Bien chères paroissiennes, paroissiens du Net
Veuillez trouver ci-joint l'homélie de l'abbé Paul NAZOTIN pour la célébration de la solennité du saint-sacrement.
Merci Père. Bonne fête à tous et à chacun.
Dieu bénisse.
Abbé Éric TRAORE.
Paroisse N.D du Val de Meurthe
20, rue de l'Église
88230/ Fraize
Tel : +33 3 29 50 30 50 / +33 7 53398792
France
Solennité du Corps et du Sang du Christ
Dt 8,2-3.14b-16a
Ps
1Co 10,16-17
Jn 6,51-58
Fête du très saint sacrement
Chers frères et sœurs,
Nous célébrons aujourd’hui, la fête du Très Saint Sacrement. Dans la messe, il y a deux éléments importants à distinguer : l’Eucharistie comme sacrifice et l’Eucharistie comme sacrement. La première finalité, quand nous allons à la messe, est d’offrir à Dieu le sacrifice de la messe. Nous avons tendance à penser que c’est pour recevoir la communion. Non. Nous allons à la messe d’abord pour offrir à Dieu le sacrifice de Jésus et ensuite pour recevoir la communion. Le principe fondamental de la vertu de religion (dans toutes les religions, surtout dans l’antiquité) est d’offrir un sacrifice à la divinité. On n’offre de sacrifice qu’à la divinité. C’est d’ailleurs pour cela que les Catholiques sont choqués quand on les accuse « d’adorer » Marie et les saints. Nous n’adorons que Dieu car c’est à lui seul que les nous offrons un sacrifice. Mais, si vous appartenez à une confession religieuse qui a évacué la notion biblique du sacrifice du Christ, vous ne saurez pas faire la distinction entre « vénération » et « adoration ». Donc, quand nous allons à la messe, nous allons pour offrir à Dieu le sacrifice du Christ que Dieu lui-même nous a donné pour lui être offert (comme Abraham avait reçu le bélier pour l’offrir à Dieu, en annonce du sacrifice du Christ). Le prêtre rend présent sur l’autel le sacrifice de Jésus dont la lettre aux Hébreux dit qu’il est entré au Ciel, dans le sanctuaire de Dieu avec son sacrifice (qui comprend la résurrection). Nous venons nous unir à ce sacrifice pour nous offrir nous-mêmes en sacrifice à Dieu. C’est parce que nous nous offrons à Dieu avec le Christ que nous ne nous appartenons plus nous-mêmes et que nous sommes appelés à dire constamment « non » à notre égo. Avec le sacrifice du Christ, j’offre mon égo pour que lui-même vienne habiter en moi (« ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » dira St Paul en Ga 2,20). Quand le sacrifice du Christ (qui comprend sa résurrection) est rendu présent sous les espèces du pain et du vin consacrés, nous parlons alors de sacrement. C’est sacramentellement, par exemple, que le Christ est présent au tabernacle, dans l’hostie de l’ostensoir, etc. Quand on apporte la communion à un malade, c’est le sacrement et non le sacrifice qu’on lui apporte. C’est ce côté sacrement de l’Eucharistie que nous célébrons aujourd’hui, car c’est le plus grand des sacrements. Tous les sacrements communiquent une grâce du Christ. L’Eucharistie, elle, communique le Christ lui-même. C’est ce que Jésus nous dit dans l’évangile d’aujourd’hui. Toutefois, son enseignement rencontre une opposition : « Comment celui-là peut-il nous donner son corps à manger ? » Certains auditeurs de Jésus ne supportent pas ce langage. Remarquons qu’ils avaient tout à fait compris que Jésus ne parlait pas de façon symbolique, sinon ils ne s’en offusqueraient pas. Dans les évangiles, quand Jésus parle de façon symbolique et qu’il est compris de façon littérale, il corrige. C’est le cas, par exemple, avec Lazare. Jésus dit à ses disciples : « Notre ami Lazare s’est endormi ; mais je vais aller le réveiller ». Les disciples lui dirent : « Seigneur, s’il s’est endormi, il sera sauvé ». Jésus avait parlé de sa mort, mais eux pensèrent qu’il parlait du repos du sommeil. Alors Jésus leur dit ouvertement : « Lazare est mort ». Nous avons la même chose avec Nicodème en Jn 2,11-14 ; et aussi avec le levain des pharisiens en Mt 16,5-12. En revanche, quand Jésus enseigne quelque chose et que son auditoire n’est pas d’accord, il enfonce le clou. En Jn 8, il dit aux juifs qu’Abraham a vu son jour à lui Jésus et s’en est réjoui. Les juifs lui disent « tu n’as même pas 50 ans et tu as vu Abraham qui a vécu 1800 ans avant toi ? » Jésus leur répond en poussant le bouchon plus loin : « Avant qu’Abraham ne fut, je suis ». « Je suis » c’est le nom de Dieu en Ex 14. Ses auditeurs qui ont tout de suite compris ce qu’il voulait insinuer, ramassent des pierres pour le lapider. Jésus procède de la même façon dans l’évangile d’aujourd’hui. Les Juifs trouvent son enseignement difficile ; Jésus enfonce le clou. Alors que jusque-là, il n’avait parlé que sa chair, il va ajouter un élément troublant : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, (et il ajoute cette nouveau) : et si vous ne buvez pas son sang, (et il en rajoute encore) : vous n’avez pas la vie en vous ». Et par trois fois, le mot qu’il utilise pour dire « manger » signifie littéralement « mâcher ».
Jésus est réellement présent dans l’Eucharistie, c’est-à-dire que dans l’Eucharistie, il nous communique sa résurrection, c’est-à-dire la capacité de ressusciter à notre tour. « L’Eucharistie, dit le Concile Vatican II, est la source et sommet de la vie de l’Église ». Bien avant que les évangiles ne soient écrits, les premiers chrétiens croyaient en l’Eucharistie telle que l’Église l’enseigne aujourd’hui. C’est pour cela que nous la célébrons toujours avec gravité, multipliant les signes de respect envers elle. Par exemple, l’autel où se célèbre l’Eucharistie est toujours recouverte d’au moins une nappe blanche. Traditionnellement, ce sont trois nappes, au-dessus desquels le prêtre, au moment des offrandes, pose encore un petit linge blanc, qu’on appelle le corporal et qui symbole le linceul utilisé pour ensevelir le corps de Jésus dans sa tombe (d’où le mot corporal). Les vases sacrés (calices, patènes et ciboires), en signe de respect pour les précieux Corps et sang de Jésus, sont faits de matériau reconnu comme de valeur dans la culture du milieu. Le prêtre est tenu de manier les saintes espèces (le Corps et le Sang du Seigneur) avec respect. Il ne doit laisser perdre aucune portion de l’hostie. Les fidèles laïcs sont eux aussi tenus au même respect. On communie en recevant le Corps du Christ ou sur la langue ou en tendant les deux mains, une main posée sur l’autre. Il y en a qui s’incline, ou se mettent à genoux pour communier. C’est leur droit le plus absolu de traduire leur respect pour le Corps du Seigneur, à leur façon. Le prêtre ne peut, en aucune manière, les en empêcher.
L’Eucharistie n’est pas un sacrement pour les « parfaits ». Au contraire, elle vient nourrir des pécheurs mais des pécheurs pénitents qui luttent pour sortir de leur péché. Communier alors qu’on est dans une situation de péché mortel qui va durer dans le temps, c’est profaner le corps du Christ et se mettre en danger nous dit St Paul en 1 Co 11. Par conséquent, quand la règlementation de l’Église ne nous autorise pas à communier, n’y voyons pas une sanction. Recevoir la communion alors qu’on est en état de contradiction profonde avec le Seigneur, ne nous fait pas du bien. « Vous mangez votre propre condamnation » dit St Paul aux Corinthiens qui célébraient l’Eucharistie dans des conditions calamiteuses (1 Co 11,29). Oui, et on l’aura compris avec la 2e lecture, c’est depuis le temps des apôtres que l’Église célèbre l’Eucharistie et recommande qu’on y approche avec gravité, tous, laïcs comme prêtres. Le prêtre, pour donner un exemple, est obligé de communier quand il célèbre l’Eucharistie. L’Église ne lui donne pas le choix. Mais il est pleinement conscient que cela peut tourner à son désavantage s’il communie dans un état indigne. Alors, il prend les devants. Juste avant de communier, il s’incline profondément devant le pain et le vin consacrés, fait une génuflexion en disant à Jésus une prière à voix basse. L’une d’elle dit ceci : « Que cette communion à ton Corps et à ton Sang n’entraine pour moi ni jugement, ni condamnation… ». L’Église, en bonne mère, ne fait que nous protéger quand elle nous dissuade de communier. Elle ne nous punit pas. La 1ère lecture nous a montré comment la manne a soutenu Israël tout au long de sa marche au désert. Jésus nous dit que la vraie manne, c’est son Corps. Sans l’Eucharistie, sa manne à lui, l’Église n’aurait pas pu faire tout ce chemin. Disons donc à Dieu, du fond du cœur, notre gratitude pour ce précieux sacrement.
Abbé Paul NAZOTIN