Bien chères paroissiennes, bien chers paroissiens du "Net"
Neuf mois avant la fête de la nativité de notre Seigneur Jésus, l'Église nous invite à fêter la solennité de l'Annonciation.
Merci à la Sr Jeanne-Marie OUÉDRAOGO de nous expliquer le sens de cette fête à travers le fruit de sa méditation.
Bonne sainte et joyeuse fête à tous et toutes.
Bonne journée de fête
Dieu bénisse.
Abbé Éric TRAORE.
Paroisse N.D du Val de Meurthe
20, rue de l'Église
88230/ Fraize
Tél :+33 3 29 50 30 50 / +33 7 53398792
France
JEUDI 25 MARS 2021, FETE DE L’ANNONCIATION
Première lecture : Is 7, 10-14 ; 8, 10. Psaume : Ps 39 (40), 7-8a, 8b-9, 10,11.
Deuxième lecture : He 10, 4-10. Évangile : Lc 1, 26-38
L’Eglise notre mère, nous donne au cœur du Carême un instant de pause, une journée pour nous réjouir avec notre Mère du ciel dont le Oui nous a obtenu grâces sur grâces. Belle et joyeuse fête de l’Annonciation à vous tous chers sœurs et frères, fidèles paroissiens du Net. Merci tout plein à Ab Éric qui anime joyeusement ce groupe. Merci pour la marque de confiance qu’il me fait en me demandant de partager avec vous ma méditation sur le Fiat de Marie, femme et mère, modèle et guide, celle qui nous redit au creux de l’oreille : faites tout ce qu’il vous dira… (Jn 2,5)
En feuilletant les évangiles, nous pouvons facilement nous apercevoir que le récit de l’Annonciation est le premier texte qui met en scène Marie de Nazareth. Elle a un rôle de tout premier plan : elle est partenaire directe de Dieu dans l’accomplissement de son dessein pour l’homme depuis le Commencement du Monde : se faire Homme pour que l’Homme soit Dieu cf. St Irénée.
Jusqu’alors en effet, Dieu s’était manifesté « de bien des façons et à bien des reprises » (He 1) le plus souvent dans un décor et selon un scénario impressionnant : rappelons-nous Moïse devant le Buisson ardent (Ex 3), le tonnerre et les éclairs du Sinaï (1 R 19) etc... Ici, rien de tel. Il se manifeste dans l’ordinaire d’une vie de femme au foyer, une jeune femme occupée sans doute à l’entretien quotidienne de sa maisonnée.
En effet, Marie est le prototype d’une femme ordinaire dans une vie de famille ordinaire. A l’instar de tant de femmes, nous pouvons la voir ranger, nettoyer, préparer la cuisine, filer le coton, faire la lessive ou moudre le grain…. Inutile donc de l’imaginer, comme nous la montre souvent les peintres et les sculpteurs, assise ou à genoux, un livre de prières à la main. Non, la parole de Dieu, Marie la gardait et la méditait dans son cœur, et comme le dit Thérèse d’Avila, Dieu elle le rencontrait dans ses casseroles ou pour dire comme Laurent de la Résurrection, en retournant son omelette… Dieu, le Dieu de Jésus Christ, se manifeste dans l’ordinaire de nos vies, dans la banalité de nos activités les plus ordinaires. Il nous invite simplement à savoir reconnaitre les traces de ses passages.
Marie je le disais, vaquait à ses occupations comme chacune et chacun de nous lorsque, Gabriel arriva à l’improviste et tapa à sa porte. Marie l’accueille avec joie, elle arrête tout et se met à son écoute. Sa disponibilité me bouscule et m’interroge : ai-je dans mon cœur et mes agendas des plages libres, inoccupées pour des imprévus et des inattendus ? Est-ce que je suis disponible, voire dérangeable ou faut-il, pour me rencontrer prendre rendez-vous ? Comment j’accueille l’inattendu de Dieu, de l’autre qui surgit dans mes journées planifiées qu’il ne faut pas perturber ?
Pour Saint Luc et pour nous aussi, cette visite de Gabriel est déterminante, c’est la rencontre tant attendue entre Dieu et l’humanité, après des siècles de silence (Is 63[1]). Car si Gabriel représente Dieu « qu’on ne peut voir sans mourir » (Ex 33), Marie de Nazareth représente bien toute l’humanité, elle est la première en chemin.
Sœurs et frères bien aimés, pour réaliser son dessein d’amour, Dieu n’a pas envoyé Gabriel chez l’Empereur Tibère à Rome ni chez le Grand-prêtre des Juifs au Temple de Jérusalem, mais plutôt chez « une jeune fille, fiancée à un homme nommé Joseph... dont le nom était Marie ». Dieu aime ce qui est caché, l’humble et le pauvre de cœur qui veille et attend sa manifestation dans la confiance d’une brise légère. Saurais-je durant ce temps de Carême reconnaitre les signes et les clins d’œil de Dieu dans ma vie, dans celles de tant d’hommes et de femmes qui l’attendent comme Marie dans le quotidien de leur vie ? Saurais-je par mon Fiat hâter la manifestation de sa lumière au cœur de notre monde troublé et troublant ?
Le salut de Gabriel, l’Envoyé de Dieu est une invitation à la joie : « Réjouis-toi ... ». Il s’adresse à Celle qui est désormais la Fille de Sion, la Nouvelle Jérusalem qui engendre le Messie ... Marie écoute. Dieu parle à voix basse, il propose sans s’imposer. Si comme Marie je suis dans une attitude d’écoute, j’entendrai au fond de moi la voix de l’ange me dire « réjouis toi ». Il ne s’agit pas d’une joie béate, mais la joie apaisante que procure la proximité avec Dieu. Sœurs et frères, saurions-nous durant ce temps de Carême faire silence, taire le tumulte de nos pensées et de nos cœurs, taire les sollicitations extérieures pour entendre la voix de Dieu qui nous invite à l’écoute de sa parole ? Saurions nous entendre le cri de l’opprimé, du désespéré, de l’époux(se) ou de la sœur et/ou du frère qui nous parle à voix basse ? Marie écoute. Dieu se tait et lui laisser la parole « je suis la servante du Seigneur » dit-elle… Alors seulement, notre parole peut devenir prière pour toute l’humanité.
A l’Annonciation, pour la première fois depuis le jardin d’Eden, une femme a donné à Dieu le OUI de l’humanité. Dans la confiance, elle s’abandonne. L’Ange parti, Marie continue son travail, mais elle est désormais en chemin, un chemin de service. Servante de Dieu et des hommes, elle se dessaisit de son propre projet pour mettre toute sa vie au service du Seigneur, de son peuple et du monde.
C’est cette Marie-là qui nous accueille aujourd’hui. Elle est devenue la Madone qui nous présente son Fils « Trône de la Sagesse », Sagesse pour un monde en folie.
Le pape François aime bien nous proposer une dizaine de choses toutes simples à faire pour changer notre vie et pour changer le Monde. Si nous relisons le récit de l’Annonciation, le crayon à la main, en contemplant la Servante du Seigneur nous pouvons relever ceci : elle accueille, écoute, repousse la peur, s’ouvre à la joie, dialogue, fait confiance, s’oublie pour aller vers l’autre, pour servir et partager. Ça fait dix...
Comme à Marie, l’ange nous invite, à la confiance « rien n’est impossible à Dieu ». Oui Dieu sauve aujourd’hui encore notre humanité par des moyens qui lui sont propres ! Rien pour Lui n’est jamais définitivement perdu ! Avec Marie, engageons notre liberté et disons dans la confiance et la paix ”Que tout se passe pour moi selon ta parole”.
Un rêve ou un programme ? Tout cela doit nous être possible, car en même temps tout cela nous est d’abord offert par notre Dieu et notre frère, le Christ- Jésus, le Fils de Marie de Nazareth...
Sr Jeanne-Marie OUÉDRAOGO.