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Méditations de Mgr Berthet

Vivre sa foi à domicile

Mgr Didier Berthet est décédé le XX septembre 2023 à Portieux des suites d'une longue maladie. Retrouvez dans ce dossier l'ensemble de ses méditations,  rédigées dans le cadre des newsletters et dossiers quotidiens « Vivre sa foi à domicile » mises en place avec les périodes de confinement liés à la pandémie de Covid-19.
 



 

Dimanche 22 mars 2020

4ème dimanche de carême - « Va te laver à la piscine de Siloé » (Jn 9, 1-41)
 

PAR TA LUMIÈRE NOUS VOYONS LA LUMIÈRE

En redonnant la vue à un aveugle-né, Jésus ne fait pas seulement œuvre de guérison : il redonne sa dignité à un homme qui en était privé par le mauvais regard que les pharisiens portaient sur lui. L’enjeu de cet Évangile n’est donc pas l’acuité visuelle, mais la qualité du regard, sa largeur et sa profondeur. Les pharisiens n’acceptent pas de transformer leur regard à la lumière que Jésus leur apporte. Leur cœur est fermé à la miséricorde de Dieu : ils sont les vrais aveugles !

Avec la foi au Christ, un nouveau chemin s’ouvre devant l’aveugle guéri. Ayant rencontré la Lumière qu’est Jésus, il va pouvoir regarder le monde et la vie d’une manière nouvelle, selon Dieu. Dans la liberté, la largeur et la profondeur du regard que Dieu lui donne, il est appelé à discerner ce qui appartient vraiment à la lumière du Royaume, ce qui exprime la miséricorde de Dieu et la fraternité humaine, tous les signes de la vraie Vie.

Dans l’inquiétude et l’épreuve que nous traversons avec tous, demandons à Dieu cette clarté du regard qui sait repérer les lieux d’espérance et de lien fraternel… pour nous y associer. Avec le psalmiste, redisons au Seigneur : « En Toi est la source de Vie ; par ta lumière nous voyons la lumière ». (Ps 35,10).

 

+ Didier BERTHET
Évêque de Saint-Dié


 

Dimanche 29 mars 2020

5ème dimanche de carême - « Je suis la résurrection et la vie » (Jn 11, 1-45)
 

VIENS DEHORS !

Jésus a toujours été comme en famille à Béthanie, dans la maison de Lazare et de ses deux sœurs Marthe et Marie. Mais voilà que Lazare tombe malade et meurt ! Jésus prend le temps de pleurer son ami, parce qu’il connaît et vit à fond ces liens d’affection, mêlés de joies et d’inquiétudes, qui tissent chacune de nos vies. Pleinement homme, il est aussi profondément humain. Jésus sait et rejoint aussi aujourd’hui les angoisses qui peuvent nous habiter : « Seigneur, celui, celle que tu aimes est malade ! »

Mais voici qu’intervient Marthe l’empressée : Jésus ne pouvait-il pas venir plus tôt pour empêcher cette mort ? Et maintenant, lui qui est si proche de Dieu, ne peut-il pas encore se rendre vainqueur de la mort même ? Interpellée par Jésus dans sa foi, Marthe redit avec fidélité qu’elle croit en la Résurrection des morts. Mais la résurrection n’est pas une hypothèse ou une conviction de tradition : elle est une personne. « JE SUIS LA RÉSURRECTION ET LA VIE ! » proclame Jésus à l’adresse de Marthe et de chacun d’entre nous. Il n’y a pas d’autre résurrection que celle de Jésus et avec Jésus ; il n’y a pas d’autre vie éternelle que la sienne qui nous est donnée en partage !

Nous allons bientôt vivre, comme nous le pourrons, les jours saints qui nous mèneront jusqu’à Pâques. Notre regard se concentrera sur Jésus, sa Passion, sa Mort et sa Résurrection. Nous le suivrons fidèlement, lui qui descend dans les abîmes de nos iniquités et de notre souffrance, pour y ouvrir le chemin de la vie qui ne meurt pas. Par l’Esprit Saint, il veut nous donner d’être dès maintenant en Lui de grands vivants, des fils de la Résurrection. En écoutant sa Parole, nous le laisserons nous dire, comme à son ami Lazare : « VIENS DEHORS ! » Le Christ veut ouvrir les portes de nos confinements intérieurs, dont nous savons qu’ils sont les plus profonds et les plus durables. Il a le pouvoir de nous arracher du tombeau de notre dureté de cœur, de nos repliements égoïstes et de nos manques d’espérance ; parce qu’il est, Lui, la Résurrection et la Vie !

 

+ Didier BERTHET
Évêque de Saint-Dié


 

Dimanche 5 avril 2020

Dimanche des Rameaux - « Jeune homme, je te le dis, lève-toi ! » (Luc 7, 14)
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LA PASSION SANS LES RAMEAUX

Quel renversement ! Jésus entre d’abord en Messie à Jérusalem. Les titres glorieux fusent, les acclamations s’élèvent, les rameaux s’agitent au passage du Roi. Le Peuple rassemblé communie en masse à une même joie. Puis tout change en un mystérieux revirement : de l’acclamation aux quolibets, de l’adulation à la condamnation, de la gloire à la mort la plus infâme. La Cité sainte, accourue en foule pour accueillir le Sauveur, se retire bientôt pour laisser Jésus seul, abandonné même par ses plus proches amis. Au milieu du chaos général, un centurion romain, un païen, étranger et occupant triplement digne de mépris, dit la vérité : « Vraiment celui-ci était Fils de Dieu ! ».

Au seuil de cette Semaine Sainte, nous voici drastiquement privés de rassemblement et de rameaux. Nous n’aurons pas en main le signe de notre joie et de notre fidélité. Dans notre liturgie domestique, nous irons presque d’emblée au récit de la Passion de Jésus. Ce que nous aurons perdu en rite et en solennité, demandons au Seigneur de nous le redonner en intériorité et en vérité. Nous reconnaîtrons que nous sommes légers, inconséquents, trop souvent infidèles à l’amour de Dieu comme la foule et les autorités de Jérusalem. Nous confesserons que c’est bien pour nous et pour tous que le Christ a souffert sa Passion. Dans l’abaissement du Fils de Dieu, nous verrons la toute-puissante vérité de l’Amour.
 

+ Didier BERTHET
Évêque de Saint-Dié


 

Dimanche 12 avril 2020

Dimanche de Pâques - « Jusque-là, les disciples n'avaient pas compris que, selon l'Écriture,
il fallait que Jésus ressuscite d'entre les morts. » (Jean 20, 1-9)

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COURIR VERS LA VIE !

C’est la course ! Ayant découvert de grand matin le tombeau vide de Jésus, Marie-Madeleine la fidèle, l’Apôtre des Apôtres, court annoncer la nouvelle à Pierre et  à Jean. Ceux-ci partent alors en courant aussi tous les deux, mais Pierre gagne la course en parvenant le premier. Les premiers témoins de la Résurrection sont sortis,  ils ont couru et se sont précipités. S’ils étaient restés chez eux, confinés dans la peur et le désabusement, ils n’auraient jamais vu le tombeau vide, le signe de la mort vaincue !

Dans cette course folle des premiers apôtres, il y a d’abord cette fidélité aimante et prévenante envers la personne de Jésus, jusqu’en son corps mis en terre, par laquelle Marie-Madeleine se lève de bon matin pour aller au sépulcre. La course continue ensuite dans son témoignage pressant partagé à ses frères, qui eux-mêmes s’élancent vers le tombeau d’où la Vie a jailli. Ils virent et ils crurent, pour eux et pour nous, car ils portaient en eux la mémoire des Ecritures et des Paroles de Jésus.

C’est donc dans la fidélité indéfectible à Jésus et à sa Parole de grâce, dans le partage fraternel de la foi et le soutien mutuel que la présence du Seigneur ressuscité se manifeste pour nous, et peut-être à travers nous. Par-delà les murs de nos maisons ou l’inquiétude de nos cœurs, c’est là que veut se continuer en nous la course folle des Apôtres, la course vers la Vie !
 

+ Didier BERTHET
Évêque de Saint-Dié



Dimanche 19 avril 2020

2è dimanche de Pâques - « Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » (Jn 20, 19-31)
 

CROIRE POUR VOIR

Thomas est bien l’un de nous : il a besoin de voir pour croire. L’incroyable témoignage de ses amis ne lui a pas suffi : en homme raisonnable et prudent, il n’engagera sa foi que s’il voit et touche le Seigneur ressuscité. Et il a bien de la chance et bien peu de mérite : puisque le Seigneur a voulu le compter parmi ses Apôtres, le voici qui bénéficie d’un régime de faveur : il peut voir Jésus en personne et toucher jusqu’à son Corps marqué par les souffrances de la Passion. Ne nous indignons pas trop vite : dans son scepticisme méfiant, Thomas est bien l’un de nous et, souvent, il est en nous.

Thomas a vu, puis il a cru. Mais pour nous aujourd’hui c’est l’inverse. Nous devons recevoir du témoignage apostolique l’incroyable nouvelle de la résurrection de Jésus. Lui que nous aimons sans l’avoir vu ; en qui, sans le voir encore, nous mettons notre foi, s’il on reprend les mots de l’Apôtre Pierre, lui qui nous dit encore dans sa lettre que cette foi a bien plus de prix que l’or.

Le prix inestimable de cette foi pascale, c’est qu’elle nous fait voir la largeur, la hauteur et la profondeur des choses au lieu de demeurer à leur surface. Si Dieu nous a ouvert un avenir de vie par la résurrection de son Fils, toute chose trouve son véritable horizon et toute épreuve est le lieu même d’une espérance ; il faut croire pour le voir.
 

+ Didier BERTHET
Évêque de Saint-Dié


 

Dimanche 26 avril 2020

3è dimanche de Pâques - « Il se fit reconnaître par eux à la fraction du pain. » (Luc 24, 13-35)

 

À LA FRACTION DU PAIN

C’est à la fraction du pain que les disciples d’Emmaüs ont reconnu la présence de Jésus ressuscité. Mais cette révélation inouïe ne leur est pas accordée par un geste magique ou la seule irruption imprévue de Jésus au milieu d’eux. Ils ne purent re-connaître que Celui qui, d’abord, s’est patiemment fait connaître à eux.

Ils avaient quitté Jérusalem en plein désarroi ; c’est alors que le Christ les a rejoints sur leur chemin pour marcher avec eux. Patiemment il a écouté leurs questions, leurs doutes, leur reste d’espérance. En Maître et Pédagogue, il leur a expliqué les Écritures qui font converger toutes les promesses de Dieu vers l’événement de sa Pâque. En leur rappelant la fidélité de Dieu, il les aide à prendre au sérieux le premier témoignage apostolique qui leur a annoncé sa Résurrection. À l’écoute de sa Parole, il rend déjà leurs cœurs « tout brûlants » et disponibles à sa présence.

Depuis plusieurs semaines, nous ne pouvons plus nous rassembler pour la fraction du pain eucharistique. C’était là que le Christ ressuscité se manifestait à nous ; c’était là qu’il nous redonnait, par sa propre Vie, la force de croire, d’espérer et d’aimer chaque jour. En attendant de l’y retrouver ensemble, il reste notre Pédagogue et marche à notre pas. Laissons-le nous rendre disponibles dès maintenant à sa présence ; laissons-le interroger notre cœur et nous donner sa Parole. Nous pourrons alors, bientôt sans doute, le reconnaître à la fraction du pain avec une joie nouvelle !

 

+ Didier BERTHET
Évêque de Saint-Dié



Dimanche 3 mai 2020

4è dimanche de Pâques - « Je suis la porte des brebis » (Jean 10, 1-10)
 

RECONNAISSANCE VOCALE

Familier de la vie des champs, Jésus l’avait bien remarqué : la conduite d’un troupeau se fait à la voix, car elle seule peut franchir les distances et les accidents du terrain. On parlerait aujourd‘hui de « reconnaissance vocale » en se référant à certains logiciels qui sont à présent à notre disposition. En étant ses disciples, nous reconnaissons que sa voix est unique et immédiatement identifiable ; nous sentons que sa Parole est habitée par une vérité qu’on ne retrouve nulle part ailleurs dans le flot de paroles qui nous atteignent chaque jour. Sa voix sonne vrai, non parce qu’elle nous communiquerait des informations exactes et vérifiées, mais parce qu’elle nous parle toujours de la vérité de l’amour, de la Vérité qu’est l’Amour et qui seule peut nous conduire vers les vrais pâturages de la vie authentique. Et c’est à bon droit que Jésus se présente comme notre berger, lui qui a donné sa vie par amour pour nous ; et il est bien juste que nous allions à lui comme ses brebis, parce qu’en lui nous avons reconnu l’Amour et nous y avons cru.

Nous voici privés de rassemblement eucharistique depuis de longues semaines. Que ce temps de retrait et d’exil nous amène à écouter avec plus d’assiduité et de recueillement la voix de notre berger. Plus nous serons fidèles à entendre et à prier sa Parole, plus celle-ci nous apparaîtra vraie, unique et porteuse de vie. Ne laissons pas passer cette grâce !

Nous célébrons aussi le dimanche « du bon Pasteur » que l’Église consacre à prier pour les vocations, et particulièrement l’appel à être prêtre. Comment saurions-nous que nous avons un bon berger si, par amour pour nous, le Christ ne nous donnait pas de bons pasteurs, signes de sa fidèle présence ? Comment reconnaître Sa Voix si elle n’est pas relayée, dans l’Église, par ceux qui ont mission de prêcher l’Évangile en son nom et d’y consacrer leur vie ?

Rendons grâce d’abord pour les prêtres qui nous ont été donnés, et que nous retrouverons avec une reconnaissance renouvelée lorsque nous pourrons de nouveau nous rassembler. A distance, prions pour chacun de ceux que nous connaissons. Dans l’espérance, prions aussi pour ceux qui s’engageront demain, pour que toujours nous puissions reconnaître la voix de notre unique et fidèle Berger.
 

+ Didier BERTHET
Évêque de Saint-Dié


 

Dimanche 10 mai 2020

5è dimanche de Pâques - « Celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. » (Jean 14, 1-12)
 

MANIFESTATION

« Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit ».

Nous pouvons bien nous reconnaître dans cette simple demande de l’Apôtre Philippe. Comme nous voudrions que Dieu nous soit montré, bien clairement, pour que soient enfin dissipés nos doutes, nos tâtonnements, et jusqu’au clair-obscur de la foi ! Mais Dieu ne se montre pas, il se découvre ; il ne se démontre pas non plus, il se manifeste. En guise de preuve ou de démonstration, Jésus nous propose un passage où la foi, qu’on le veuille ou non, est toujours de rigueur : « Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi ».
Ce passage est unique, c’est Jésus en personne, car c’est en lui que Dieu s’est livré par amour pour nous. Toute autre voie pour aller à Dieu, même juste et bonne, même vraie en partie, est un chemin de traverse alors même qu’elle paraîtrait un raccourci.

Jésus est, en sa personne même, le Chemin, la Vérité et la Vie : un chemin à parcourir dans la durée, sans pause ni demi-tour, une Vérité à contempler toujours plus profondément, une Vie à accueillir toujours plus abondamment. Nous le savons, le mystère d’une personne ne se résout pas comme on résout un problème : on ne peut y entrer que dans l’amour et la confiance, en cheminant avec elle, en contemplant souvent son visage, en partageant sa vie. Ce qui vaut au plus haut point pour Jésus, en qui seul le Mystère de Dieu peut se révéler à nous, se manifester.
En ce dimanche, nous aurions dû être nombreux à converger vers Domrémy pour célébrer Sainte Jeanne d’Arc. Privés malheureusement de cette joie, nous nous souvenons pourtant que le premier mot brodé sur son étendard était : « JHESUS ».

 

+ Didier BERTHET
Évêque de Saint-Dié


 

Dimanche 19 mai 2020

6è dimanche de Pâques - « Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur » (Jean 14, 15-21)
 

PROMESSE TENUE

À la veille de sa passion, alors qu’il va être séparé de ses amis, Jésus leur promet d’être bientôt et pour toujours présent à eux par le don de l’Esprit-Saint. Cet Esprit de vérité et de vie n’est pas une hypothèse ou un mystère réservé aux initiés : il est bien présent et agissant au milieu de nous et en chacun de nous, si toutefois nous voulons le reconnaître et nous ouvrir à sa fidèle puissance.

Aurions-nous besoin d’en être convaincus ? Écoutons les paroles de feu du défunt Patriarche d’Antioche Ignace Hazim :

« Sans l’Esprit-Saint,
Dieu est loin, le Christ reste dans le passé, l’Évangile est une lettre morte, l’Église une simple organisation, l’autorité une domination, le culte une évocation, la mission une propagande, l’agir chrétien une morale d’esclave ».
- Que Dieu nous garde de ce triste paysage d’où la Vie s’est retirée, et où tout est asséché, durci, vide et vain !

« Mais en Lui,
L’univers est soulevé et gémit dans l’enfantement du Royaume, le Christ est là, l’Évangile est puissance de Vie, l’Église signifie la communion trinitaire, l’autorité est un service libérateur, la mission est une Pentecôte, la liturgie est mémorial et anticipation, l’agir humain est divinisé ».

- N’est-ce pas ce que nous pouvons déjà vivre, si nous répondons fidèlement à la promesse que le Christ ressuscité accomplit pour nous chaque jour ?

 

+ Didier BERTHET
Évêque de Saint-Dié


 

Dimanche 24 mai 2020

7ème dimanche de Pâques – « Glorifie ton Fils » (Jean 17, 1b-11a)
 

CEUX QUE TU M'AS DONNÉS 

Tel est le refrain de l’Évangile de ce dimanche : Jésus prie pour ceux que le Père lui as donnés. Souvenons-nous : dans le Mystère de sa Passion, le Christ s’est livré pour que nous lui soyons donnés. Dans le geste du plus grand amour, en ouvrant ses bras sur la croix, Jésus a reçu chacun d’entre nous de la main du Père. Dans sa Résurrection, il est devenu pour nous le premier-né d’une multitude de frères. Dans son Ascension et sa glorification, il nous a déjà emmenés en espérance auprès du Père. Dans le don de l’Esprit Saint à la Pentecôte, et chaque jour, nous lui sommes redonnés, nous vivons de sa vie et nous pouvons dire au Père avec lui : « Tout ce qui est à toi est à moi, et ce qui est à moi est à toi ».

Tel est le Mystère de Pâques dans sa plénitude, de la Passion à la Pentecôte : définitivement donnés au Christ par le Père, rien ni personne ne peut nous ravir de sa main. Dans ces longues semaines d’épreuve et de dispersion, ce fut notre espérance et notre réconfort. Dans quelques jours, dans la grâce de notre prochain rassemblement, ce sera notre louange commune.

N’oublions pas, alors, que le Christ nous donne, nous confie aussi les uns aux autres. Dans la nuit du confinement, nous avons pu redécouvrir, peut-être, combien nous étions précieux les uns pour les autres. Dans la distance imposée, des liens renouvelés ont pu aussi être tissés qui nous inspirent pour l’avenir de nos communautés. Dans la grâce prochaine de la Pentecôte, nous accueillerons donc la responsabilité de nous accueillir vraiment comme des frères et sœurs ; nous laisserons le Christ nous donner les uns aux autres puisque nous sommes les membres de son Corps.

 

+ Didier BERTHET
Évêque de Saint-Dié


 

Dimanche 31 mai 2020

Dimanche de la Pentecôte – « Recevez l'Esprit Saint » (Jean 20, 19-23)
 

LE MIRACLE DE L'ESPRIT

L’Église est née de l’Esprit Saint à la Pentecôte. Depuis, elle ne cesse d’être renouvelée et vivifiée par lui. Grâce à l’Esprit-Saint, l’Église est un Mystère, un miracle permanent. Sans cesse il lui permet de vivre à la fois l’unité et la diversité, mais aussi le rassemblement et la dispersion missionnaire. Ce qui pourrait apparaître comme une tension précaire ou impossible à vivre, l’Église, dans l’Esprit-Saint, l’expérimente comme une richesse et une respiration féconde.

C’est en commun que les Apôtres ont reçu l’effusion de l’Esprit ; mais ils ont chacun un nom, un visage que le Seigneur connaît bien puisqu’il les a choisis personnellement. Dès la Pentecôte ils se font entendre dans toutes les langues de ceux qui les entourent, mais dans la diversité des langages, c’est une unique Parole qu’ils annoncent.

Saint Paul l’a bien compris et ne cesse de nous l’expliquer : les dons et les services sont variés, mais il y a un seul Seigneur et un unique Esprit ; les membres sont nombreux et bien divers, mais ils appartiennent au même corps. Ce miracle permanent s’appelle la Communion, cette respiration de l’Église où chacun prend visage dans la mesure même où il s’attache à la communauté.

Cette fête de la Pentecôte restera dans nos mémoires comme l’heure du rassemblement à nouveau possible. Que demanderons-nous alors à l’Esprit-Saint ? Que notre unité ainsi célébrée permette à chacun d’y être fraternellement et personnellement accueilli et reconnu. Que nos assemblées enfin retrouvées, loin de nous confiner dans nos temples, nous renvoient plus que jamais en mission là où nous vivons, là où l’Évangile est attendu.

 

+ Didier BERTHET
Évêque de Saint-Dié


 

Dimanche 7 juin 2020

Dimanche de la Sainte Trinité – « Dieu a envoyé son Fils, pour que, par lui, le monde soit sauvé » (Jean 3, 16-18)
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CROIRE, MARCHER, AIMER

En cette fête de la Sainte Trinité, nous célébrons à la fois Dieu en lui-même, et Dieu pour nous. « Dieu a tant aimé le monde… ! »  : ainsi résonne le début de l’Évangile que nous accueillons en ce dimanche. Et cet amour est premier : il est la condition, le socle, le modèle aussi de tout amour véritable. Cet amour de Dieu n’est pas seulement un sentiment, si intense soit-il : il est bien plutôt un déploiement. La Trinité n’est pas une abstraction mystique sortie de la méditation d’hommes religieux et savants ; elle s’est révélée dans une histoire où Dieu marche avec les hommes. « S’il est vrai, mon Seigneur, que j’ai trouvé grâce à tes yeux, daigne marcher au milieu de nous », dit Moïse dans sa prière à Dieu.

Dans cette histoire du Salut, Dieu le Père n’a cessé d’offrir fidèlement son alliance et de se constituer un Peuple ; Dieu le Fils nous a manifesté le vrai visage de Dieu et de l’homme ; Dieu Esprit-Saint ne cesse de nous faire vivre et de nous conduire. Ce que Dieu est en lui-même et de toute éternité, amour du Père, du Fils et du Saint-Esprit, voilà ce qu’il a déployé et manifesté dans notre histoire.

Comme l’Évangile de ce jour nous y invite, croyons que l’amour de Dieu s’est manifesté en Jésus-Christ. Comme l’Exode nous y exhorte, marchons avec confiance en la présence d’un Père qui veille fidèlement sur nous. À l’appel de l’Apôtre Paul, cherchons la perfection, c’est-à-dire aimons grâce à la force de l’Esprit-Saint.

C’est cela, la Trinité.

 

+ Didier BERTHET
Évêque de Saint-Dié


 

Samedi 15 août 2020

Fête de l'Assomption de la Vierge Marie – «Heureuse la mère qui t’a porté en elle ! » (Luc 11, 27-28)
 

LA FIDÉLITÉ DANS L’EFFACEMENT

Dans l’Évangile de ce dimanche (Lc 1, 39-56), deux femmes se réjouissent du don qui leur est fait : l’enfant que chacune d’elle porte en son sein. Ce don inespéré, fruit de la miséricorde de Dieu, Marie et Elisabeth l’ont accueilli dans la reconnaissance et dans la disponibilité, l’une dans sa virginité et l’autre dans sa vieillesse. La joie de ces deux femmes culmine dans le Magnificat de Marie ; elle ose chanter un Dieu qui se plaît à renverser les logiques mondaines, Lui qui élève et comble ceux qui ne possèdent rien, tandis qu’il renvoie les riches les mains vides.

Pour Marie, son Fils Jésus ne fut ni un projet ni un objet, mais un don et une responsabilité qu’elle a accueillis dans la disponibilité de l’amour. Associée à la paternité de Joseph, elle a fait grandir Jésus et l’a accompagné jusqu’au bout, dans un radical pèlerinage de la foi qui fut ponctué de bien des épreuves. D’autant plus fidèle à Jésus qu’elle s’est effacée devant son Mystère, Marie ne pouvait pas en être séparée ; elle a ainsi partagé la gloire de son Fils ressuscité dès la fin de son pèlerinage terrestre. Le Mystère de l’Assomption est un Mystère de dépossession.

Au cœur de cet été, un projet de loi bioéthique a encore progressé, visant à étendre indûment le « droit à l’enfant » à toute personne et toute situation de vie, refusant de reconnaître le droit de l’enfant à une juste filiation. En ce jour de l’Assomption, nous prions avec toute l’Église de France pour que chaque enfant ne soit pas d’abord considéré comme un projet ou  un objet de désir illimité, mais comme un don à accueillir dans la reconnaissance, à accompagner dans la fidélité d’un amour maternel et paternel  qui est effacement.
Que Marie de l’Assomption nous obtienne toujours d’aimer sans posséder, car Dieu élève les humbles, mais renvoie les riches les mains vides !

 

+ Didier BERTHET
Évêque de Saint-Dié

 


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