« Reste un peu »

Le nouveau film de Gad Elmaleh, Reste un peu, peut surprendre, interpeller, et cela quelle que soit l’orientation religieuse de chacun. Chrétien ou pas, on ne peut qu’être séduit, car le sujet traité par cet humoriste ne ressemble pas à une confession sous le manteau, mais reflète le désir d’une joie teintée de valeurs partagées.
Dans une interview à Ouest France, l’acteur-réalisateur qui a dirigé ses propres parents pour son long métrage explique qu’il aimerait provoquer le débat. 

Né au Maroc, au sein de la commu- nauté juive, le gamin de Casablanca n’avait, tout comme les musulmans, pas le droit de rentrer dans une église considérée chez lui comme un lieu de péché et d’idolâtrie. « Quand tu as 5, 6 ou 7 ans, et qu’on te dit “ne rentre pas là-bas”, t’as qu’une idée en tête et qu’une envie : c’est de rentrer dans cet immeuble, dans ce bâtiment blanc avec une croix sur le dessus ! »  Ce qui devait arriver arriva. L’enfant poussa la porte et ne comprit pas l’interdiction. « J’ai trouvé quelque chose de très doux. Il y avait un grand rayon de soleil qui traversait des fenêtres colorées, une bonne odeur, des bougies...»   
Le film raconte donc l’histoire de ce petit de 6 ans qui fut ébloui par la représentation de Marie. Contrairement à la fillette qui l’accompagnait sans manifester aucune émotion, Gad ressentit un choc si puissant qu’il en pleura.

Reste un peu conte le cheminement de cette découverte. « J’avais envie de parler de religion, j’ai l’impression qu’en France, toutes les discussions qui tournent autour de la religion créent des crispations... C’est tendu, c’est tabou. Soit on en parle parce qu’il y a eu une tragédie et on fait un coup d’œcuménisme que je trouve parfois un peu naïf, un peu binaire. Soit on associe religion à des dérives, cela quelle que soit la communauté en France. J’apprends à mes enfants qu’il y a des musulmans, des juifs, des protestants, des catholiques, des bouddhistes... Dans chaque religion, il a différentes branches. Il faut se parler... »

Gad Elmaleh estime dommageable l’interdiction d’entrer dans un lieu de culte différent. « La fraternité commence par : je viens vers toi, je viens chez toi! On peut visiter un endroit sans oublier ses origines et se renier! »   Il évoque ces peurs qui obstruent les cœurs en produisant des fantasmes et des tensions. Reste un peu envoie un message de fraternité, d’espoir. Inattendu, ce film intimiste invite à la réflexion. Son auteur qui reçut une éducation talmudique livre son questionnement sur la foi. La Vierge Marie l’émeut. Un pèlerinage à Lourdes, des cours de théologie chez les Bernardins à Paris, des retraites dans des monastères ont fortifié son parcours. Considérant le message catholique beau et universel, l’homme en recherche de spiritualité a envisagé le baptême.

Tout au long d’une comédie, Reste un peu nous livre cette histoire avec humour et tendresse.

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Josée TOMASI-HOUILLON
Église dans les Vosges – Décembre 2022