Bien chères paroissiennes, bien chers paroissiens du "Net"
Plus qu'une semaine et nous célébrerons dans la joie la fête de Pâques.
Nos regards et nos cœurs sont déjà tournés vers ce jour où le Christ vainqueur du péché et de la mort resplendira dans sa gloire.
Le dimanche des rameaux et de la passion que nous célébrons nous font entrer dans la semaine sainte qui nous mènera à ce jour de gloire.
Merci à l'abbé Paul NAZOTIN de nous expliquer la signification de cette célébration.
Bonne marche à tous et à chacun vers Pâques.
Dieu bénisse.
Abbé Éric TRAORE.
Paroisse N.D du Val de Meurthe
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France
Homélie du dimanche des Rameaux 2019 (P. Nazotin)
Chers frères et sœurs,
Le texte de la passion que nous lisons en ce jour des Rameaux, nous relate surtout ce qui s’est passé le Vendredi Saint : comment Jésus est en est venu à être crucifié et mis à mort le Vendredi Saint.
Le cardinal Joseph Ratzinger faisait remarquer que rien ne pouvait permettre aux disciples de Jésus de comprendre sa mort, le Vendredi Saint, comme un sacrifice.
Effectivement, il est bon de se poser la question : qu’est-ce qui permet à tout le Nouveau Testament de voir la mort de Jésus comme un sacrifice ? La réponse c’est : ce qui s’est passé le Jeudi Saint. En effet, sans le recours au Jeudi Saint, la crucifixion de Jésus n’est rien d’autre qu’une exécution romaine.
Donc, pour mieux comprendre le Vendredi Saint, revenons à ce qui s’est passé la veille, le Jeudi Saint.
Un examen attentif de la célébration de la pâque juive par Jésus et ses disciples montre qu’ils ont quitté la Chambre Haute, là où ils se sont retrouvés pour célébrer la pâque juive, sans avoir consommé la 4e coupe, la coupe de la consommation, qui concluait le Seder (le repas pascal juif). Il y a ici, de toute évidence, comme une entorse au rituel de la pâque juive du temps de Jésus.
Contre toute attente, à Gethsémani, Jésus parlera de « coupe » dans sa prière : « Père, s’il est possible, éloigne de moi cette coupe » (Mt 26,39). Or, nous savons sait bien que c’est de sa souffrance et de sa mort que Jésus parle en termes de « coupe ».
Toutefois, dans la passion selon St Jean que nous lisons les Vendredis Saints, Jésus s’exclame juste avant de mourir : « J’ai soif ». « Après quoi, sachant que désormais tout était achevé pour que l'Écriture fût parfaitement accomplie, Jésus dit : " J'ai soif. " Un vase était là, rempli de vinaigre. On mit autour d'une branche d'hysope une éponge imbibée de vinaigre et on l'approcha de sa bouche. Quand il eut pris le vinaigre, Jésus dit : " C'est achevé " et, inclinant la tête, il remit l'esprit » (Jn 19,28-30).
Pour quelqu’un qui va bientôt mourir, étancher une soif n’est nullement une priorité. Il n’y a donc pas de doute que Jésus veut donner une importance à ce geste.
Il faut alors comprendre que la 4e coupe est consommée. La mort de Jésus en croix le Vendredi Saint n’est rien d’autre que la conclusion d’une célébration qui a commencé la veille, à la Chambre Haute, avec la célébration de la Pâque juive, au cours de laquelle il a institué l’Eucharistie.
C’est donc là, à l’institution de l’Eucharistie, que le sacrifice de Jésus a commencé et cette institution de l’Eucharistie était déjà le sacrifice de Jésus. Ses derrières paroles (« Tout est accompli ») sont à comprendre comme faisant référence à ce repas pascal (qui, dans la tradition juive est toujours un repas sacrificiel au cours duquel est mangé l’agneau immolé) commencé dans la Chambre Haute.
Le sacrifice de la croix et l’Eucharistie instituée dans la Chambre Haute constituent donc un seul et même événement, c'est-à-dire le sacrifice de Jésus, plus précisément sa pâque, puisque c’est de cette façon qu’il a choisi de célébrer la pâque juive.
C’est donc la Sainte Cène qui permet de voir que la Croix est la continuation d’un acte d’amour commencé dans la Chambre Haute.
La croix n’est pas une simple exécution romaine.
Il est le plus beau geste d’amour jamais posé. Il y a de la souffrance dans ce geste, puisqu’on parle d’amour.
Il n’y a pas d’amour sans souffrance. « Celui qui commence à aimer doit être prêt à souffrir » dit Padre Pio (CE 25). De fait, l’amour transforme la souffrance en sacrifice de sorte que sans amour, la souffrance n’est que torture.
Le Vendredi Saint sans le Jeudi Saint est une torture et l’amour exprimé le Jeudi Saint sans la souffrance du Vendredi Saint n’est que platonique.
Le Jeudi Saint transforme le Vendredi Saint en un sacrifice et le dimanche de Pâques transforme le Vendredi Saint en un sacrement.
De fait, la lettre aux Hébreux nous dit que Jésus, grand prêtre selon l’ordre de Melchisédech, est en entré au ciel, dans le sanctuaire de Dieu, avec son offrande du vendredi saint.
Si l’offrande du Christ se passe au ciel comme le dit la lettre aux Hébreux, alors cette offrande est éternelle car tout ce qui se passe au ciel est éternel. C’est pour cela que l’auteur de la lettre aux Hébreux présente Jésus comme étant Melchisédech, le prêtre éternel de l’Ancien Testament offrant du pain et du vin (Gn 14).
Le Christ, au ciel, offre éternellement son sacrifice au Père.
Non seulement son offrande est éternelle, mais la réponse du Père (c'est-à-dire la résurrection) à cette offrande est éternelle, elle aussi.
C’est ce sacrifice éternel du Christ et la réponse éternelle du Père, que le prêtre rend présent à chaque Eucharistie : « faites ceci en mémoire de moi ».
A chaque Eucharistie, nous avons la possibilité de nous unir au sacrifice du Christ, le seul et unique sacrifice du Christ offert une fois pour toutes les autres fois (He 7,10 ; 10,10).
Participer à la messe, c’est avoir la possibilité d’unir nos souffrances à celles du Christ, notre offrande à la sienne, pour qu’elles deviennent offrande à Dieu et non tortures.
Sans cette union, nous n’avons pas part à sa résurrection.
À chaque fois que nous le faisons, nos souffrances deviennent lieu de grâce et de croissance en Dieu. Elles deviennent des lieux arides d’où pourtant poussent des roses inattendues !
Puisse le Seigneur nous apprendre à unir nos souffrances aux siennes par le sacrifice de la messe.
Abbé Paul NAZOTIN