Bien chères paroissiennes, bien chers paroissiens
Nous voilà au terme de notre marche de carême à la suite du Christ. avec la célébration des rameaux nous entrons dans la semaine sainte qui nous conduit à Pâques, la plus grande fête du christianisme. Merci à l'abbé Simon-Évariste de nous partager le fruit de sa méditation. Bonne marche vers Pâques. " Ir adelanté SIempré!"
Dieu bénisse.
Abbé Éric TRAORE.
Paroisse N.D du Val de Meurthe
20, rue de l'Église
88230/ Fraize
Tél :+33 3 29 50 30 50 / +33 7 53398792
France
Dimanche des Rameaux - Année B
Homélie
Textes liturgiques : Is 50, 4-7 ; Ph 2, 6-11 ; Mc 14, 1-15,47
Frères et sœurs, la Parole de Dieu qui nous est servie en ce dimanche des rameaux est à la fois abondante et très dense. Mais souffrez que je partage avec vous ma petite méditation sur ces évènements de la passion et de la mort du Christ qui constitue le message central de ce dimanche. Je vous invite à poursuivre tout au long de cette journée et toute la semaine durant ce récit de la passion. La proclamation de la mort du Christ est un mystère qui incite à la méditation, toutefois elle ne doit pas nous plonger dans un climat d’angoisse et de peur. Au contraire, comme le dit Saint Paul l’amour s’empare de nous quand nous pensons que le Christ est mort pour nous alors que nous étions encore pécheurs. Oui frères et sœurs, nous devons méditer sur le sort qui est arrivé à Jésus, non pour fondre en larme sur lui mais pour percevoir le lien entre sa passion-mort et notre vie de chaque jour.
Le récit de la passion que nous avons écouté n’est pas une histoire ni loin de nous, ni hors de nous. Il expose de bout en bout l’égoïsme de l’homme qui ne cherche rien que son intérêt personnel au détriment du malheur et bien souvent au moyen de la mort d’autrui.
Tous les acteurs qui sont impliqués dans le drame qui a conduit Jésus à la croix lui ont tourné le dos et cela dans le but de se tirer d’affaire.
Judas est le premier acteur qui se noie dans ce péché d’égoïsme, d’abord en posant un mauvais regard sur l’acte de charité de la femme qui a versé du parfum sur la tête de Jésus, et ensuite en faisant du commerce avec la vie de son maitre. Lorsque la charité a foutu le camp, on ne peut que voir du mauvais même dans ce qui est bien et beau, on ne peut que mal juger les autres, puis les condamner et les abandonner.
Frères et sœurs, nous sommes dans un monde où c’est la logique de « moi, je gagne quoi dedans » qui marche. À longueur des journées, ne corrompons-nous pas ou ne nous laissons-pas corrompre profitant injustement de telle personne ou de telle affaire sans nous soucier des conséquences néfastes et suicidaires pour les pauvres victimes de ces coup-bas ou pour la nation entière ?
Le groupe tout entier des disciples n’échappe pas à ce mauvais esprit égoïste. D’abord quand Jésus leur annonce que l’un d’eux va le livrer, chacun a cherché à sauver sa tête en témoigne les différentes interventions - « Serait-ce moi Seigneur » - qui expriment clairement leur défensive : aucun ne veut être défavorisé et perdre sa crédibilité et sa place auprès de Jésus. Mais lorsque la situation a changé et que Jésus n’était plus en position de force, les mêmes qui quelques heures auparavant cherchaient à se montrer comme ses amis l’abandonnent.
Frères et sœurs notre égoïsme ne nous amène-t-il pas bien de fois à abandonner nos amis en difficulté ?
La cohorte des chefs des prêtres et des anciens du peuple, quant à elle, est aveuglée par ce péché d’égoïsme au point de préférer la libération d’un bandit, un vrai danger pour la sécurité sociale, à la condamnation à mort d’un juste innocent qui a aimé cette société jusqu’au bout. Et les différents juges, qu’il s’agisse de Caïphe ou de Pilate, tous corrompus comme Juda, se sont détournés volontairement de la vérité à cause de leurs intérêts pour embrasser l’iniquité et l’indifférence laissant Jésus à la merci de ses adversaires. Autrement, comment comprendre que le juge Pilate ordonne à des soldats de flageller et de crucifier Jésus tout en sachant que c’est par pure jalousie que les grands prêtres l’ont livré. Tous les moyens dont le mensonge, la falsification de la vérité et le faux témoignage sont mis à contribution pour faire périr Jésus.
Ne nous arrive-t-il pas de recourir malheureusement aux mêmes moyens, pour gagner de l’argent, pour gagner le poste de notre collègue, pour salir les dossiers, pour ternir la réputation d’autrui, pour nous tirer d’affaire au détriment de la misère des autres ?
Les soldats ne se contentent pas, eux non plus, d’exécuter les ordres du gouverneur, le même mauvais esprit du profit égoïste les anime. Ils s’accaparent des vêtements de Jésus, en le laissant tout nu, bafouant ainsi le peu de dignité humaine qui lui restait. C’est vraiment le comble du dépouillement. On perçoit alors avec réalisme ces propos de saint Paul : « Le Christ Jésus, lui qui était de condition de Dieu n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ; mais il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur ».
Frères et sœurs, la lecture de la passion du Christ nous a enseigné que la fermeture de l’homme sur lui-même et son égoïsme expulsent du milieu humain tout ce qui est divin. Jésus rejeté par les siens meurt ainsi en dehors de la ville, mais il faut savoir que la haine et l’égoïsme n’ont pas le dernier mot dans cette histoire. Ce ne sont pas les hommes qui conduisent l’histoire à son achèvement, mais bien Dieu qui dans sa souveraineté conduit les hommes et l’histoire vers son accomplissement final en Jésus Christ.
Une autre clé de lecture du texte de Marc met en premier plan l’accomplissement des promesses de Dieu annoncées par les prophètes. En effet l’amour de Dieu exprimé dans le don de son Fils, domine le drame de la passion du début jusqu’à la fin et c’est la lumière de cet amour qui éclaire les comportements des adversaires de Jésus et met à nu leur malice. À la lumière de cet amour, Jésus qui parait abandonné par tous est bien celui qui domine la situation et contrôle le déroulement des activités du début jusqu’à la fin. Remarquons que ce soit en face de ceux qui sont venus l’arrêter ou de Caïphe ou de Pilate, Jésus parle avec autorité. Caïphe et Pilate malgré le dossier qui leur est soumis et les différents témoignages, cherchent en dernier ressort la vérité auprès de Lui. Et de fait Jésus ne communique avec eux que sur le terrain de la vérité. Ainsi quand Caïphe affirme : « Je t’adjure par le Dieu Vivant, de nous dire si tu es le Messie, le fils de Dieu » ou lorsque Pilate l’interroge : « Es-tu le roi des Juifs », Jésus ne fait que confirmer ce qu’ils ont si bien dit, en répondant d’un ton solennel : « C’est toi qui l’as dit ».
Et sur la croix, Pilate place au-dessus de la tête de Jésus l’inscription : « Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs » et tous les spectateurs qui se moquent de Jésus se trouvent curieusement à leur insu en train de chanter ses louanges : « il en a sauvé d’autres..., c’est le roi des Juifs…il a mis sa confiance en Dieu ». Et même dans la mort, Jésus agit sur les cœurs. Le centurion qui après avoir constaté sa mort, l’a transpercé du côté, se convertit, adhère à la vérité et professe la foi : « vraiment cet homme était le fils de Dieu.
Jésus apparait dans cette passion comme un homme bienveillant et calme, qui aime les siens et se donne gratuitement à eux : « Prenez, mangez, ceci est mon corps…Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de l’alliance, répandu pour la multitude en rémission des péchés ». Il ne fuit pas les évènements, il a dit « oui au début à la volonté de son père et à la fin il lui remet son esprit », il accepte et affronte avec calme l’adversité, la trahison et la douleur par amour pour nous. Mais les acteurs humains préoccupés par eux-mêmes et leurs intérêts ne perçoivent pas ce don gratuit de l’amour. En effet si on ne s’abaisse pas et si l’on ne se vide pas de soi-même, on ne peut ni reconnaitre, ni accueillir le don de Dieu. Si nous voulons participer à la résurrection et à l’exaltation du Christ, il nous faut suivre le même chemin de l’abaissement et de la croix comme lui.
Frères et sœurs, la présente célébration ouvre une semaine sainte pour nous. Dieu nous a démontré par le martyr de son Fils combien il nous aime et combien il mendie notre amour, il mendie notre compagnie, il mendie notre temps. Un vent de grâce va souffler sur l’Église et sur tout l’univers durant ces prochains jours, saurons-nous prendre part à l’œuvre de notre rédemption en mourant à notre égoïsme et à notre oubli du prochain pour ressusciter à une nouvelle vie avec le Christ. Lui qui vit et règne avec toi et le Saint Esprit, louange et gloire pour les siècles des siècles. Amen !
Abbé Simon Évariste KI