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Fratelli tutti

Encylique du Pape François – 3 octobre 2020

Après avoir abordé la foi et l'écologie intégrale, le pape François signe ce samedi 3 octobre 2020 sa nouvelle encyclique :
« Fratelli tutti » – « Tous frères », sur la fraternité humaine et l'amitié sociale.

François a choisi Assise, un lieu à la fois très solennel et très significatif, pour parapher ce nouvel encyclique. Mais aussi une date significative, à la veille de la saint François d'Assise et pour clôturer la « Saison de la Création ». Le titre se réfère aux Admonitions de saint François (6, 1: FF 155) : « Considérons, tous frères, le bon Pasteur: pour sauver ses brebis, il a souffert la Passion et la Croix». Assise est la ville du Poverello dont il a pris le nom comme Pape, et qui prêchait cette fraternité « cosmique », universelle, unissant toutes les créatures de Dieu.

C’est d’une « fraternité ouverte qui permet de reconnaître, de valoriser et d’aimer chaque personne… » dont va nous entretenir le Pape au long des 216 pages de cette encyclique. Dans l’introduction à cette lettre, le pape François livre son rêve de fraternité et d’amitié sociale.

« Je livre cette encyclique sociale comme une modeste contribution à la réflexion pour que, face aux manières diverses et actuelles d’éliminer ou d’ignorer les autres, nous soyons capables de réagir par un nouveau rêve de fraternité et d’amitié sociale qui ne se cantonne pas aux mots. Bien que je l’aie écrite à partir de mes convictions chrétiennes qui me soutiennent et me nourrissent, j’ai essayé de le faire de telle sorte que la réflexion s’ouvre au dialogue avec toutes les personnes de bonne volonté (6). »

S’inscrivant dans le contexte de la COVI-19, le Pape François alerte sur ce qu’elle a révélé et sur les mauvaises pistes qui s’ouvriraient.

« …la pandémie de la Covid-19 [qui] a mis à nu nos fausses certitudes […] l’incapacité d’agir ensemble a été dévoilée […] on a observé une fragmentation ayant rendu plus difficile la résolution des problèmes qui nous touchent tous. Si quelqu’un croit qu’il ne s’agirait que d’assurer un meilleur fonctionnement de ce que nous faisions auparavant, ou que le seul message est que nous devrions améliorer les systèmes et les règles actuelles, celui-là est dans le déni (7). »

Enfin, par un vœu et un rêve, le Pape nous invite à entrer dans une espérance tout au long de cette lettre qu’il nous adresse.

« Je forme le vœu qu’en cette époque que nous traversons, en reconnaissant la dignité de chaque personne humaine, nous puissions tous ensemble faire renaître un désir universel d’humanité. Tous ensemble. […] Rêvons en tant qu’une seule et même humanité, comme des voyageurs partageant la même chair humaine, comme des enfants de cette même terre qui nous abrite tous, chacun avec la richesse de sa foi ou de ses convictions, chacun avec sa propre voix, tous frères (8). »


Message de Mgr Berthet 

PLAIDOYER POUR UN MONDE OUVERT

Nous mettrons du temps pour lire et surtout intérioriser le long message prophétique que le Pape François vient de nous adresser sous le titre « Fratelli tutti » (tous frères). Cette encyclique sur la fraternité humaine et l’amitié sociale est un puissant antidote contre toutes les tentations de cynisme, de désabusement et de fermeture qui guettent notre monde toujours plus global mais aussi de plus en plus  fragmenté. François adresse « à tout homme de bonne volonté » ce plaidoyer vibrant pour un monde ouvert où l’on jette des ponts au lieu d’élever des murs, où l’on recherche la rencontre et l’intégration au lieu de pratiquer l’exclusion.

Outre le témoignage toujours si émouvant de Saint François d’Assise, le frère universel, « Fratelli tutti » s’inscrit dans la longue et riche suite des encycliques sociales, et particulièrement de la dernière en date : « Laudato si » sur la sauvegarde de la création et l’écologie intégrale. Le texte  se réfère aussi souvent à la toute récente déclaration commune sur la Fraternité humaine, cosignée par François et le grand Imam de l’université El Azhar du Caire, haute autorité représentante de l’Islam. Cette inspiration interreligieuse ajoute encore à la force et à l’universalité du plaidoyer que le Pape nous adresse. Mais surtout, et comme toujours, l’Evangile est au cœur du message, avec la parabole du bon samaritain qui pose cette question fondamentale : de qui me ferai-je le prochain ? Avec qui partagerai-je la fraternité qui est don reçu d’en-haut, mais qui est aussi un travail à réaliser chaque jour ici-bas ?

Car cette fraternité n’est pas seulement un principe général inscrit dans le marbre de nos déclarations solennelles ou au fronton de nos mairies. Elle est un combat et une responsabilité qui nous concernent tous. Elle est une action prophétique contre les mauvaises solutions du populisme ou l’hégémonie de l’ultra-libéralisme individualiste et indifférent. Elle déjoue les illusions de l’hyper-communication virtuelle et veut favoriser la vraie rencontre et la communion. Elle fait droit à l’aspiration légitime des migrants à trouver le lieu d’une vie tout simplement possible. Elle refuse les forteresses nationales et culturelles et croit à la fécondité des échanges entre religions et entre civilisations.

Que ce monde ouvert dont nous parle François commence ici et maintenant par nos cœurs ouverts et nos mains ouvertes, et que nous y trouvions ensemble la vraie joie.

 

+ Didier Berthet
Évêque de Saint Dié


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