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Guerre et paix

Billet d'humeur du Père Piotr K. Wilk

La guerre, c'est la routine.  L'humanité, pour l'instant, n'a jamais connu la paix ;
seulement des entre-deux-guerres.

Voltaire
 

Dans notre calendrier, chaque mois porte de lourds événements avec des conséquences qui vont marquer toutes les générations. On peut avoir l’impression qu’il n’y avait que des guerres, tragédies, révolutions, émeutes, attentats, accidents. Dans ce contexte il nous est difficile d’entendre le message de la paix car, de tous côtés, les médias nous apportent des informations sur un nouveau foyer de guerre froide, guerre commerciale, guerre des nerfs, guerre de position… Enfin même le mot guerre est utilisé pour parler de nos rapports humains et sociaux.

Le message de la paix devient tellement faible que par rapport aux grandes puissances il nous semble être peu réel. Nous sommes tous si noyés dans cet océan de la peur et de la violence générale que notre appel au secours est tourné vers les personnages imaginaires comme Batman, Spiderman, Super-Héros, Captain America et d’autres. Il n’y a que la force qui gagne : « que la force soit avec vous », la salutation du film  Star Wars. Où en est-on avec notre souhait : « Que la paix soit avec vous ! » ? 

Récemment, nous pouvions lire sur une affiche de film : Celui qui veut la paix, prépare la guerre – si vis pacem para bellum. Donc il n’y a plus de place pour les plus faibles, fragiles, migrants, la non-violence, les autres cultures et religions. De nos jours, dans le monde créé et que Dieu ne cesse d’aimer, la violence physique et symbolique s’est imposée. La cupidité et l’orgueil – bien éloignés de la paix ou de la justice de Dieu – sont de plus en plus puissants. En conséquence, l’aspiration à la paix, il faut la chercher dans la douleur des personnes vaincues, des victimes de discrimination et de violence.

Michel Drain a dit en 2018 au sujet des défis de la paix dans un monde troublé : « On assiste aujourd’hui à un renouveau des rivalités de puissances et à un affaiblissement du droit. Les États-Unis, malgré leur prééminence, ne peuvent plus à eux seuls déterminer le cours de la politique internationale. De multiples centres de pouvoirs, souvent rivaux, apparaissent. Des risques d’affrontement entre puissances nucléaires grandissent, des frontières de la Russie à la mer de Chine…. Au Sud, de nombreux peuples subissent les guerres et le chaos consécutifs à l’effondrement des États. » 

En France, la devise de l’École de guerre est toujours : « si vis pacem para bellum ». C’est pourquoi l’auteur pose la question : « Prépare-t-elle la guerre ? » Finalement, pour être un homme de paix, faut-il encore accepter de préparer la guerre ? Souvent j’ai posé la question : pourquoi y a-t-il tant de guerres dans le monde ? Et où commence chaque guerre ? Elle commence toujours dans le cœur de l’homme.  Paradoxalement la guerre et la violence révèlent la faiblesse et les complexes des hommes.

Dans l’Évangile Jean 14,17, Jésus nous assure « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé. »  La paix « à la manière du monde », c’est une paix précaire posée sur des équilibres instables dans une guerre anormale ou réelle des ressources, d’influences, de pouvoir où la paix est imposée par les armes. Cette vision n’est pas compatible avec le message évangélique car Jésus proclame dans les béatitudes : « Heureux les doux, ils recevront la terre promise en héritage, Heureux les artisans de Paix, ils seront appelés fils de Dieu. » (Mt 5,5 ;9) 

Paix et justice sont toutes deux des dons de Dieu en réponse à la fidélité du peuple de Dieu ; elles sont présentées comme les expressions les plus élevées de la volonté de Dieu (Ps 72,3).   Et la partie intégrante de la promesse messianique (Es 9,7).

Le premier don du Ressuscité, c’est aussi la paix : « en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. », Il les salue par ce mot : shâlom, déclaration de paix qui s’accomplit en trois actes : la vie, don de Dieu, doit être proclamée à tous les peuples (« Je vous envoie »), la présence de l’Esprit Saint qui fait revivre la création (« Recevez l’Esprit Saint ») et le pardon qui restaure les relations humaines (« Si vous pardonnez les péchés des autres, vous recevrez le pardon »). (Cf. : Nestor O. Míguez)

Le Pape François écrivait pour la journée de la Paix 1 janvier 2021 sur la nécessité de la culture du soin comme parcours de paix. « La paix n’est pas seulement absence de guerre et elle ne se borne pas à assurer l’équilibre des forces adverses. La paix ne peut s’obtenir sur terre sans la sauvegarde des biens des personnes, la libre communication entre les êtres humains, le respect de la dignité des personnes et des peuples, la pratique assidue de la fraternité ». Ensuite « La paix est un fruit de la justice et un effet de la charité. La paix est avant tout un don de Dieu. »

À la naissance de son Fils, les anges glorifiaient Dieu et souhaitaient paix sur la terre aux hommes et aux femmes de bonne volonté (Lc 2, 14). Encore une fois le Pape François pour la journée Mondiale de la Paix, 1er janvier 2017 :

« Tous nous désirons la paix ; beaucoup de personnes la construisent chaque jour par de petits gestes ; nombreux sont ceux qui souffrent et supportent patiemment les efforts de beaucoup de tentatives pour la construire »… Engageons-nous, par la prière et par l’action, à devenir des personnes qui ont banni de leur cœur, de leurs paroles et de leurs gestes, la violence, et à construire des communautés non-violentes, qui prennent soin de la maison commune. « Rien n’est impossible si nous nous adressons à Dieu dans la prière. Tous nous pouvons être des artisans de paix ». Demandons à la Vierge Marie d’être notre guide sur ce chemin.

En conclusion, encore deux citations de l’auteur « Guerre et paix » Léon Tolstoï : « Les deux guerriers les plus puissants sont la patience et le temps. N'oublie pas que les grandes réalisations prennent du temps et qu'il n'y a pas de succès du jour au lendemain. Toute réforme imposée par la violence ne corrigera nullement le mal : la sagesse n'a pas besoin de la violence. ». « Ce n'est pas la violence, mais le bien qui supprime le mal. »

Alors « Que la Paix soit avec Vous ! »
 

Père Piotr K. WILK

 

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