Dis-moi ma foi.
Le temps de l’avent
« Aube nouvelle Aube nouvelle dans notre nuit : Pour sauver son peuple, Dieu va venir.
Joie pour les pauvres, fête aujourd’hui : Il faut préparer la route au Seigneur.
Bonne nouvelle, cris et chansons : Pour sauver son peuple, Dieu va venir.
Voix qui s’élève dans nos déserts : Il faut préparer la route au Seigneur.
Terre nouvelle, monde nouveau : Pour sauver son peuple, Dieu va venir.
Paix sur la terre, ciel parmi nous : Il faut préparer la route au Seigneur » ;
Comme le chante et nous invite l’hymne, le Christ-Jésus, le Messie de Dieu a eu pitié de nous et a décidé de venir à notre secours en prenant chair de notre chair sur la terre. Il nous faut nous préparer afin de vivre l’évènement de sa venue dans nos cœurs, dans notre monde. Pour ce faire l’Église notre Mère nous propose un temps de préparation. Oui, à partir du dimanche 2 décembre prochain et ce jusqu’au 24 décembre, l’Église nous propose d’entrer dans un temps important de préparation à la fête de la nativité : noël. Ce temps essentiellement spirituel et qui se veut une halte dans la course des préparatifs matériels de noël est appelé temps de l’Avent. Mais qu’est-ce que le temps de l’avent ? comment le vivre aujourd’hui ? voilà les questions auxquelles nous tenterons de donner quelques réponses dans ce bref article.
Qu’est-ce que l’avent ?
Il faut dire que l’Avent vient du latin « adventus » et signifie « arrivée », « venue ». C’est un temps de préparation à la fête de noël. Il désigne à la fois la venue de Jésus lors de sa naissance, il y a deux mille ans, sa venue intérieure en nous, aujourd’hui, et son retour en majesté à la fin des temps. Ce temps débute le quatrième dimanche avant le 25 décembre, donc selon les années entre le 27 novembre et le 3 décembre. Le temps de l’avent marque le début de la nouvelle année liturgique. Cette année nous entrons dans l'année « C ». La célébration du temps de l’Avent dans l’Église remonte à la fin du IVe siècle à Ravenne, ville byzantine en Italie, en Gaule et en Espagne avant d’atteindre Rome dans la seconde moitié du Vie siècle. Ce temps choisi par l’Église byzantine et orthodoxe et ensuite par l’Église romaine et occidentale consistait en une préparation ascétique de la fête de noël. Une sorte de petit carême[1][i] c’est pourquoi la couleur liturgique est le violet (sauf le troisième dimanche dit dimanche du GAUDETE, ou dimanche de la joie. Ce jour-là la couleur est rose pour signifier que l’attente reste joyeuse), aussi durant tout le temps que dure l’avent on ne chante pas le Gloria durant la messe. Ce temps de préparation vise à la conversion des cœurs pour accueillir le Messie de Dieu. Il nous donne de mieux comprendre le sens de la naissance de Dieu dans l’âme et de la croissance du Christ en nous, qui n’est autre que le motif de l’incarnation, cet évènement inouï par lequel Dieu nous donne d’avoir part à sa vie, d’être introduits à la communion trinitaire. Afin d’aider le peuple de Dieu à vivre plus intensément ce temps d’attente l’Église va introduire dès l’antiquité la « couronne[2] de l’avent ». Cette couronne indique la conquête du salut, elle montre que par Jésus-Christ notre vie accède à sa totalité et à son intégrité. En effet, la couronne de l’avent a pour but de nous conforter dans l’espoir que notre vie sera une réussite avec Jésus. Même si l’année qui s’écoule nous a apportée beaucoup d’échecs, ceux-ci peuvent être métamorphosés par le recueillement, le silence et la prière, et intégrés à l’ensemble de notre existence de telle façon qu’elle retrouve une cohérence. La couronne de l’avent depuis le XIXe siècle est constituée de quatre bougies[3] qui représente chacune un dimanche du temps de l’avent. Chaque dimanche on allume une nouvelle bougie, de telle sorte que le nombre de bougies allumées rendent plus vive et intense notre attente de la nativité. Quand les quatre bougies brûlent sur le cercle de la couronne, toutes les oppositions sont réconciliées dans cette union du cercle et du carré.
Comment vivre le temps de l’avent ?
Vivre donc le temps de l’avent c’est accepter de vivre une aventure. L’aventure de Dieu. Car quand Dieu vient chez nous c’est toujours une aventure. Vivre le temps de l’avent c’est accepter que nos certitudes les mieux établies s’effondrent pour laisser place au Messie. C’est aller à la rencontre du Seigneur qui vient à notre rencontre. Frappe à la porte de notre cœur. L’attendre, l’écouter, le regarder avec les sens des acteurs principaux de ce temps que sont le prophète Isaïe, Saint Jean-Baptiste le précurseur, saint Joseph et la Sainte vierge Marie. Il nous faut pour cela être attentif aux textes qui sont lus durant cette période lors des messes. À travers la figure du prophète Isaïe qui exprime l’espérance messianique, les textes rappellent d’abord la longue attente par les Hébreux du sauveur annoncé par Dieu (cf. Isaïe (11, 1-10)).
À travers celle de Jean-Baptiste, ils annoncent la venue proche du Messie et invitent à un baptême de conversion pour s’y préparer (Marc 1,1.8 et Jean 1,19.28).
À travers la figure de Joseph père nourricier de Jésus, qui est le symbole de l’obéissance, de la douceur et de la disponibilité à la parole de Dieu, les textes nous invitent à son imitation. A la confiance en ce Dieu qui nous aime de toute éternité.
Et enfin, à travers la figure de la très Sainte vierge Marie qui est le symbole de l’habitation de Dieu en nous, les textes nous font vivre l’annonciation et le Fiat de Marie (Luc (1, 26-38)) qui nous ouvrent sur le mystère de l’incarnation du Fils de Dieu dans nos cœurs et dans notre Monde. La Nativité. NOÊL.
Comment alors vivre aujourd’hui ce saint temps que nous propose l’Église ?
Il est bon de rappeler que le temps de l’avent nous appelle d’une part au recueillement, au silence et à la prière. Pourquoi ne pas commencer ce temps de l’avent par être assidu à la récitation quotidienne de l’angélus à midi et à 19h00 ? Aussi, je pourrais prévoir par exemple dans son planning quotidien la participation à la messe ; ou / et prendre un temps (15 minutes) de lecture méditée de la parole de Dieu ? Pour cela je peux lire en m'aidant du calendrier liturgique le livre du prophète Isaïe ou l’évangile de saint Mathieu. Ou encore méditer le mystère de l’incarnation avec le regard de la très sainte vierge Marie, le premier tabernacle de l’humanité. Je n'oublie surtout pas durant cette période de m'approcher du sacrement de la réconciliation. Jésus m'attend au confessionnal.
Et d’autre part, à la conversion intérieure ; à l’accueil de l’autre, au partage et à la solidarité. De fait, Les célébrations rappellent, en permanence et avec force, que les fidèles doivent être mobilisés spirituellement pour que la foi soit un ferment constant de renouvellement personnel et social autant que de confiance dans l’avenir. Vivre le temps de l’avent, c’est faire une halte dans mon quotidien surchargé pour me mettre à la disposition de Dieu afin de contribuer à mon niveau à rendre les autres heureux. Cela commence par laisser mon cœur toucher par la misère des pauvres. De façon concrète c’est leurs permettre aussi de sentir noël dans leurs assiettes. C’est être présent aux personnes vivant seules ou marginalisées à travers par exemple une visite, un coup de fil… C’est l’occasion de me réconcilier avec un proche, ou un ami, un camarade ou un collègue avec lequel je suis en brouille. Je saisis cette chance du temps de l’avent qui m'est gracieusement offerte pour faire le premier pas vers la réconciliation ; même si je juge que j'ai raison. Beaucoup d’autres initiatives peuvent être prises ; à chacune, chacun de juger selon son l’inspiration et de laisser son cœur parler.
Entrons avec sérénité et confiance dans ce saint temps de grâce. « Ir adelante siempré ! »
Dieu bénisse !
Abbé Éric TRAORÉ.
[1] L’Avent et le Carême sont deux périodes préparatoires à une grande fête, Malgré leur ressemblance, l’Avent et le Carême sont assez différents. La préparation de Noël ne se fait pas de la même manière que celle du mystère pascal par le Carême. Le Carême est un temps de préparation baptismale et un temps de repentir pour ceux qui ont failli à l’engagement baptismal. Il est marqué par le jeûne. L’Avent est un temps d’espérance et une invitation à être vigilent. Il ne comporte pas de jeûne en occident.
[2] La couronne dans l’antiquité symbolisait la victoire et les honneurs. On la plaçait, richement ornée, sur la tête du vainqueur. La couronne de l’avent est le signe de l’hommage rendu au Seigneur qui va venir.
[3] L’introduction des bougies dans la couronne est l’œuvre du pasteur allemand d’Hambourg au 19eme siècle. Chaque matin il allumait un petit cierge et, chaque dimanche, un grand cierge. La coutume n’a retenu que les grands.