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Retour sur la Rentrée diocésaine 2020

27 septembre 2020

Le samedi 27 septembre 2020, la rentrée diocésaine s'est déroulée en visioconférence depuis Épinal, Mirecourt, Remiremont, Saint-Amé, Autrey et Saint-Dié avec 220 inscrits des communautés de tout le diocèse. Journée ouverte par Mgr Didier Berthet avec son message pastoral de rentrée « À l'épreuve de l'avenir », le thème de la session de rentrée était « Espaces communautaires et horizon missionnaire » ! Dans une démarche synodale, l'ensemble des participants ont échangé sur la mission à la lumière de l'Évangile selon saint Luc (10, 1-12) et le discernement sur la mission au sein de nos communautés locales. Ils ont pu aussi discuter à la lumière d'une intervention du Père Olivier Bourion et du témoignage du Père François Vuillemin. 
 


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Rentrée diocésaine 2020

 

Vents d'ici #4 – Rentrée diocésaine 2020 en vidéo

 


Le message pastoral de Mgr Berthet – « À l'épreuve de l'avenir »

À télécharger : ici

À L'ÉPREUVE DE L'AVENIR
Crise sanitaire et discernement ecclésial

Chers frères et sœurs, alors que nous abordons une rentrée encore pleine d’incertitudes, nous restons profondément marqués par l’épreuve inédite que nous a imposée la pandémie planétaire de la Covid-19. La fin du confinement drastique subi au printemps dernier n’a pas entraîné un simple retour à la normale. D’une part, un certain nombre de contraintes pèsent encore sur l’ensemble de nos activités civiles ou ecclésiales, et la menace sanitaire est loin d’être aujourd’hui totalement écartée.
Mais surtout, nous pressentons que des dimensions importantes de la vie de la société et de l’Église ont été durablement affectées ou remises en cause. Ainsi l’onde de choc de cette crise a toute chance de nous accompagner et de nous interroger pour longtemps encore.

De là cette relecture nécessaire que beaucoup ont déjà entreprise, et qui vise à faire mémoire de ce que nous avons vécu pour envisager plus clairement l’avenir qui s’ouvre devant nous. Ainsi, dès la fin du premier confinement, notre Église diocésaine a proposé aux communautés et mouvements d’ouvrir trois livres :
– le Livre des épreuves, car elles furent nombreuses à affecter de multiples dimensions de notre vie personnelle et sociale, et de notre foi vécue en Église ; 
– le Livre des merveilles, car de nombreuses occasions de mobilisation et de créativité fraternelle se sont fait jour dans les moments les plus drastiques de la crise sanitaire ;
– le Livre de l’avenir, car toute relecture, pour porter du fruit, doit proposer des points d’attention et de conversion, des chantiers à ouvrir et des perspectives à renouveler.

Cette relecture doit se poursuivre et accompagner notre rentrée pastorale. C’est pourquoi il m’a semblé qu’un message pastoral, fruit de nombreux échanges et de ma propre réflexion, pourrait aider ce travail diocésain qui doit se prolonger.
 

UNE ÉPREUVE INÉDITE

Une société traumatisée

La Covid-19 a surpris de plein fouet notre société. Nous avons été brutalement saisis et paralysés dans bien des dimensions fondamentales de notre vie quotidienne : la santé, le travail, la liberté même d’aller et venir. Ce carcan drastique, qui nous a été imposé pour parer d’urgence à la crise sanitaire, a renversé pour un moment les ressorts de notre société fondée sur le progrès, la sécurité, le mouvement et l’échange. Déjà si fragile en temps normal, le lien social sous toutes ses formes a été brusquement remis en cause, même si beaucoup de relations ont pu être maintenues grâce aux moyens de communication et aux réseaux sociaux. Alors que nous sommes habitués à planifier et maîtriser bien des choses, la plupart de nos projets, des plus modestes aux plus élaborés, ont soudain volé en éclat : en bien des domaines, nous avons été cruellement ramenés à l’impuissance.

Plus profondément encore que ces contraintes inédites, la menace concrète et multiforme du virus a produit une angoisse sociétale largement attisée par l’ensemble des moyens d’information. Les premiers foyers et les décès en chaîne nous ont brutalement confrontés à la possibilité de la mort, cette perspective à laquelle l’homme moderne n’aime pas trop s’attarder dans le mouvement habituel de ses occupations et de ses projets. Cependant, dans l’urgence sanitaire, les grandes questions du sens de la vie et de la mort ont été largement éludées au profit d’une réponse essentiellement technique. Menacés en premier par la maladie, nos aînés (notamment en Ehpad) ont été encore plus sévèrement confinés, privés de la joie des visites qui donnaient encore sens à leur vie ; la privation de ces liens humains a même pu hâter la fin de certains d’entre eux, morts « par glissement » comme on dit aujourd’hui.

Devant cette crise sanitaire qui est aussi une crise de l’existence et de son sens, notre société s’est révélée profondément sécularisée. Dans l’ensemble des lieux de soin, on s’est ainsi autorisé à écarter les personnels « non essentiels » au rang desquels figuraient les membres des aumôneries. En ne considérant que la vie biologique à conserver, on s’est permis d’éluder les dimensions d’intériorité et de communion, la dynamique humaine et spirituelle qui se trouve pourtant au cœur de toute existence.

Une onde de choc durable

La sévérité du premier confinement et l’actualité toujours menaçante de la crise sanitaire nous promettent une onde de choc qui aura un long retentissement.
La brutale paralysie économique et la longue convalescence qui s’annonce affectent déjà le monde du travail qui était déjà bien précaire. Une crise de l’emploi d’une ampleur inédite va encore fragiliser notre société et les perspectives d’insertion qu’elle peut offrir, notamment aux plus jeunes générations.
De même, les plans massifs de soutien et de relance de l’activité vont aggraver profondément et pour longtemps l’endettement de notre pays qui était déjà bien préoccupant. Sans remettre en cause les choix qui ont été faits, on doit cependant rappeler que la dette est toujours le signe qu’une société protège son présent en hypothéquant son avenir.

La question des rapports entre générations est donc posée de manière encore plus aiguë. Ainsi, la protection sanitaire absolument prioritaire des plus anciens, par la paralysie drastique qu’elle nous a imposée, a fortement perturbé la scolarisation, la formation supérieure et l’entrée des jeunes sur le marché du travail. Une société s’honore du soin qu’elle prend de ses aînés, mais sans renoncer à donner le meilleur d’elle-même à ses plus jeunes générations.

Le confinement sanitaire a aussi manifesté de manière plus aiguë les inégalités sociales et même culturelles qui traversent notre société. Nous le savons, les conditions pour le vivre ont été bien diverses selon les situations familiales, les conditions de logement, de revenu, d’autonomie et d’insertion sociale. La crise du coronavirus nous exprime avec un relief particulier le grand chantier de la cohésion sociale qui représente plus que jamais un défi majeur.

Enfin, au-delà de la crise actuelle, nous courons le risque que notre société s’installe durablement dans un régime de précaution sanitaire plus ou moins universelle. Nous pouvons alors pressentir le risque que des normes nouvelles viennent contraindre pour longtemps notre manière de vivre l’espace public, la rencontre, la collaboration, la célébration.
Sur ce domaine comme en d’autres, l’onde de choc de la Covid-19 nous laisse bien des incertitudes et des inquiétudes.

L'église bousculée

Cette épreuve de toute une société n’a pas manqué d’affecter profondément la vie de notre Église, sur le terrain très concret de sa vie et de sa mission.
Dans l’impossibilité de vivre le rassemblement eucharistique pendant de longues semaines, nous avons été privés de ce qui constitue le cœur de la vie chrétienne. Nous garderons longtemps le souvenir de cette semaine sainte 2020 et de ces messes dominicales vécues dans la dispersion, dans la seule communion que nous permettaient encore les moyens de communication et les réseaux sociaux.
De nombreuses familles ont aussi vécu bien cruellement l’impossibilité du rassemblement funéraire ; leur deuil a été d’autant plus sévère qu’il lui a manqué ces dimensions rituelles et communautaires qui permettent habituellement de « faire corps » lors du départ en Dieu de ceux que nous aimons.

Outre le culte public, bien d’autres activités pastorales ont encore souffert du confinement sanitaire, à commencer par la transmission de la foi aux plus jeunes, catéchèse et aumôneries. De même, la possibilité d’exercer le service évangélique des malades s’est presque toujours heurtée aux portes fermées des établissements de soins, voire des domiciles particuliers.
Plus ponctuellement, nous avons dû renoncer à de beaux rendez-vous pastoraux comme le rassemblement de Domrémy autour de sainte Jeanne d’Arc, proclamée sainte depuis cent ans, mais aussi l’école de prière pour les enfants et les jeunes si bien inaugurée l’année dernière, sans parler du pèlerinage à Lourdes transformé cependant en une remarquable semaine « Lourdes au cœur des Vosges ».

Enfin, comme bien d’autres institutions, notre Église a été aussi affectée dans sa vie matérielle avec une baisse violente de ses ressources courantes, quêtes liées au culte et contribution au denier de l’Église.

Cependant, l’épreuve multiforme que nous avons subie s’est aussi transformée en défi que beaucoup ont relevé avec courage et créativité; à ce titre, elle est aussi une source d’inspiration pour l’avenir.

 

LES DÉFIS ET L’AVENIR

Citoyens mais témoins

La crise sanitaire a demandé à tous les citoyens de se conformer avec sérieux aux mesures dictées par les autorités publiques en vertu de leur responsabilité pour le bien commun. L’Église catholique n’a pas fait exception: à tous les niveaux, national et local, elle a maintenu un dialogue confiant et soutenu avec la République. À des moments de plus grande tension, l’épiscopat a refusé de s’engager dans un contentieux avec le gouvernement, tout en manifestant son désir d’être davantage entendu.

Cette loyauté citoyenne ne doit pas nous empêcher d’être des témoins d’une autre dimension de l’homme et du monde, dans une société très technique, marchande et sécularisée. Au-delà de la sphère physiologique et matérielle, la personne humaine a soif de sens et de communion ; elle porte en elle une dimension spirituelle qu’on ne peut nier ou même négliger, même dans l’urgence sanitaire. Cette dimension essentielle, les baptisés doivent être au premier rang pour la vivre, mais aussi la soutenir chez d’autres, et peut-être la défendre. Nous voulons être plus que jamais engagés dans le Service évangélique des malades et des personnes âgées ou fragiles, notamment celles qui vivent dans des institutions de soin. Auprès de ceux qui souffrent et veulent encore librement croire, espérer et prier, notre présence doit se faire toujours plus fidèle et frapper avec détermination aux portes qu’on voudrait nous fermer.

Au cours du confinement, de nombreux chrétiens, avec d’autres, ont déployé une grande ingéniosité pour rester proches et actifs auprès des personnes en précarité qu’ils accompagnaient. L’onde de choc du virus nous invite à être plus que jamais témoins de la charité, résolument présents à tous les types de fractures sociales, attentifs à ce que tous puissent avoir sur notre sol une vie digne et humaine. Cette épreuve durable doit renouveler nos mouvements et paroisses dans une solidarité toujours plus active et inventive; le Seigneur nous attend là aussi pour qu’un témoignage crédible soit rendu à son Évangile.

La parole en partage

Pendant de longues semaines, l’absence de rassemblement eucharistique nous a ramenés à un trésor toujours disponible et souvent négligé : la parole de Dieu. Grâce aux moyens de communication, nous avons pu rejoindre de nombreux fidèles chez eux et leur offrir cette Parole comme un aliment quotidien. De nombreux acteurs de notre diocèse (prêtres, diacres, consacrés et laïcs) se sont relayés pour commenter l’évangile de chaque jour. Une magnifique mobilisation diocésaine a permis à beaucoup, certainement, d’expérimenter davantage la richesse de la parole de Dieu, d’y trouver la présence même du Seigneur, la source de leur foi et de leur prière. Dans cette Lectio divina largement partagée, beaucoup ont pu approfondir à la fois leur vie intérieure personnelle et une vraie communion spirituelle en Église.
Cette expérience doit certainement nous inspirer pour l’avenir. Nous devrons travailler à renouveler la vie de nos communautés chrétiennes en la fondant davantage sur le dynamisme de la parole de Dieu lue, priée, étudiée et partagée.

L'Église à la maison

De manière inédite, le confinement sanitaire nous a renvoyés à la possibilité, et même à la nécessité de vivre l’Église à la maison en l’absence de rassemblement possible. Trop souvent nous identifions un chrétien fidèle à « celui qui va à l’église ». Mais nos foyers domestiques peuvent être aussi ces sanctuaires où la foi est transmise, partagée et même célébrée. Sans négliger la grâce première et la nécessité du rassemblement communautaire, notre Église doit soutenir avec créativité la petite Église domestique que constitue chacun de nos foyers.
Au cours du confinement sanitaire, notre service de catéchèse, accompagné par la communication diocésaine, a déployé une belle créativité pour aider les familles à soutenir les enfants dans leur découverte de la foi. Ceci nous inspire aussi pour l’avenir ; nous sommes décidés à associer toujours davantage les familles à la transmission de la foi aux plus jeunes, à l’église comme à la maison. Nos paroisses devraient ainsi devenir de plus en plus des « communautés de communautés », où la vie de l’Église serait vraiment démultipliée, présente et agissante dans le rayonnement de nos foyers.

La joie de l’Évangile

Il y a dans chaque épreuve ce qui passe et ce qui reste. Dieu sait mieux que nous les blessures que la crise sanitaire nous aura infligées, les faiblesses et les défaillances qu’elle aura rencontrées, mais aussi ce qu’elle aura libéré de courage, de fidélité et de créativité, dans la société comme dans l’Église. Mais la mémoire vivante de ces évènements nous inspire pour continuer notre chemin de conversion évangélique et pastorale. Outre la transmission de la foi aux jeunes générations, qui reste une priorité. Nous sentons plus que jamais la nécessité de travailler à renouveler nos communautés chrétiennes pour qu’elles deviennent plus fraternelles, missionnaires et appelantes. C’est le grand programme de La joie de l’Évangile (Evangelii Gaudium), que le pape François a proposé à toute l’Église. C’est le grand travail que notre diocèse se donnera dans les années à venir, avec la grâce de Dieu.

Envoi

Notre rentrée pastorale sera marquée par une session diocésaine d’un genre inédit : le 26 septembre prochain, nous vivrons une journée délocalisée en sept lieux ou « espaces communautaires » du diocèse. Avec les principaux acteurs pastoraux, nous ouvrirons le Livre de l’avenir sur le thème : « Espaces communautaires et horizon missionnaire ».

Renouveler la vie de nos communautés pour redéployer la mission de l’Église aujourd’hui, c’est bien le travail de fond qu’il nous faut reprendre, dans une vraie relecture des signes des temps et la liberté que nous donne l’Esprit saint. Ce sera l’objet de nouvelles « Assises diocésaines », démarche synodale que nous prévoyons de vivre au cours de l’année pastorale 2021-2022 ; avec la grâce de Dieu !

 

+ Didier Berthet
Évêque de Saint Dié
Message pastoral – Septembre 2020 

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