Bien chères paroissiennes, bien chers paroissiens du « Net »
Le dimanche qui suit l’épiphanie, l’Église nous invite à célébrer le Baptême du Seigneur. Cette fête liturgique a été rattachée à la fin du VIII è siècle à l’octave de l’épiphanie. Elle termine le temps de Noël. Dès demain lundi nous entrerons dans le temps ordinaire. Le baptême de Jésus marque le premier acte de sa vie publique. Mais quel est le sens du baptême de Jésus ?
Merci à l’abbé Paul NAZOTIN pour son éclairage à travers le fruit de sa méditation.
Dieu bénisse.
Abbé Éric TRAORE.
Paroisse N.D du Val de Meurthe
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France
Homélie, Baptême du Seigneur : Mc 1,7-11. Par Père Paul Nazotin
Chers frères et sœurs,
Au XVIe siècle, un des gros points de désaccord entre Catholiques et Protestants était la question dite de la « Justification ». Pour les Protestants, en Jésus-Christ, Dieu nous « déclare justes ». Pour les Catholiques, il nous « rend justes ». Vous verrez que la différence est intéressante. « Déclarer juste » veut dire que, même coupables, pécheurs, Dieu nous offre le traitement d’un juste à cause de Jésus. Les protestants s’appuyaient essentiellement sur la lettre aux Romains et aux Galates où Paul déclare explicitement que c’est par la foi et non par la loi, qu’on arrive à la justice de Dieu. Pour les Protestants, à cause de Jésus, Dieu nous ouvre les portes de sa maison céleste même si nous sommes pécheurs.
Pour les Catholiques, cette présentation de la justification (la façon dont Dieu nous rend justes pour partager sa gloire) pose problème car elle n’a jamais été enseignée depuis les débuts de l’Église, et ne correspond pas à une lecture juste de la Bible. Dieu est proclamé « saint, saint, saint » depuis l’Ancien Testament et aucun pécheur ne peut entrer dans sa maison si rayonnante de sainteté (Ap 21,27). Que fait Dieu pour remédier au problème ? Il prend la justice qui est en Jésus et il la « sème » en nous comme dans une sorte de greffe, pour que naisse et grandissent en nous la justice de Jésus. C’est cela la justification. Il nous rend justes, il nous transforme véritablement en hommes justes. Il ne nous déclarera pas juste alors que nous sommes pécheurs. Ça serait injuste et indigne de Dieu. Les Catholiques prennent l’exemple du premier récit de la création en Genèse. Quand Dieu dit : « Que la lumière soit », sa déclaration est suivie d’effet. Il s’enclenche le processus de réalisation de la lumière. Donc, quand il nous déclare juste, il fait en sorte que s’enclenche en nous le processus de justification. Cette justification qu’on peut aussi appeler grâce sanctifiante où tout simplement vie de Dieu, vie surnaturelle, est semé en nous le jour de notre baptême. La « greffe » se fait au jour de notre baptême, pour ceux qui sont baptisés.
La « compatibilité de la greffe » entre l’éternité de Dieu et notre humanité, a été rendue possible par le fait que le Verbe de Dieu se soit fait chair dans le sein de la Vierge Marie. C’est ce que nous avons célébré à Noël. Pour que l’union de la nature divine avec la nature humaine qui s’est produite en Jésus-Christ soit possible en nous, il fallait que Jésus passe par plusieurs « expérimentation » de la vie humaine. La mort a été l’étape cruciale. Au matin de Pâques, les résultats étaient là : Christ est ressuscité ! L’homme peut désormais échapper aux liens de la mort ! Alléluia !!!! Jésus institue le baptême comme moyen par lequel, il nous communique sa résurrection. Voilà pourquoi, nous voyons Jésus dans l’évangile d’aujourd'hui s’aligner avec les pécheurs, pour être baptisé. Ce faisant, « il a manifesté ce que nous avons célébré à Noël : la disponibilité de Jésus à s’immerger dans le fleuve de l’humanité, à prendre sur lui les manques et les faiblesses des hommes, à partager leur désir de libération et de dépassement de tout ce qui éloigne de Dieu et étrangers aux frères. » (Angelus du 08 janv.-18, fête du Baptême au Vatican où l’Épiphanie a été célébrée le 6 janvier). Jésus est en union intime avec la nature humaine déjà dans le sein de Marie. L’évangile d’aujourd’hui, le redit à sa manière. Dans cet évangile, le ciel se déchire, l’Esprit Saint descend, le Père se fait entendre et tout cela autour du Fils. Toute la Trinité est là. On le voit bien, le ciel et la terre se touchent. Ils sont unis, comme dans le sein de la Vierge Marie, comme cela se réalise au-dedans de nous au jour de notre baptême, car ce jour-là nous avons été engendrés dans l’éternité de Dieu. « Il est devenu tellement l’un de nous que nous devenons éternels » disons-nous dans l’une des préfaces de la Nativité. Le Prêtre le redit d’une autre manière à la messe au moment de verser un peu d’eau dans le calice : « comme cette eau se mêle au vin, puissions-nous être unis à divinité de celui qui a pris notre humanité ». Oui, le jour de notre baptême est le jour de notre naissance dans l’éternité de Dieu. En nous réside déjà l’éternité de Dieu, la justification. Il faut maintenant qu’elle nous travaille jusqu’à la résurrection exactement comme pour Jésus. La naissance à partir du baptême n’est que le début d’une croissance en nous de la vie de Dieu. La justification ou la sanctification n’est donc pas un instant. C’est un processus.
Je vous pose la question que le Pape posait à ceux qui l’écoutait hier, à la place St Pierre : « connaissez-vous le jour, la date de votre baptême ? » Nous ne sommes peut-être pas pleinement conscients de la grandeur de cette seconde naissance. Je vous suggère de prier aujourd'hui pour nos parents qui nous ont engendrés à la vie naturelle, pour le prêtre qui nous a engendrés à la vie surnaturelle au jour de notre baptême, pour nos parrains, marraines et tout ceux qui nous ont fait grandir dans la foi.
Père Paul Nazotin