L'édito de Mgr Berthet

 

AUX SAINTS ANONYMES QUI CHANGENT LA VIE

Pour l'été si nous prenions le temps d'un détour au sanctuaire de Domremy ? L'occasion de faire mémoire de l'incroyable épopée de Sainte Jeanne d'Arc en nous inspirant de sa vie et de son témoignage : « Quand la sainteté fait l'histoire ».

Ensemble, posons-nous cette question : sommes-nous autorisés à envisager une sainteté possible qui ne soit pas consciemment chrétienne ou même religieuse ?

Je le crois profondément, non point à titre de vœu, mais bien par l'expérience. Je crois de tout mon cœur que l'Église n'enferme pas la sainteté dans les limites de son territoire et de ses fidèles, car elle se souvient des paroles mêmes de Jésus selon lesquelles l'Esprit souffle où il veut. Le Concile Vatican II, lui encore, osera affirmer que tout homme a la possibilité d'être associé par l'Esprit saint au Mystère pascal du Christ, c'est-à-dire à la sanctification et au salut, d'une manière que Dieu seul connait.

Mais plus encore que la doctrine, c'est ici l'expérience qui doit nous instruire. Nous savons et nous croisons heureusement l'existence de ces hommes et de ces femmes, souvent bien anonymes, qui font tout simplement honneur à leur humanité. Ils savent d'instinct que la personne et la société ne peuvent se construire sur le cynisme, le désabusement, l'opportunisme, la fausse sagesse du « chacun pour soi », du « toujours plus » ou du « tout et tout de suite ». Ils ont le cœur assez libre pour demander en tout le respect de la personne humaine, et particulièrement des plus fragiles, pour s'intéresser encore au bien commun, pour rechercher la justice et la paix. À leur très humble mesure, ils veulent bâtir et non déconstruire, servir et non régner sur leur pré carré ; ils savent aussi que rien de beau et de grand ne peut se faire sans renoncement, sans sacrifice, sans abnégation, et que cela peut être la source d'une joie authentique que personne ne pourra leur ravir. Ils ne sont pas sous les feux de la rampe et ne défrayent que rarement la chronique, mais ils sèment et partagent jour après jour leur espérance tenace, leur amour actif et souvent inventif. Ces saints anonymes, nous les rencontrons dans les bureaux et les ateliers, dans leurs familles, au chevet des malades ou des personnes âgées, à l'écoute de victimes ou d'enfants désemparés; nous pouvons les trouver en tous lieux, activités et circonstances. Ils nous apprennent à secouer le joug triste et pesant de l'individualisme et du consumérisme. Ils savent abaisser les barrières de la peur ; ils refusent le communautarisme pernicieux ou toute forme de tribalisme qui isole et méprise, et qui sape la possibilité d'une Cité commune. Eux aussi, comme Jeanne d'Arc, sont pleinement engagés dans l'histoire de leur temps et de leur patrie ; et comme elle, même si c'est de manière moins éclatante, ils la tissent patiemment et l'élèvent à hauteur d'homme, si ce n'est à la hauteur des Cieux.

Ces hommes et ces femmes, nous les croisons et nous les respectons, et peut-être pouvons-nous prétendre être des leurs, parfois, par la droiture et l'engagement de nos vies.

Je suis convaincu que d'innombrables cœurs droits et généreux découvriront un jour, c'est-à-dire au dernier jour, comme Sainte Jeanne d'Arc, que là où ils sont passés, Dieu est passé avec eux.

 

+ Didier Berthet
Évêque de Saint-Dié

Édito extrait du panégyrique de Jeanne d'Arc « Quand la Sainteté fait l'histoire » de Mgr Didier Berthet,
prononcé en la cathédrale Notre-Dame de Rouen le samedi 20 mai 2023, à l'occasion des fêtes johanniques

Lire la totalité du panégyrique

 

 

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