Bien chères paroissiennes, bien chers paroissiens du "Net"
"Le Seigneur est vraiment ressuscité alléluia!" voici la bonne nouvelle du jour. Que signifie pour nous le tombeau vide?
Quel est l'impact de la résurrection dans nos vies?
Merci à l'abbé Alfred à travers sa méditation de nous ouvrir des pistes de compréhension et de réflexion sur la résurrection.
À tous je souhaite une joyeuse fête de Pâques.
"Ir adelante siempré!"
Dieu bénisse.
Abbé Éric TRAORE.
Paroisse N.D du Val de Meurthe
20, rue de l'Église
88230/ Fraize
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France
Dimanche de la Résurrection (4 avril 2021)
Textes : Ac 10, 34a.37 - 43 ; Ps 117 ; 1 Co 5, 6b – 8 ; Jn 20, 1 - 9
Titre : Entrer dans le jardin de Pâques où la vie est plus forte que la mort
Du jardin de la Genèse avec Adam et Ève au jardin de la Pâques avec Jésus, il y a une rupture totale dans le fait d’être homme. Les deux jardins sont pourtant riches et beaux en variétés de dons de la nature, offerts gratuitement par le Créateur. Le premier jardin est animé́ par le désir de l’homme de tout contrôler, de tout savoir et tout de suite. Le second jardin est animé́ par le cri strident de l’homme qui, abandonné de tous, humilié dans sa dignité́, se livre au créateur pour une nouvelle création. Dans le premier jardin, la soif de l’homme est de s’affranchir de la relation d’ordre créateur-créature comme si elle était une privation, une prison. Dans le second jardin, l’homme fait le mouvement dynamique de va-et-vient dans cette relation d’ordre. Ici, il y a la proclamation solennelle que Dieu, le créateur, n’a pas jeté́ l’homme dans la nature sans le nantir de force de régénération. Laquelle est mission de collaboration et d’amitié́ avec le créateur. Le jardin de Pâques est le lieu de cette entrée dans la vision de Dieu. C’est la Résurrection.
Le chemin de croix dans sa dureté́ particulière s’opposait à cet état neuf de l’homme, où Dieu le porte dans ses mains comme la Vierge Marie a tenu l’Enfant Jésus, fragile, dans ses mains de Mère. Jésus n’a pas fui cette réalité́ du chemin de la vie. Il s’est revêtu de toutes les saletés du jardin que l’homme ne parvenait pas à nettoyer. Dans le tombeau, il a plongé́ jusqu’aux déchirures les plus graves pour laver et ranger en ordre divin le jardin de l’homme. C’est la résurrection de l’homme.
Marie Madeleine est encore dans les ténèbres du premier jardin quand elle va, toute remplie de chagrins, au tombeau. Elle constate l’anormal, le vide. Un tombeau doit rester en son état selon l’ordre prévu. Sinon vol, détournement, profanation, injustice, tout sans loi ni foi malgré́ la foule des lois. C’est ce qui se fait dans la norme du premier jardin dans lequel, aujourd'hui encore, l’homme peut demeurer. La nouvelle connue, l’information circule vite. Marie Madeleine se dépêche de tenir au courant les deux disciples, Pierre et Jean, certainement les plus proches, car certains étaient partis loin ou s’étaient cachés par peur. La peur et la cache sont aussi présentes dans le premier jardin après le franchissement de la barrière. La peur de Dieu ! Dieu ne fait pas peur à l’homme. Il aime l’homme en l’appelant à être saint, vrai, bon, miséricordieux comme Lui. Les deux disciples courent au tombeau. Il faut bien vérifier l’information au lieu de se contenter à la diffuser sans être sûr de sa source, créant ainsi panique, psychose, peur, manque de confiance en Dieu. Jean, plus jeune, est plus en jambes. Il arrive le premier au tombeau. Il constate les dires de Marie Madeleine. Puis dans une inclinaison légère, il découvre que le corps ne peut être dans les linges ainsi posés à plat. Il y a effectivement quelque chose. Mais Jean s’arrête là. Il attend son ainé́ Simon-Pierre qui doit arriver. Par respect de la hiérarchie ? Certainement plus que cela, dans une intention spirituelle. Le geste d’attente de Jean convient dans le jardin de la Pâques comme un ordre de laisser passer, de s’effacer devant l’autre pour dire en toute humilité́, tu es plus grand que moi, je dois passer après toi. N’est-ce pas là le lien avec le jeudi saint où Jésus a invité́ ses disciples à devenir serviteurs en vérité́ et en âme par le geste du lavement des pieds ? Dans le sens du monde, où passer devant l’autre par rivalité́, par piétinement et par indifférence ou ignorance est une mode, Jean attend Pierre devant le tombeau, et le laisse passer par profond respect. Cette logique de voir et de considérer l’autre, surtout le plus faible et le plus pauvre, en plus grand que soi, change le monde. Elle établit dans le jardin de la Pâques. C’est la résurrection partagée. Pierre entre dans le tombeau. Il constate que les dires de Marie Madeleine ne sont pas des paroles d’affolement, de troubles psychiques. Il y a bien quelque chose. Le corps de Jésus est absent. Mais Pierre remarque l’ordre dans la disposition des linges. Ils sont bien ordonnés, chacun à sa place sans un défaut de roulement. Cet ordre est étrange ! Il étonne l’esprit de Pierre. Certes il y a bien quelque chose. Mais bien au-delà̀ de l’absence du corps de Jésus.
Jean suit Pierre dans la découverte de l’intérieur du tombeau. Il est vide du corps de Jésus. Mais plein de mystère. Comment découvrir ce mystère quand notre esprit veut tout contrôler, mettre au ban de ses connaissances ? Comment lire cette présence de Dieu dans notre vie quand le malheur frappe ici et là, à nos portes, dans nos cœurs ? Il est plus facile de faire confiance au faux que l’on voit qu’à la vérité́ à chercher sans savoir si elle s’ouvrira à notre conscience. Se limiter à la surface, à la couleur primaire, mordre dans les premières analyses sont davantage acceptables que de rechercher l’analyse spirituelle, celle où Dieu se révèle à nous dans le drame de la mort de Jésus. Cette vision, plus profonde, requiert le silence habité par la confiance, cet élan vital pour recevoir le message qui dépasse notre entendement.
Qu’a-t-il vu de plus que Marie Madeleine et Simon-Pierre ? Ils ont tous aperçu les mêmes choses. Mais Jean a vu, et il a cru. Il s’est laissé saisir par le mystère qui remplissait le tombeau vide. L’absence du corps derrière les linges, posés à plat et si bien ordonnés, annonçait la présence nouvelle. Celle dont l’apôtre Paul dit qu’elle nourrit le monde entier avec le pain de la droiture et de la vérité́. Le pain de la Pâques. Le pain de la résurrection en action dans nos vies.
Pour partager ce pain, Pierre ne donne pas seulement une information au centurion de l’armée romaine. L’information peut être mal interprétée, elle peut être sans intérêt. Elle peut se prolonger en des développements inutiles. Pierre rend témoignage de la présence du Christ après l’évènement du tombeau vide. Il a compris avec Jean que le bon ordre des linges dans le tombeau vide dit plus que le goût du ménage bien fait. Il est vivant. Voilà̀ le fond spirituel du tombeau vide. Jésus est ressuscité.
Pierre transmet cette nouveauté́ de la vie de Jésus. Ce Jésus qui, homme de bien, homme du salut, a été́ supprimé par suspension à la croix. Il est vivant. Et il fait vivre. Cette réalité́ nouvelle dans le fait d’être homme est immense. De la mort, l’homme peut être vainqueur car le Christ est sorti du tombeau. Il est vivant. De la bonne transmission créateur-créature et créature-créateur, l’homme est capable car le Christ a ouvert le chemin. De la réconciliation et de la mise en commun des forces de créativité́, l’homme en a la possibilité́ car le Christ a tué́ la division et établi l’unité́ des cœurs.
Pierre révèle la mission de l’homme suite à la Résurrection du Christ. Mission d’annonce. Le Christ est l’accomplissement plénier de l’homme. Mission de vie en Christ, par le Christ et pour le Christ.
La Covid-19 tourmente le monde. Elle s’inscrit avec bien d’autres maux dans le chemin de croix avec les larmes du deuil, des accusations, des violences, des pleurs et des brutalités de toutes sortes. Le confinement et les restrictions du vivre-ensemble posent toutes les questions de l’agir humain dans le monde. Les réponses sont multiples et souvent opposées.
La Résurrection de Jésus appelle l’homme. Elle appelle le vivant. La vie en dehors des tombeaux des barbaries, masquées ou non. La vie en dehors des tombeaux des guerres anciennes et nouvelles. La vie en dehors des conflits à verser le sang, à priver de parole, d’attention fraternelle et de solidarité́.
La Résurrection de Jésus m’appelle. Elle t’appelle. Elle nous appelle dans le jardin de la Pâques. Soyons ensemble dans la Paix de ce jardin pour aimer, pardonner, vivre en Dieu. Joyeuses Pâques ! Alléluia ! Il est vivant ! Que Jésus soit notre vie ! Amen !
Alfred Dibanne KI