Chères Paroissiennes, chers paroissiens du "Net"
J’ai le plaisir de vous transmettre l'homélie de l'abbé Paul NAZOTIN, nous expliquant le sens de la fête de la Sainte Trinité.
Merci Père.
Dieu bénisse.
Abbé Éric TRAORE.
Paroisse N.D du Val de Meurthe
20, rue de l'Église
88230/ Fraize
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France
St Trinité 16 juin 19, Nancy, P. Nazotin
Dimanche de la Trinité 2019
Le mystère de la Trinité est le mystère le plus grand et le plus important de notre foi chrétienne car tous les autres mystères découlent de lui. Mais il est aussi, le mystère le plus difficile à expliquer et à comprendre.
Lors de sa première visite en Amérique Latine (Mexique), le Pape Jean-Paul II a fait une catéchèse au cours de laquelle il a donné une définition de la Trinité, restée célèbre. Il disait ceci : « Notre Dieu dans son mystère le plus intime n’est pas une solitude mais une famille puisqu’il porte en lui la paternité, la filiation et l’essence de la famille qu’est l’amour. Cet amour dans la famille divine est l’Esprit Saint ». J’ai eu connaissance de ce texte de Jean-Paul II en écoutant une conférence de Scott Hahn (un pasteur américain protestant devenu catholique par la suite) qui apprend, en lisant les journaux, que le Pape s’est risqué à parler aux gens de la Trinité. Il s’est dit : « Il rêve, ce pape ! La Trinité c’est trop compliqué pour les gens ordinaires. Que vont-ils y comprendre ? ». Toutefois, après avoir lu le texte du pape, S. Hahn raconte qu’il a compris là où le pape voulait en venir. C’est précisément de cela que je voudrais parler. Où voulait en venir le pape, ou veut-on en venir quand nous parlons de Trinité ? Qu’est-ce que ça change pour nous que Dieu soit en lui-même 1, 2, 3 ou 5 ?
Dire que Dieu est Trinité (Père, Fils et Saint-Esprit), c’est dire que Dieu dans son mystère le plus intime, se trouve être fondamentalement relationnel, perpétuelle donation de lui-même au Fils dans l’Esprit Saint, éternel mouvement d’amour vers l’Autre. Le texte du livre des Proverbes entendu dans la première lecture est une annonce (certes, imparfaite mais une annonce toute de même) de l’Ancien Testament, de ce mystère de Dieu. L’idée du pape, c’est que notre Dieu, quand il est scruté à la loupe, une loupe appelée Jésus-Christ, se révèle être une perpétuelle donation amoureuse de lui-même à autrui. Or, c’est précisément ce même Dieu qui nous a créés à son image et à sa ressemblance (cf. Gn 1,16). Ce n’est donc pas étonnant que nous soyons nous aussi, au plus intime de nous-mêmes, de perpétuels assoiffés d’amour, irrésistiblement propulsés vers les autres, avec dans nos trippes ce besoin irrépressible d’aimer, d’entrer en relation, d’épouser, de fonder famille. L’homme vit plus d’amour que d’autre chose. Ceci explique cela. « Tel père tel fils ». Jean-Paul II arrive ainsi à faire voir que la Trinité n’est pas une pure et simple abstraction mais que, quand on commence à comprendre Dieu en profondeur, on commence à comprendre l’homme en profondeur. Mieux connaître Dieu, c’est mieux connaître l’homme. La Trinité devient le point de départ d’une anthropologie (une manière de comprendre l’homme) qui permet de comprendre l’homme dans ce qu’il est au plus intime.
De fait, il s’est passé qu’entre temps, à Eden, nous dit le récit imagé de la création en Gn, nous avons perdu notre capacité d’aimer avec l’amour trinitaire « d’origine ». Nous avons perdu cette capacité d’aimer sans que notre égo ne prenne le dessus. La bonne nouvelle, toutefois, c’est qu’en Jésus-Christ, « l’amour de Dieu a été répandu en nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné ». C’est ce que nous dit St Paul dans la deuxième lecture.
Jésus a parlé de la Trinité à la manière juive c'est-à-dire de façon non spéculative. À plusieurs reprises dans son enseignement, Jésus montre que, lui, existait avant la création, qu’il était auprès de Dieu qu’il appelle son Père, et donc uni mais distinct de lui (cf. Jn 1,1). L’évangile d’aujourd’hui, d’une manière qui peut passer inaperçue, nous parle des trois personnes de la Trinité : « Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira ». L’Esprit Saint se perçoit ici comme une personne différente du Père et différente de Jésus. Puis, Jésus continue : « Tout ce que possède le Père est à moi ». En quelques versets, il nous a parlé du Père, du Fils et du Saint Esprit. Jésus laisse voir clairement que l’Esprit Saint donnera à ses apôtres d’entrer plus en profondeur dans le mystère de Dieu. Dans les Actes des apôtres, quand éclate la crise sur la circoncision, les apôtres tiennent une « assemblée générale » à Jérusalem où est venue les consulter la délégation des chrétiens d’Antioche. Ils écrivent une lettre à l’Église d’Antioche dans laquelle ils stipulent : « L’Esprit et nous avons décidé de… ». On voit, à travers cette affirmation courageuse, que l’homme est désormais un partenaire de l’Esprit Saint. Il entre en communion avec lui, pour être en communion avec le Père et le Fils. De fait, c’est pour cela que Jésus est venu. Il est venu pour que nous ayons la vie, c'est-à-dire que nous prenions part à la vie divine qu’offre la Trinité. C’est pour avoir part à cette vie de la Trinité que nous avons été baptisés. Nous l’avons été au nom du Père et du Fils de du Saint-Esprit, c'est-à-dire que nous été intégrés à l’intérieur de la Trinité, consacrés à elle. Nous pouvons, de nouveau, aimer de l’amour de la Trinité, un amour qui vient de Dieu et non de notre égo. C’est de cet amour dont parle Paul quand il écrit : « l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné ». Cet amour, c’est la vie qui circule entre les trois personnes de la Trinité. La spécificité de cette vie est le don de soi-même à l’autre, de façon gratuite. Le Christ résume magnifiquement la logique de cet amour à Gethsémani : « Père, s’il est possible, que cette coupe s’éloigne de moi. Cependant, non pas comme je veux, mais comme tu veux ». Parce que nous avons été rendus participants de la vie divine par le baptême ainsi que le dit St Pierre, Jésus nous appelle constamment est un amour du don de soi aux autres. Cet amour, il l’a répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. La caractéristique principale de l’amour trinitaire qui a été répandus dans nos cœurs, c’est donc le don de soi aux autres. C’est pour nourrir cet amour en nous que le Christ nous offre l’Eucharistie. Dans la logique de cet amour, l’autre vient avant moi. Cet amour me suggère en permanence d’exister pour les autres. À chaque fois que nous sommes capables de sacrifice pour les autres, c’est un pas de fait dans cet amour, c'est-à-dire un pas de plus dans la vie trinitaire. C’est un pas de fait dans la sainteté que Jésus appelle dans l’évangile d’aujourd'hui, « la vérité tout entière » : « l’Esprit de vérité vous conduira dans la vérité tout entière ». En un sens, l’Esprit nous conduira toujours plus en profondeur dans l’Eucharistie pour que nous soyons toujours plus eucharistiques.
St Trinité 16 juin 19, Nancy, P. Nazotin