. Ils ont alors réalisé une biopsie de l’endomètre de Frédérique, suivie d’une mise en culture des cellules immunitaires. Début janvier 2022, le diagnostique tombe : le système immunitaire utérin de Frédérique est depuis toujours en suractivation et s'est attaqué à tous les embryons qu'elle a portés…


Et la volonté de Dieu dans tout ça ?
 

Après quelques mois de traitement, nous étions prêts à retourner en Espagne en avril 2022 pour un don d'ovocytes. Mais là encore, Dieu met notre foi à l’épreuve : le cycle de Frédérique n’était toujours pas revenu... Pourquoi nous fait-Il endurer tout cela ?  Pour autant, notre couple en ressort plus fort, notre résilience est désormais à toute épreuve et nous avons une force intérieure inébranlable.


Suite à un échec en République Tchèque, Rémi et Frédérique ont procédé à un nouveau transfert de deux embryons en Espagne en septembre 2022. Une tentative fructueuse qui a permis une nouvelle grossesse, mais les taux de HCG très faibles ont annoncé une énième interruption au bout d’une semaine. 

Personne ne peut imaginer le sentiment de déception qui peut s'abattre sur un couple quand ce type de nouvelles vous tombe dessus... Il faut faire preuve de courage et accepter la fatalité. Ce n'est pas simple, mais peut-être que Dieu a d'autres projets pour nous et que notre destin sera d'adopter des enfants à qui nous pourrons apporter tout l'amour du monde ?  En tout cas, nous restons plein d'espoirs pour l'avenir et ferons de toutes ces épreuves une force ! 

Si nous arrivons à devenir un jour parents – nous ne cessons d'y croire –, nous saurons le prix et la valeur de la vie. Nous sommes devenus des combattants, qui avons su affronter l'adversité, avec un espoir et une foi chevillée au corps ! J’ai une grande admiration pour ma compagne, qui a su faire face à toutes ces épreuves avec courage et ténacité. Elle est d'autant plus méritante qu'elle travaille au quotidien avec des bébés, en tant qu'auxiliaire de puériculture dans une crèche, et qu'elle est au contact chaque instant avec ce que la vie lui refuse.


 

Un accompagnement chrétien pour les couples

Malgré ce traumatisme des fausses couches pourtant reconnu, cela reste un véritable tabou en France et les parents sont peu accompagnés dans leur deuil. Le processus de deuil de l’enfant à naître est nécessaire, pourtant un silence autour du deuil anténatal peut rendre ce deuil difficile (notamment en l’absence souvent de corps et de rituel).
Toutefois des associations spécialisées accompagnent les couples qui vivent des souffrances liées à l’accueil de la vie, voire un deuil. Il existe notamment des structures chrétiennes : l’association Agapa, l’association Mère de Miséricorde… et des sanctuaires chrétiens qui proposent des « chemins de consolation » (Lourdes, Sainte-Baume, Montligeon). 

Aussi, plusieurs saints peuvent être invoqués pour prier pour toutes les couples, comme Rémi et Frédérique qui souffrent de difficulté à procréer ou de fausses couches : 

  • Couples de saints ayant souffert de l’infertilité, de fausses couches : saints Anne et Joachim, saints Elisabeth et Zacharie, saints Cunégonde et Henri II, saint Louis de France et la reine Marguerite, vénérables Juliette et Carlo, bienheureux Frédéric et Amélie, Raoul et Madeleine Follereau
     
  • Saints invoqués pour la stérilité, les grossesses difficiles et les fausses couches : sainte Marie, saint Joseph, sainte Famille, sainte Marguerite d’Antioche, sainte Catherine d’Alexandrie, sainte Catherine de Suède, sainte Catherine de Sienne,  saint Antoine de Padoue, saint Gérard Majella, sainte Jeanne Beretta Molla
     
  • Saints pour tenir bon dans les épreuves ou la profusion de miracles : saint Gilles, sainte Catherine de Sienne, saint Maurice, saint Maximilien-Marie Kolbe, sainte Joséphine Bakhita, saint Padre Pio, saint Charbel.

 

 

Dossier et interview réalisés par Émilie FEUILLÉ
Église dans les Vosges – Octobre 2022

 

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