Bien chères paroissiennes, bien chers paroissiens du « Net »
Nous voici entrainés depuis mercredi dernier (mercredi des cendres) à la suite du Christ au désert (lieu propice de rencontre de Dieu et de soi) pour lutter contre nos mauvais penchants, contre le mal et le prince de ce monde qui œuvre à nous éloigner de Dieu et du prochain.
Quarante jours durant nous allons, aidés de la Parole de Dieu, du Jeûne et du Partage essayer d’aller ou de retourner à la source même.
À la rencontre de Dieu et de nous-même en nous dépouillant du superflu.
Nous entamons ensemble et individuellement un processus de conversion spirituelle.
Une chance à saisir.
Merci à l’abbé Mathias de nous expliquer le sens de cette démarche spirituelle au désert. « Les yeux fixés sur Jésus-Christ, entrons dans le combat de Dieu ».
Bon, saint et fructueux temps de carême à tous.
« Ir adelante siempré ! »
Dieu bénisse !
Abbé Éric TRAORE.
Paroisse N.D du Val de Meurthe
20, rue de l'Église
88230/ Fraize
Tel :+33 3 29 50 30 50 / +33 7 53398792
France
HOMÉLIE DU 1er DIMANCHE DE CARÊME B : 21 février 2021
Gn 9,8-15 ; Ps 24 ; 1P 3,18-22 ; Mc 1,12-15
Frères et sœurs dans le Christ, depuis le mercredi dernier, nous sommes entrés dans ce temps fort qu’est le carême. Et en ce premier dimanche nous sommes invités à redécouvrir le sens de ce temps fort à travers le séjour de Jésus au désert. Quarante jours passés dans la solitude et le silence du désert de Juda pour faire taire en soi les innombrables voix qui parlent à la surface de l’homme et pour aiguiser l’oreille du cœur afin qu’elle soit affinée pour écouter la Parole du Père. Quarante jours de mise à l’épreuve pour amener Jésus au choix, librement consenti, d’entrer dans une autre volonté́ que la sienne. La volonté́ du Père. Quarante jours pour se ressourcer, pour faire Un avec le Père dans l’Esprit afin de mener à bien sa mission, cette mission qui va le conduire jusqu’au sacrifice suprême, le don de sa vie sur une croix pour notre salut. Ces quarante jours ont été́ utiles à Jésus pour avoir cette force intérieure afin de supporter plus tard l’hostilité́ des responsables juifs, le rejet des gens de Nazareth, les hésitations de ses propres disciples, le reniement de Pierre, la trahison de Juda, l’abandon de ses compagnons de route, la passion et la mort sur cette croix.
Frères et sœurs, le désert, en effet, est un lieu de mise à nu, de retour sur soi-même, de ressourcement et de guérison intérieure. Le désert peut prendre des formes différentes. Il peut être un lieu retiré où il devient possible d’entendre ses voix intérieures. Le désert est l’endroit qui nous permet de diminuer le volume des bruits discordants qui nous agressent. C’est l’environnement qui nous met en position d’écoute, de veille et d’attente. L’expérience du désert révèle le fond du cœur de celui qui accepte de s’y enfoncer et d’y séjourner. En s’y enfonçant, Jésus nous invite à̀ le suivre et à séjourner avec lui au désert, pour nous interroger sur nous-mêmes et sur nos aspirations profondes, sur le but que nous poursuivons, sur le sens que nous donnons à notre existence, sur nos doutes, nos peurs mais aussi sur nos joies.
Habituellement, frères et sœurs, on ne s’installe pas dans le désert, on le traverse. Le Carême nous mène vers Pâques. C’est aussi une traversée. Nous avons quarante jours pour faire cette traversée de notre désert intérieur, en nous laissant dépouiller de nos sécurités, de nos conditionnements, de nos aises, de nos petites habitudes qui rétrécissent ou obstruent si souvent nos horizons. N’ayons pas peur d’entrer dans ce désert tel que nous sommes pour être conduit à̀ l’essentiel : la Présence réelle d’un Dieu non imaginé, non préfabriqué́ à notre convenance. N’ayons pas peur de nous sentir si fragile et si vulnérable durant cette traversée. C’est justement cela, le but du carême, savoir reconnaitre la grandeur de Dieu qui vient à notre secours. Durant cette traversée de notre désert intérieur nous avons à̀ prendre appui sur la Parole de Dieu et la laisser nous guider. « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » nous dit le Christ dans l’Évangile que nous venons d’entendre. Le désert est justement ce lieu de conversion et d’attachement au Christ.
C’est avec le Christ que l’Esprit nous entraine au désert pour que nos oreilles retrouvent leur capacité́ d’écoute, pour que nos cœurs retrouvent leur capacité́ d’aimer, pour que notre vie tout entière retrouve sa capacité́ à se donner. Le Dieu véritable nous y attend. Quelque soit le désert que nous traversons ou que nous subissons, nous devons savoir que nous ne sommes jamais seuls. C’est avec l’Esprit Saint que Jésus fut conduit au désert, il n’était pas seul dans son combat contre le diable et ses tentations. Si, durant ce Carême, nous nous laissons guider par l’Esprit dans un certain silence intérieur, nous découvrirons qu’en réalité́ nous ne sommes jamais seuls dans notre combat.
Mais en réalité́, frères et sœurs, l’inévitable combat n’est pas d’abord contre un diable extérieur à nous-mêmes, que l’on pourrait dompter par des pratiques ascétiques ou des exorcismes. Le combat du Carême, à la suite de Jésus, c’est d’abord une lutte contre les fausses images que nous nous faisons de nous-mêmes, des autres et surtout de Dieu. Il s’agit plus de vivre un corps à corps et même un cœur à cœur avec Dieu, à la manière de Jacob (Gn32, 25-30) dans notre désert.
En ce temps du Carême, laissons-nous conduire avec Jésus au désert, laissons Dieu parler à nos cœurs pour que nous soyons en paix avec nous-mêmes, avec les autres et avec Dieu.
Père Mathias Aboidjé,
Épinal (Vosges)