« L’endurance vous est nécessaire pour accomplir la volonté de Dieu
et obtenir ainsi la réalisation des promesses » (lettre aux Hébreux 10, 36)
Chers frères et sœurs,
Alors que dans la même semaine des fidèles catholiques étaient sauvagement assassinés dans une église de Nice, et que les circonstances sanitaires nous imposaient à nouveau un confinement, ces paroles de la Lettre aux Hébreux, adressées aux tous premiers chrétiens éprouvés par la persécution, me semblent revêtir en ces jours une actualité particulière.
Refuser la peur
Oui, il nous faudra beaucoup d’endurance pour refuser de céder à la peur, pour témoigner sans faiblir de notre foi en Jésus-Christ, pour rappeler que le véritable blasphème est d’employer la violence en invoquant le nom de Dieu. Il nous faudra puiser en Dieu la patience et la détermination de toujours tendre la main pour un dialogue avec les croyants de l’Islam, parce que nous avons beaucoup à partager avec eux, parce que leur humanité et leur foi nous inspirent le respect, et parce qu’en Dieu ils sont nos frères.
Et c’est toute notre société qui devra être endurante et forte, pour dénoncer et traquer sans faillir toutes les formes de fanatisme, sans oublier que toute liberté porte en elle une responsabilité : celle de la fraternité qui se construit dans le respect de ce que l’autre est, vit et croit.
Espérance et résilience
Nous avons besoin d’endurance pour envisager et vivre à nouveau ce confinement qui vient d’être décrété. Dans la responsabilité citoyenne que nous partageons avec tous, et dans l’espérance croyante qui nous est propre, nous demandons la grâce de ne pas céder à la lassitude et à la démission. Nous devons accepter la fragilité récurrente de notre société et y déployer une réactivité courageuse, ce qu’on appelle la résilience.
Nous le savons, ce nouveau confinement sera moins drastique que le premier. La poursuite du travail demeure la règle, partout où cela est possible ; la scolarité des enfants et des jeunes se poursuivra dans les établissements qui les accueillent ; les résidents des hôpitaux, maisons de retraite et prisons pourront être visités par leurs familiers et aussi par les membres engagés des aumôneries pour leur soutien spirituel. Par ailleurs, l’action caritative en faveur des plus précaires pourra être maintenue dans le respect des consignes sanitaires. Même si le rassemblement eucharistique nous sera à nouveau interdit, les célébrations de funérailles resteront autorisées, évitant ainsi le cruel traumatisme vécu par beaucoup de familles en deuil lors du précédent confinement.
Sainteté et discernement
Moins sévère et sans doute moins traumatisant, le confinement qui commence nous invite d’autant plus à la responsabilité et au discernement. Certes, la première épreuve du printemps dernier a mobilisé beaucoup d’énergie et de créativité pour que notre vie chrétienne et la mission de nos communautés se poursuivent. Nous puiserons donc dans cette expérience récente de nombreuses ressources pour nous adapter au défi qui se présente à nouveau à nous. Mais nous devons invoquer l’Esprit-Saint pour que pasteurs et fidèles trouvent les voies justes par lesquelles la Parole de Dieu pourra continuer d’être transmise, la grâce de la prière pourra habiter encore notre vie, la communion fraternelle être maintenue et le service des pauvres fidèlement assuré.
Chers frères et sœurs, il nous sera encore permis, demain dimanche, de fêter la Toussaint et d’honorer le lendemain la mémoire des fidèles défunts.
La sainteté chrétienne, c’est toujours la force de Dieu qui se déploie dans la fragilité humaine pour qu’elle puisse lui rendre témoignage à chaque époque de l’histoire. Dans les défis que nous affrontons encore aujourd’hui, que cette force nous donne l’endurance dont nous avons bien besoin pour témoigner que Dieu ouvre toujours un avenir à notre monde et à nos vies si fragiles.
+ Didier BERTHET
Évêque de Saint-Dié